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A FORCE DE POUSSER LES FEUX…

jeudi 26 juillet 2012, par Journal de la Corse

L’édito d’Aimé Pietri

Les mots « souveraineté » et « indépendance », pratiquement bannis naguère du vocabulaire des nationalistes, refleurissent aujourd’hui dans les discours et les communiqués. Curieusement, c’est au moment où le nationalisme corse accentue ses faiblesses dans des querelles dont il se nourrit au quotidien, que la revendication d’indépendance prend de l’ampleur sur les tréteaux. Cette indépendance que l’on réclame au nom du peuple corse, est-elle vraiment souhaitée par ce même peuple ? Selon les derniers sondages, il apparaîtrait qu’il n’en veut absolument pas. Il n’en veut pas, sachant que n’étant ni l’Ecosse, ni le Québec, ni la Nouvelle Calédonie, la Corse n’a pas les moyens de la séparation. Il se refuse donc de tenter une aventure aux finalités incertaines et il serait prêt à le signifier par référendum si tant est qu’on le lui organise un jour. Indépendance et souveraineté sont certes des mots séduisants, surtout lorsqu’ils relèvent d’une construction intellectuelle bien conduite. Jusqu’ici, pourtant, personne ne l’a entreprise avec ce qu’il faut d’arguments pour la faire admettre par le plus grand nombre. Et personne n’a sérieusement démontré que la Corse aurait tout à gagner en larguant les amarres pour mettre, toute seule, le cap sur son destin. Il ne suffit pas de casser du sucre sur le dos du « statu francese assassinu », de rappeler que cette île subit, depuis plus de deux siècles, les « lois scélérates de l’envahisseur », de faire monter à fleur de peau un patriotisme de circonstance. Encore faut-il donner à ce peuple de véritables raisons de croire à la révolution qu’on lui prêche au fil des conjonctures. En l’invitant par exemple à se retrousser les manches et se mettre à l‘ouvrage pour bâtir dés aujourd’hui la Corse souveraine de demain. Une invitation à laquelle il ne semble pourtant pas tellement pressé de répondre.

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