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Air France au-dessus des lois ?

jeudi 8 décembre 2011, par Journal de la Corse

Le personnel corse d’Air France, qui s’est mis en grève le 1er décembre, désire tout simplement faire appliquer les jugements des prud’hommes exigeant l’octroi d’un CDI de 45 employés en CDD.

Comme les voyous…

Le tribunal des prud’hommes d’Ajaccio a en effet ordonné en septembre la titularisation de 28 employés tandis que celui de Bastia a pris la même décision le 25 octobre pour 17 autres. Après plus de trente jours d’occupation des aéroports d’Ajaccio et Bastia, la CGT Air France a finalement appelé à un mouvement de grève le jeudi 1er décembre en Corse parce que la direction d’Air France adresse à la justice un gigantesque bras d’honneur comme pour signifier qu’elle se situe au-dessus des lois. Ce mouvement de grève en soutien aux « indignés d’Air France », est donc légitime dans tous les sens du terme. D’ailleurs, le 22 novembre dernier, le tribunal de Bastia a condamné la compagnie française à verser 6 000 euros par jour à chacun des 17 salariés de Bastia tant qu’un CDI n’est pas signé. Depuis le début du mois de novembre, les halls des aéroports de Bastia et Ajaccio sont occupés jour et nuit par les licenciés et leurs soutiens. Une action soutenue dans l’île via une pétition qui a déjà recueilli plus de 20 000 signatures ou encore l’Assemblée Territoriale Corse qui, réunie en séance le 28 octobre 2011, a demandé au transporteur de régulariser la situation.

Quand la justice ne parvient pas à se faire respecter

Mais Air France a fait appel des précédents jugements qui l’obligent à réintégrer les 45 indignés, expliquant ne pas être en mesure d’appliquer ces décisions en raison de ses difficultés économiques en Corse. On croit rêver. La titularisation de 45 CDD va mettre en péril Air France qui, par ailleurs verse 103.000 euros d’astreinte quotidienne. En d’autres termes, les pénalités et la grève lui coûtent plus chère que le simple respect des décisions de justice. Il faut donc chercher l’explication ailleurs. Air France veut quitter la Corse et mettre en place un système de low coast qui lui reviendrait infiniment moins cher et lui permettrait de marchander la délégation de service public (DSP) à la baisse et de réduire les prestations de la CCM. Au-delà de l’injustice criante de la situation, Air France est tout simplement en train de démontrer que la voie légale de la lutte risque fort de moins payer qu’une campagne de plasticage. Jusqu’à aujourd’hui, l’état ou ses représentants se sont prudemment tus alors qu’il leur appartient de faire respecter la loi et l’ordre public. La justice se fait ridiculiser par une grande compagnie qui entend ainsi montrer qu’elle respecte la loi tant que la loi la sert mais s’en fiche comme d’une guigne dès lors qu’elle tourne le dos à ses appétits et à ses intérêts. Air France est tout simplement la matrice d’une violence sociale qui ne manquera pas de s’exprimer si la situation perdure.

Accentuer la pression sur Air France

L’enjeu du conflit n’est plus simplement corse. C’est celui de toute une génération maltraitée par des patrons voyous, baladée de droite et de gauche, pressée comme un citron et ignorée par les politiciens de droite comme de gauche trop occupés à leurs petites manœuvres égotiques. Pour une fois, la loi sert aux plus démunis. Il ne faut pas laisser passer une telle opportunité et il faut appuyer les Indignés d’Air France, les aider à remporter une victoire pleine et entière. Les élus corses ont certes voté une motion. C’est insuffisant. Ils doivent s’engager plus avant et exiger de l’état qu’il fasse respecter la loi. Quant à la justice, il lui suffirait de placer le montant de l’astreinte à un niveau économique insupportable pour qu’Air France accepte enfin de ne pas être au-dessus des lois et de l’état de droit. Faute de quoi, il ne faudra pas s’étonner que la violence prenne le pas sur les actions syndicales. C’est un bien mauvais service qu’Air France et l’état rendent aujourd’hui à la société française en général et c’est un bel exemple que celui de ces jeunes employés qui ne sont pas simplement des indignés mais des révoltés.

GXC

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