L’édito d’Aimé Pietri
L’autonomie de la Corse, d’abord accordée avec parcimonie puis, au fil des statuts, offerte de plus en plus généreusement, commence à faire problème. Ainsi, le large transfert des compétences à la Collectivité Territoriale n’a pas été suivi, comme on pouvait l’espérer, d’un transfert de ressources équivalent. Cela a conduit à réviser à la hausse les impôts locaux, au grand dam du contribuable qui commence à crouler sous leur poids. Et ce n’est pas fini, car il faudra de plus en plus d’argent pour financer, notamment, la maintenance des diverses structures d’accueil que l’Etat a « refilé », sans état d’âme, à la Collectivité. Il est clair que même en pressurant le citoyen au delà même de ses potentialités, la CTC ne pourra maintenir toutes ces structures en bon état de marche. Dès lors, il lui faudra, tôt ou tard, envisager leur démantèlement après avoir tenté sans succès - de démontrer que pour 270.000 habitants, deux ports et deux aéroports suffisent amplement et qu’il faut abandonner les projets d’autoroutes, de tunnels et autres grands travaux. Il y aurait, pourtant une solution à ce problème désespérant : pousser l’autonomie jusqu’à l’indépendance et chercher ailleurs d’hypothétiques ressources, tout en demandant aux citoyens d’impossibles efforts. Sait-on, par exemple, que la totalité de l’impôt sur le revenu payé par les Corses est à peine suffisante pour assurer le fonctionnement des hôpitaux de Bastia et d’Ajaccio et combler, à l’occasion, leur impressionnant déficit ? En attendant, les effets pervers de la décentralisation vont finir par nous faire regretter le centralisme, que naguère nous avons tant décrié.