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AU-DELÀ DE L’INDIGNATION

jeudi 22 novembre 2012, par Journal de la Corse

L’édito d’Aimé Pietri

L’assassinat d’Antoine Sollacaro et, quelques jours plus tard, celui de Jacques Nacer ont soulevé à travers la Corse colère et indignation. Et motivé la venue de deux ministres qui se sont appliqués à définir l’état de droit et indiquer comment le mettre en oeuvre. Avant eux, les élus ont donné de la voix afin de faire monter la pression dans toutes les couches de la société et alimenter les propos de comptoir. Tout en se donnant bonne conscience et Dieux sait s’il en faut pour faire front aux critiques dont le bon peuple n’a pas été avare. Comme si les élus étaient responsables des multiples bains de sang dans lesquelles patauge une opinion publique désemparée et des gouvernants quelque peu perplexes. Sauf un, une plutôt, qui a appelé à la mobilisation générale des Corses afin de mettre un terme aux tueries. Mais une telle mobilisation décrétée du haut d’une tribune officielle est-elle applicable et dans quelles conditions ? Car la déclaration de guerre qui semblait filtrer à travers les déclarations ministérielles n’a été suivie pour l’instant d’aucune application. Il est certes difficile d’opérer dans l’urgence et il faudra du temps afin d’ajuster les tirs qui pourraient donner matière à satisfaction. En attendant on pourrait commencer par donner à la population quelques leçons de civisme qui aideraient, peut-être à délier les langues afin d’ouvrir aux enquêteurs des pistes intéressantes. Oui, mais ce serait faire mentir le dicton « Acqua in bocca » derrière lequel l’écrasante majorité des insulaires s’est, de tout temps, réfugiée. Pour ne pas, sans doute, ajouter du sang au sang. Cependant, dans d’autres pays, l’aide que le citoyen apporte à la police ou à la gendarmerie donne des résultats extraordinaires et fait reculer le crime au point que dans des villes importantes l’assassinat relève de l’exception. Tout comme un certain nombre de délits que l’on a tendance à passer, ici, par profits et pertes. Aussi, sans faire l’apologie de la délation, n’est-il pas tout autant condamnable de laisser l’Etat porter l’entière responsabilité des règlements de comptes dont la Corse souffre depuis trop longtemps que d’appuyer, par un silence complice, les disciples de l’omertà ?

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