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Visite de François Hollande : Le retour de la République

jeudi 29 mars 2012, par Journal de la Corse

Le candidat socialiste ne proposera pas un quatrième statut. S’il est élu, il s’emploiera à faire appliquer les valeurs de la République et laissera aux élus corses la responsabilité de préconiser des réformes institutionnelles.

François Hollande n’a pas cherché midi à quatorze heures. Il n’est pas allé à la recherche des voix nationalistes ou à la pêche aux évolutionnistes. Soucieux de ne pas donner prise à la moindre critique sur des sujets aussi sensibles que l’unité nationale ou la lutte contre le terrorisme surtout après les événements de Toulouse et de Montauban, il a affiché sa confiance en les hommes forts de son camp et plus globalement en la gauche, tout en privilégiant les messages républicain et sécuritaire. Ainsi, à Ajaccio, il a cheminé entouré de Paul Giacobbi, député et président du Conseil exécutif, Simon Renucci, député et maire d’Ajaccio, Nicolas Alfonsi, sénateur de la Corse-du-Sud, et aussi d’Emile Zuccarelli, maire de Bastia, qui avait fait le déplacement. A Bastia, il a été accueilli par Jean Zuccarelli, conseiller exécutif et candidat PRG/PS à la députation. A l’Assemblée de Corse, ayant été reçu par Dominique Bucchini qui porte dans l’île la parole de Jean-Luc Mélenchon, il a esquissé le rassemblement de la gauche qui interviendra au second tour. Enfin, côté socialiste, les deux chefs de file « hollandais », Jean-Marc Ciabrini, premier secrétaire fédéral de la Corse-du Sud, et Hyacinthe Mattei, maire de Monticello et conseiller général, l’ont accompagné durant toute la visite. Par ailleurs, il se murmure qu’il a accordé une oreille attentive aux préconisations de Vincent Carlotti. Le représentant insulaire d’Arnaud Montebourg lui aurait soufflé d’affirmer la volonté de lutter contre la grande criminalité et d’exiger que toute demande d’évolution institutionnelle soit préalablement validée par une majorité d’élus territoriaux dûment mandatés ou par le corps électoral insulaire. En s’entourant ainsi et en ne proposant aucune évolution institutionnelle, François Hollande a fortement fait comprendre que s’il était élu, il travaillerait prioritairement avec la majorité politique en place et en actionnant ses relais. Il a d’ailleurs donné quelques indications en ce sens. Ainsi, il a souligné qu’avec la gauche, la Corse bénéficierait du redressement économique du pays ; en particulier en profitant de l’action de la Banque publique d’investissement qu’il s’est engagé à créer, du soutien prioritaire apporté aux petites et moyennes entreprises, du contrat de générations. Il a également affirmé qu’avec la gauche, la France renforcerait son unité en faisant confiance aux territoires à travers un troisième acte de la décentralisation et en valorisant sa diversité linguistique et culturelle à partir d’initiatives comme la ratification de la Charte des langues régionales ou minoritaires. Enfin, il a assuré qu’avec la gauche, il serait attentif à la prise en compte de trois priorités : maintenir la solidarité nationale et la continuité territoriale ; traiter l’urgence sociale ; renforcer les moyens de la police, de la gendarmerie et de la justice.

Pas d’autonomie imposée depuis Paris

Ceux qui espéraient encore un nouveau processus de Matignon ou l’ouverture d’une porte vers un quatrième statut, en ont été pour leur frais. François Hollande a confirmé qu’il ne serait ni l’homme de contacts préparatoires secrets ou publics avec les nationalistes, ni le promoteur depuis Paris d’un statut d’autonomie ou de toute autre forme d’évolution institutionnelle. Femu a Corsica qui avait posé aux candidats à l’élection présidentielle des questions concernant la reconnaissance juridique du peuple corse, l’engagement d’une réforme constitutionnelle, le statut de résident, la co-officialité de la langue corse et la demande d’un transfert à la Région de la perception des droits de succession, n’aura donc rien à espérer de Paris si François Hollande est élu. Aussi bien lors de son discours place Foch à Ajaccio qu’à l’occasion de ses déclarations aux médias, le candidat socialiste a fait savoir que le changement, aussi bien sur le Continent qu’en Corse, passerait tout d’abord par une volonté de combattre le crime organisé et de revenir aux valeurs républicaines. Ainsi, il s’est prononcé pour une application ferme de la loi. Il a rappelé que la religion n’avait pas sa place dans l’espace public. Il a affirmé que l’école devrait tendre à nouveau vers l’égalité des chances garantie à tous et avoir les moyens humains et matériels d’aller en ce sens. Enfin, il a appelé les individus à s’impliquer davantage dans la vie de la cité. Alors, François Hollande a-t-il fermé la porte à toute évolution du cadre institutionnel de la Corse ? Certes non. Il n’est pas opposé à un dialogue, dans la clarté et la transparence, qui interviendrait à partir de demandes que formulerait l’Assemblée de Corse. II suit avec intérêt les travaux de la commission Chaubon que l’Assemblée de Corse a créée pour proposer des évolutions institutionnelles, attend ses propositions et s’engage à les examiner le moment venu. Il est disposé à discuter avec tous les élus corses dès lors qu’ils s’expriment dans le cadre de la République. En outre, le nouvel acte de décentralisation qu’il s’est engagé à mettre en place, prévoit le transfert de nouvelles compétences aux régions. Cependant François Hollande paraît plus favorable à des rapports confiants, constructifs, complémentaires et solidaires entre la République et les Régions, qu’à la constitution d’autonomies régionales. D’où son souci de garantir aux collectivités territoriales des dotations financières de l’Etat à un niveau satisfaisant. D’où son engagement de créer un Haut Conseil des territoires qui agira comme une instance de concertation entre l’État et les collectivités locales. D’où son souhait d’une réforme des finances locales afin de donner davantage de visibilité aux élus locaux en matière de ressources. D’où sa volonté que l’État assure une péréquation entre les territoires et définisse clairement les compétences et les ressources de chaque collectivité.

Pierre Corsi

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