Attentats : Il est temps d’en finir ! Quelques villas dévastées. Des familles touchées dans leurs biens et leurs souvenirs. Une image de la Corse un peu plus écornée. Pourquoi ? Pour un résultat contre-productif est-on tenté d’écrire Les récents attentats contre des villas ne mettront pas l’économie résidentielle et les spéculateurs immobiliers en déroute. Ils sont loin d’avoir frappé des accapareurs de terres corses ou des bénéficiaires de plus-values. Le profil des personnes visées ressemble davantage à celui de familles qui aiment sincèrement notre île ou essaient d’y vivre dignement, qu’à celui du promoteur gourmand ou du revendeur avide. Ce qui conduit à penser que ces actions clandestines n’apportent rien de bon à la Corse et au nationalisme. L’image de la Corse n’en sort pas grandie. Il est de meilleures publicités pour notre île qu’une attention des médias consacrée à des destructions et à la douleur de familles frappées dans leurs biens et leurs souvenirs. De plus, les récentes interventions des clandestins révèlent davantage des carences dans le ciblage politique qu’une maîtrise du message. En effet, dans leur grande majorité, les Corses ne comprennent pas que l’on s’attaque à des personnes qui ne font que gérer normalement leur patrimoine ou construire la maison de leurs rêves. Ils se posent de plus en plus haut les questions suivantes. Serait-il indécent de vendre un bien immobilier pour financer un investissement ? Serait-il scandaleux de construire, acquérir ou vendre une maison ou une villa en payant ou demandant un juste prix et en respectant les lois et règlements ? Serait-il criminel de vouloir vivre son temps libre ou sa retraite dans nos villages alors que beaucoup d’entre nous résidant à Bastia ou Ajaccio, n’y mettent quasiment plus les pieds ; et que de nombreux Corses de la Diaspora ne jugent même plus utiles de revenir, quelques semaines par an, sur leur terre d’origine ? La plupart des Corses sont d’autant plus portés à l’incompréhension et à l’interrogation que des acteurs douteux du marché immobilier et certains décideurs publics qui favorisent l’accaparement et la spéculation foncière, ne sont jamais inquiétés. Beaucoup de Corses estiment aussi que la résurgence de l’activité clandestine ternit les avancées de l’autonomisme et de l’indépendantisme survenues à l’occasion du scrutin territorial de mars dernier. Ils en viennent à penser que les clandestins ne croient pas en la voie démocratique. Ils jugent que les nationalistes publics sont incapables de convaincre ces derniers de changer d’avis et de renoncer à la violence. La possibilité d’un bloc alternatif Tout cela n’est pas bon pour la Corse car cela contribue à compromettre l’espoir né lors du scrutin territorial. En effet, si ce dernier a vu la déconfiture de la droite et l’arrivée aux responsabilité d’une gauche hétéroclite et plombée par de profonds désaccords entre ses hommes et ses composantes politiques, il a surtout été l’occasion d’une affirmation de l’autonomisme et de l’indépendantisme en tant que forces pouvant un jour devenir un bloc alternatif. Certes, il ne s’agit pas de sombrer dans l’angélisme et d’enjoliver. Il y a dans cette mouvance des ambitions personnelles, des carences et même quelques pratiques qui laissent perplexes. Ce qui est d’ailleurs normal et rassurant car une véritable force politique est dans une certaine mesure le reflet de la société dont elle est issue. Or, un corps social n’est jamais parfait…Cependant, malgré des lacunes et quelques facettes dérangeantes, le nationalisme est aujourd’hui la seule force qui parait en mesure de déplacer réellement les lignes. Dans cette île, il semble représenter l’unique dynamique en capacité de donner une perspective d’espoir à une population qui ne croit plus à la  rénovation politique et à l’’innovation gestionnaire des représentants locaux des partis politiques nationaux. Alors, bien sà »r, le nationalisme ne transformera pas le plomb en or, mais il est indéniable que son accession à la gestion de grandes collectivités communales et de la Collectivité territoriale constituerait ce formidable souffle d’alternative et de mouvement dont  a besoin toute démocratie pour se régénérer. Cette accession contribuerait même à débloquer les situations figées au sein des partis politiques nationaux, à y provoquer des remises en cause et à donner leur chance à de nouveaux acteurs au sein de ceux-ci. Il appartient donc aux clandestins de ne pas compromettre la constitution d’un bloc alternatif à partir de toutes les tendances du nationalisme et l’arrivée de celui-ci aux responsabilités. Ils ont le devoir de ne pas ruiner une opportunité historique pour laquelle les leurs ont beaucoup donné en liberté et même en sang depuis plus de 30 ans. Il est temps d’en finir – dans un premier temps au moins durant une longue période - avec des attentats qui, s’ils ont pu hier servir de révélateurs de problèmes ou de boucliers protégeant des intérêts collectifs du Peuple corse, sont aujourd’hui contre-productifs. Le FLNC n’ouvrait-t-il d’ailleurs pas cette voie quand il annonçait, il y a quelques semaines, croire en la possibilité d’arracher une solution politique, tout en conservant l’option stratégique de l’action armée ? Retenir ses coups pour voir et laisser faire, n’est pas forcément faire preuve de faiblesse ou de renoncement. Dans l’univers clandestin corse cala s’est même plusieurs fois appelé : «  prendre ses responsabilités  ». Pierre Corsi Â