Vers des élections véritablement « européennes » ?
Du 22 au 25 mai prochains, les citoyens des vingt-huit pays de l’Union européenne seront appelés aux urnes pour renouveler le Parlement européen. Les députés qui composent cette assemblée législative pour une durée de cinq ans sont élus au scrutin proportionnel par les citoyens de l’Union européenne. Cette élection européenne sera la première depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne en décembre 2009, ce qui implique plusieurs changements importants.
En effet, le Traité de Lisbonne prévoit que le Président de la Commission, figure la plus médiatique de l’Union européenne sera désormais élu par le Parlement. Ainsi, la couleur politique que les citoyens auront donné au Parlement européen influencera directement la tendance politique de la Commission européenne et de son président. Les partis politiques européens se sont également engagés à faire connaître avant les élections leurs candidats à la présidence de la Commission et leurs programmes politiques. Cela permettra de pouvoir organiser une véritable campagne électorale et des débats publics recentrés autour des questions européennes. Ainsi, si jusqu’en 2009 les électeurs votaient pour des partis sans que leur vote ne soit lié à la nomination des commissaires européens, les élections de 2014 leur permettront d’influencer directement la composition de la Commission européenne, à la manière des élections législatives dans les régimes parlementaires. Ces élections de 2014 se dérouleront en revanche comme les précédentes : il s’agira d’un scrutin de liste à la proportionnelle. Ainsi, la France sera divisée en huit grandes circonscriptions, parmi lesquelles la circonscription Sud-Est qui comprend la Corse, Provence-Alpes-Côte-D’azur et Rhône-Alpes. Les électeurs seront appelés aux urnes le 25 mai, qu’ils soient français ou ressortissants d’un autre pays de l’Union européenne et devront choisir entre plusieurs listes présentées par des partis nationaux. La répartition des 13 représentants de la circonscription Sud-Est (74 au total en France) sera ensuite faite à la proportionnelle avec un seuil minimal de 5 % à atteindre afin d’obtenir au moins un siège. Une fois élus, les députés des 28 pays se réunissent dans des partis européens en fonction de leur sensibilité politique et dans des groupes parlementaires. Depuis les premières élections européennes au suffrage universel en 1979, la position du Parlement européen n’a cessé de s’accroître. La tâche principale de cette institution est de voter - en codécision avec le Conseil de l’Union européenne qui réunit les ministres des 28 pays européens - les propositions législatives de la Commission européenne. S’il ne dispose pas encore de l’initiative législative, le Parlement européen contrôle l’action de la Commission européenne et peut lui adresser des recommandations. Il a également un rôle important à jouer en ce qui concerne le budget de l’Union européenne, comme l’ont montré les événements de l’hiver dernier lorsque le Parlement a rejeté la proposition faite par le Conseil européen pour le cadre financier 2014-2020. Le scrutin de 2014 marque donc une nouvelle étape dans l’histoire des élections européennes. Les dirigeants européens espèrent que l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne permettra d’ « européaniser » les débats et la campagne électorale alors que les précédentes élections avaient été dominées par des considérations de politique nationale et marquées par un très fort taux d’abstention (57% dans l’Union européenne, 59,5% en France et 69% en Corse).
Benoît VIVIER L’Europe en Corse