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Au chevet de l’hôpital public

jeudi 20 octobre 2011, par Journal de la Corse

Les conflits se multiplient avec l’Agence régionale de santé, accusée de ne pas respecter le protocole d’accord prévoyant, a minima, le maintien d’un taux dit directeur, qui aurait du permettre les financements nécessaires au fonctionnement des établissements de santé de Corse. Il s’agit très concrètement d’allouer à ces structures des budgets supplémentaires destinés à réduire les écarts entre le coût réel des actes pratiqués et les sommes perçues par les établissements. Depuis la mise en place des ARS pour gérer la santé au niveau territorial, la grogne ne cesse de se faire entendre dans les différents mouvements de défense de l’hôpital, qui ne veulent pas faire rimer santé avec rentabilité.

Situation paradoxale et conflictuelle

Le centre hospitalier de Bastia a été classé 40e par le Point pour les urgences traumatologiques, avec une note de 15,19 (sur 20). Dans le dernier palmarès des hôpitaux les plus sûrs publié par l’Express en 2011, le centre hospitalier de Bastia se classe à la 124e place (sur 320) des centres hospitaliers de plus de 300 lits, avec une note de 92,96 (sur 100), celui d’Ajaccio arrivant à la 150e place, avec 91,25. L’hôpital de Corte arrive à la 124e place, avec 87,87 dans le classement des centres hospitaliers de moins de 300 lits. Côté cliniques de moins de 100 lits, la Polyclinique du Golfe obtient 87,87 et arrive à la 183e place. Pourtant, cela n’a pas empêché un conflit sérieux d’éclater et l’ARS « d’interrompre le fonctionnement des moyens techniques de la clinique du Golfe pour garantir la sécurité des patients ». La clinique doit soumettre un plan progressif de reprise d’activité, pour assurer la continuité des soins dans le respect de la sécurité sanitaire. Ainsi malgré de bons résultats, les hôpitaux restent sur la sellette, car les documents élaborés par l’ARS prévoient une baisse du taux directeur et des restructurations lourdes de dangers, comme par exemple la construction d’un nouvel hôpital à Ajaccio, qui ne répond pas aux perspectives en termes de qualité de l’offre de soins. Pourtant, l’Europe a désigné les Régions comme les entités pertinentes en matière de politiques de santé.

Santé et politique

La dernière grande réforme de l’hôpital date de 2009 avec la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires), qui est de loin de faire l’unanimité parmi les professionnels de la santé. Le côté « hôpital-entreprise » qui sacrifie la santé à l’autel de la sacro-sainte rentabilité est vivement critiqué, avec la tarification à l’activité (T2A) qui lient les recettes d’un hôpital directement au nombre d’actes et de consultations enregistrés par l’établissement. Avec ce type de système, l’hôpital public est entré dans une logique purement gestionnaire, plaçant les médecins dans un vrai conflit éthique ayant le choix entre « donner le juste soin à leur patient au moindre coût pour la Sécu ou défendre leur structure en augmentant les soins inutiles », comme le souligne le MDHP (mouvement de défense pour l’hôpital public). Le gouvernement exige que les hôpitaux reviennent à l’équilibre en 2012, alors que notre système reposait d’abord sur l’égalité des soins pour tous.

Santé et patients

2011 a été déclarée « année des patients et de leurs droits », ceux-ci étant méconnus et peu respectés, malgré la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des patients (les principaux droits des patients sont l’accès direct au dossier médical, désignation de la personne de confiance, droit d’être informé sur son état de santé). « Défendre les droits des patients, leur garantir une prise en charge respectueuse de leur singularité, mieux prendre en considération les nouvelles attentes des citoyens vis-à-vis de leur santé », tel était le programme de cette année qui visait à promouvoir « la bientraitance à l’hôpital » et « faire vivre les droits des patients ». Car « la course à l’efficience » pourrait bien essouffler le service de santé public au détriment des soins et des patients. C’est tout l’objet des conflits entre les dirigeants et les professionnels de la santé : les uns doivent rendre des comptes sur le budget, les autres sur la qualité des soins, et il faut que ces deux contraintes se rencontrent sans que le système n’en pâtisse. Une équation difficile avec toujours en guise de cadavre dans le placard des politiques le cas de la sécurité sociale à régler. Un vaste chantier, qui risque d’être bien impopulaire, et la nécessité de répondre à la question : quel hôpital public voulons-nous pour demain ?

Maria Mariana

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