L’Edito d’Aimé Pietri
Les nationalistes ont-ils, aujourd’hui, l’aura d’hier ? Fer de lance de la contestation, hérauts d’un avenir débarrassé de conformismes et d’idées reçues, ils avaient réussi à faire passer un courant neuf dans ce pays où les conservateurs étaient assez habiles pour faire croire au peuple que ses droits les plus élémentaires relevaient de la prérogative. Passe-t-il encore ce courant qui naguère électrisait les foules ? Les observateurs constatent que les connexions s’établissent mal parce que les génératrices hoquettent rendant l’influx incertain. Désorienté au cours des précédentes décennies, le Pouvoir a reculé. Mais il a, peu à peu, repris la maîtrise du jeu, donnant du mou quand il fallait, réussissant même à concilier l’inconciliable. Ses efforts de normalisation parviendront-ils toutefois à être couronnés de succès ? Il reste encore à la merci d’un dérapage et ses méthodes répressives, poussées quelquefois jusqu’à l’absurde risquent de lui faire perdre le terrain gagné. Néanmoins la lassitude latente chez le citoyen face à une violence répétitive et souvent sans le moindre fondement n’est pas pour servir la cause des nationalistes. Car l’élan révolutionnaire, impulsé à l’aube des années 70, a toujours été freiné par une série de maladresses dues essentiellement à l’inintelligence politique de leurs auteurs, cette même inintelligence qui a conduit à de sanglantes querelles intestines et, pour finir, à l’assassinat d’un préfet. Au lendemain d’Aléria, Jean-Etienne Riolacci, alors préfet de la région Corse avait déclaré qu’il s’agissait là de turbulences dans une fin de processus. Les turbulences perdurent en même temps que le processus. La fin des unes et de l’autre résulterait d’une plus grande prise de conscience. Mais elle tarde à venir.