Le maire d’Ajaccio a officialisé, la semaine dernière, au cours d’une conférence de presse donnée à la maison carrée, les nouvelles délégations. Pas de surprise et, pour ainsi dire rien de neuf à l’exception d’Agenda 21, une compétence Capa, liée à l’environnement dont hérite la Ville. Pour ce qui est des remaniements, le seul concerne Anne-Marie Luciani, qui se voit attribuer le Cadre et la Qualité de Vie, une nouvelle délégation. Finalement, le débat, en l’absence de cinq adjoints, dont Anne-Marie Luciani, aura surtout porté, on s’en doute, sur la culture et de manière sous-jacente, la tension qui règne au sein de la majorité depuis trois semaines.
Le feuilleton de cette rentrée 2012 n’en finit plus d’alimenter les chroniques. Il y a trois semaines, Simon Renucci, maire d’Ajaccio annonçait qu’il reprenait en charge le domaine de la culture. Ce qui, implicitement, signifiait qu’il en retirait la délégation à Anne-Marie Luciani. Cette dernière ne manquant pas de réagir dans nos colonnes et d’exprimer « un sentiment d’injustice… » Autant dire que, dans la cité impériale, cette annonce avait fait l’effet d’une bombe. Et, en même temps, alimenté les rumeurs les plus folles. De son côté, le maire évoquait une simple redistribution des cartes qui interviendrait, du reste, dans les jours suivants. Annoncée le jeudi 20 septembre, puis annulée au dernier moment, la conférence de presse officialisant les nouvelles délégations et attributions a, finalement eu lieu le lendemain. Entre-temps, le report du conseil municipal à mercredi dernier –alors qu’il était prévu vendredi 21 septembre- n’aura fait qu’accroître le doute dans l’esprit de beaucoup. Et au sein même de l’équipe municipale.
Des absences remarquées
On s’attendait donc, vendredi dernier, au cours de l’annonce officielle de ces nouvelles attributions, un réel remaniement au sein de la majorité, une vraie redistribution des cartes. Et parmi les absents à cette réunion, on aura noté, celle, très remarquée, d’Anne-Marie Luciani, de même que Paul-Antoine Luciani, François Casasoprana, Maria Guidicelli et Isabelle Morrachini, autant de cadres de « Corse Social Démocrate », fidèles de la première heure au maire sortant. Faut-il, pour autant parler de schisme au sein de la municipalité ? L’avenir nous le dira. En tout cas, dans une ambiance plombée, la conférence de presse de vendredi dernier aura surtout donné du grain à moudre à l’opposition et confirmé les doutes des Ajacciens. Car, en fait de redistribution, il a surtout été question de la culture. Pour le reste, Agenda 21, une compétence Capa, liée à l’environnement et revenant à la Ville, constitue la seule nouveauté. Déclinée par quartiers, elle est attribuée à plusieurs adjoints.
« Donner une impulsion nouvelle à la culture »
« La culture, a déclaré Simon Renucci, est le lien fort qui permet aux personnes de s’extraire de leur quotidien, d’accomplir leur rêve. C’est un domaine dans lequel nous avons fait beaucoup de progrès. Mais il est nécessaire, à un moment donné, d’aller plus loin, d’être beaucoup plus présent dans les quartiers et dans la programmation. Je souhaite, également, mettre en place un conseil de la culture. C’est la raison pour laquelle je veux m’engager encore plus dans ce domaine. » Concernant l’éventuelle attribution de cette délégation à un autre adjoint, le maire a précisé qu’ « il y a, parmi eux des gens capables de prendre en charge ce domaine. Mais je crois qu’il est important de travailler différemment. Il faut donner une impulsion nouvelle, cela ne veut pas dire que ce n’était pas bien avant, la complexité de la culture mérite, simplement, une autre approche. On a une chance énorme, la culture est un élément fort de la vie sociale. Et c’est peut-être aussi une chance de développer certains aspects. L’idée, c’est d’être au plus près de la population, faire en sorte de donner un éclairage différent de ce que l’on fait et remettre le citoyen au centre de la culture. C’est, je crois, ce qui va permettre de dégager une réelle cohésion. »
Simon Renucci n’a pas manqué, par ailleurs, de mettre tout le monde d’accord sur le sujet brûlant des attributions. « Une fois élu, a-t-il rappelé, le maire a tous les pouvoirs sur ces délégations. C’est difficile à dire mais le fait de les attribuer et de les retirer fait partie de son rôle, on ne peut pas le remettre en cause. L’adjoint doit, de son côté, respecter les engagements pris. Ceci étant, je n’ai jamais laissé quelqu’un sur le bord de la route. Je suis là pour rassembler, travailler et amplifier ce qui a été fait. Solidarité, respect et succès sont mes maîtres mots. »
Balayant d’éventuelles divergences vis-à-vis d’Anne-Marie Luciani, qui se considère, par ailleurs, comme la seule visée dans l’histoire, Simon Renucci a simplement évoqué la nécessité de « faire fructifier le domaine de la culture de manière différente. Il n’y a aucune divergence avec Anne-Marie Luciani, elle a, du reste, une autre délégation, je suis un homme de rassemblement et je souhaite que l’on continue à travailler ensemble. »
Vers un vote du conseil municipal
Pourtant, de manière implicite, on ne peut pas s’empêcher, au vu d’une redistribution des rôles qui n’en est pas vraiment une (pas de remaniements), de penser qu’elle est l’arbre qui cache la forêt. Un sentiment confirmé par l’ancienne adjointe déléguée à la culture : « Le rideau de fumée que j’avais annoncé n’était pas une vue de l’esprit. Quant à la nouvelle délégation qui m’est attribuée, son contenu est flou, cela veut tout dire et ne veut rien dire. En outre, je n’ai pas assisté à la concertation entre élus en vue de cette attribution. Je vais la refuser même si cela va entraîner des conséquences que l’on aurait pu éviter. » En effet, ce refus implique un vote du conseil municipal concernant le maintien, ou non, d’Anne-Marie Luciani en tant qu’adjoint. On saura, alors, s’il y a, ou non, une crise au sein de la majorité municipale. La défaite aux législatives serait-elle à l’origine d’une polémique dont se serait bien passée la Maison Carrée ? « J’ai reçu le message des Ajacciens, rappelle Simon Renucci, la majorité doit se mobiliser et rester rassemblée, il faut donner un souffle nouveau à notre action. » De manière sous-jacente, cet appel au rassemblement est le signe fort que la bataille des prochaines municipale est lancée.
Joseph Albertini