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Ajaccio Le Parc Belvédère fait de la résistance

jeudi 20 octobre 2011, par Journal de la Corse

Le conflit qui oppose, depuis trois ans, les habitants du Parc Belvédère, sur les hauteurs d’Ajaccio, à la municipalité avait, semble t-il, trouvé son épilogue avec le classement, lors du conseil municipal de rentrée, de l’artère source de la discorde (l’Avenue de la Libération) au sein du domaine public communal. Mais voilà que les copropriétaires concernés contestent cette décision et entendent le faire savoir...

L’avenue de la Libération n’en finit plus de faire couler de l’encre. Cette artère qui relie le Salario -via l’avenue de Verdun- à l’Avenue Impératrice Eugénie est un lieu stratégique important qui a permis, durant une bonne quarantaine d’années, de désenclaver la circulation. Sauf qu’elle est devenue, aujourd’hui, un passage indispensable vu les interminables embouteillages auxquels sont confrontés chaque jour les Ajacciens. C’est cette situation qui, en fait, serait à la source du problème qui oppose, depuis trois ans, les habitants du Parc Belvédère à la municipalité. La raison en est tout simple : cette artère, qui précède la rue Frasseto (qui elle est communale) est une voie privée ouverte à la circulation depuis une quarantaine d’années.

Une voie privée "jugée" d’intérêt public ?

Si la situation a, ainsi, perduré jusqu’à la fin des années 2000, elle s’est considérablement modifiée quand l’état de la route s’est dégradé. "Courant 2008, explique Charles Miniconi, élu de la copropriété, nous avons envoyé un courrier à la municipalité afin de les alerter sur l’état de la chaussée et les problèmes de sécurité qui y étaient liés, notamment les nombreux accidents relevés depuis 40 ans, la déclivité de la rue Frasseto, qui y est raccordée un peu plus bas. Une rue particulièrement dangereuse au vu de sa pente (26%) débouchant sur un angle droit sans visibilité, l’absence de trottoirs, etc." En guise de réponse -beaucoup plus tard- il sera rétorqué que cette artère étant une voie privée, il n’est pas question, pour la municipalité, d’y engager des travaux. Face à ce silence, les riverains du Parc Belvédère ont ensuite effectué une démarche en bonne et due forme (sondage interne, approbation à 96% et création d’un syndic) afin d’obtenir la fermeture de cette voie privée. Mais pour cela, il leur a fallu au préalable, entamer un bras de fer avec les services de l’urbanisme, la mairie trouvant tout d’un coup "l’intérêt public de cette voie" et se décidant, via une enquête préalable, à l’insérer dans un projet communal. En procédant à certaines modifications (sens unique en montée, création d’un rond-point en bas de la rue). Le tribunal administratif de Bastia a, concernant le caractère privatif de la voie, tranché en faveur des habitants, autorisant finalement la fermeture et le quartier a repris, depuis mai dernier, sa quiétude d’antan.

Des "anomalies" dans l’enquête ?

Oui mais voilà qu’entre-temps, la municipalité poursuit sa démarche. Elle nomme un commissaire enquêteur chargé d’instruire le dossier de classement communal de cette voie. Ce dernier effectue les démarches nécessaires (enquête auprès des riverains) et livre ses conclusions. Ainsi, le 26 septembre dernier, le conseil municipal approuve, à l’unanimité le classement de l’avenue de la Libération dans le domaine public communal. Il motive cette décision par les conclusions du commissaire enquêteur qui déclarent notamment qu" une grande majorité des riverains se sont prononcés sans ambiguïté en faveur du classement dans la voirie communale." On pense, alors, que l’affaire va connaître son épilogue. Au contraire, les copropriétaires sortent de leurs gongs et s’insurgent contre une décision qu’ils jugent illicite. "Nous nous sommes officiellement opposés à cette mesure, affirme Charles Miniconi au nom des riverains, les résultats de l’enquête donnent 134 personnes en faveur du classement et 32 contre. Or, nous nous étions prononcés à 96% en faveur de la fermeture, ce qui représente environ 700 personnes. Les copropriétaires ont été représentés par leur conseil syndical." À l’origine de cette nouvelle polémique, les chiffres avancés par le commissaire enquêteur qui, selon les riverains, ne correspondraient pas à la réalité. Il se murmure même, en "coulisses", que des anomalies auraient été constatées dans l’enquête avec l’apparition de pétitions "douteuses" de dernière minute. "Nous contestons avec force, reprend Charles Miniconi, le fait qu’une grande majorité d’entre nous se soit prononcée "sans ambiguïté" pour ce classement. Qui sont donc les "riverains" mentionnés dans cette enquête ? J’ai par ailleurs, adressé un courrier au commissaire enquêteur afin de lui faire part de la situation." Autre point ambigüe, le parking situé en contrebas de la rue Frasseto qui serait cédé par le Département afin de réaliser les aménagements nécessaires. Un parking qui serait, en fait, propriété de...l’Etat.

La balle dans le camp du préfet

Enfin, les services municipaux alertés une première fois en 2008 par les habitants du parc Belvédère, auraient avancé, dans un premier temps, que "...pour des raisons de configuration et de déclivité, la portion concernée ne peut être intégrée dans la voirie communale." Cette voie privée, créée dans les années soixante pour desservir le Parc Belvédère par l’avenue de Verdun (Salario) et passant, un peu plus bas, par la rue Frasseto (un ancien escalier qui débutait rue Maréchal Ornano et rejoignait le Salario), n’a jamais fait l’objet d’une quelconque réserve foncière par les municipalités qui se sont succédé depuis près d’un demi-siècle. Et pour couronner le tout, le Plan d’Occupation des Sols (POS), en vigueur depuis novembre 1999, avait prévis l’Allée Ange Tomasi (située un peu plus bas, avenue Impératrice Eugénie) pour relier le Salario à la basse ville. Cette situation, pour le moins, floue, devra s’éclaircir très rapidement. En attendant, la balle est dans le camp du préfet, saisi du dossier. Ce dernier devra trancher. Quant aux riverains de l’avenue de la Libération, ils continuent à faire de la résistance afin, disent-ils, de faire valoir leurs droits. Affaire à suivre...

Joseph Albertini

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