Affaire des quotas à la FFF, bilan mitigé sur la politique d’immigration, scandale des Roms, afflux de migrants suite aux révolutions arabes, loi anti-burqua, la demande de rétablir temporairement les contrôles aux frontières… Autant de points noirs qui jettent une ombre teintée de racisme et de question nationale sur la France. Le débat sur l’identité nationale a laissé quelques marques et ancré des préjugés raciaux dans une société marquée par la crise économique et identitaire. Une issue en forme d’impasse, que le tout sécuritaire ne peut pas régler.
Racialisme, xénophobie, antisémitisme, etc.
Dans le 20e rapport annuel sur le racisme, rendu public le 12 avril dernier, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) pointe une baisse importante des actes et menaces à caractères racistes, antisémites et xénophobes, en 2010, avec également l’apparition d’une nouvelle notion : « le racisme compréhensif », c’est-à-dire que de plus en plus de personnes se déclarent non racistes mais comprennent très bien que les autres le soient. La CNCDH explique en grande partie ces résultats par le « contexte actuel », soulignant que les attitudes racistes et xénophobes « restent fortement liées aux inquiétudes socio-économiques ». Le rapport de la Commission souligne aussi le fait que ces résultats sont liés aux nombreux débats sur l’identité nationale, à l’interdiction de la burqua, à la situation des Roms en France. La CNCDH fonde ses conclusions sur un sondage CSA et sur une enquête qualitative de TNS-Sofres. Selon ces études, les préoccupations économiques constituent, comme en 2009, les premières préoccupations des Français, suivies par l’insécurité, le terrorisme et la drogue, et que la vision communautaire connaît une progression dans la société française. Quelque 59 % des sondés considèrent, par ailleurs, que l’intégration des personnes d’origine étrangère fonctionne « très mal » et 45 %, « assez mal », parce que « les personnes d’origine étrangère ne se donnent pas les moyens de s’intégrer » (54%). Et 56% des sondés considèrent qu’il y a « trop d’immigrés en France ». Le rapport de la CNCDH conclut également que même si on enregistre une baisse de la violence, il y a eu une hausse des préjugés et de « l’intolérance ».
Les préjugés ont la vie dure
Un sondage du 31 mai 2010 de l’institut BVA pour SOS Racisme et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a révélé que les Arabes sont perçus comme des délinquants par 27,6 % des personnes (contre 12 % en 2009). Alors même si le racisme anti maghrébin est plus médiatisé en Corse qu’ailleurs, il semblerait que les insulaires n’aient pas l’exclusivité de la peur de l’autre et notamment des Arabes. Autre stéréotype bien ancré : un Français sur deux (49 % des sondés) estiment que « les étrangers savent mieux profiter du système de protection sociale que les autres ». 28 % considèrent que les Noirs sont « plus forts physiquement que les autres ». 30 % estiment que les juifs ont plus d’influence que les autres dans la finance et les médias. Quant aux homosexuels, 12 % affirment qu’ils « sont plus obsédés par le sexe que les autres » et 4 % se déclarent ouvertement homophobes. Le fait qui ne cesse d’inquiéter les organisations de lutte contre le racisme est « une libération de la parole raciste » et « la montée des expressions du racisme dans les milieux politiques et véhiculés par les médias », favorisée par une situation économique morose en France. Sans compter une montée des revendications pour la reconnaissance d’un racisme anti-blancs et les actes anti-catholiques. Alors que l’on évoque de plus en plus l’islamophobie, il faut reconnaître que la violence peut aussi être dirigée contre les blancs et les Français, comme cette agression au cutter dans un quartier de Marseille, le 28 avril 2010, avec des menaces pour le moins explicites : « Toi la sale Française la sale Blanche, tu n’as rien à faire ici. Si on te revoit dans la cité notre quartier, on te la tranche ». Comme le FLNC qui, à sa création, annonçait « la couleur » avec son IFF : i Francesi fora … On ne peut constater, comme au Royaume-Uni, que la faillite du modèle d’intégration qui a conduit à « communautariser », à sectoriser les communautés qui ne vivent pas ensemble mais chacune dans son coin, dans son quartier. Pas de mixité ailleurs que dans les discours politiques, qui eux aussi évoluent, puisque le racisme est un sujet qui se banalise et des verrous se lèvent.
Maria Mariana