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Une île anxieuse et déprimée

jeudi 4 avril 2013, par Journal de la Corse

Pierre Côté, un consultant en marketing a eu la riche idée de calculer l’indice de bonheur des différentes régions françaises. La France, on le sait, est l’un des pays les plus angoissés du bloc occidental ce qui se reflète dans sa consommation de psychotropes. Son indice de bonheur est environ dix points en dessous de celui du Canada comme si l’État providence, tout en donnant l’impression de protéger les citoyens, les privait en même temps de leurs capacités à réagir face à l’adversité. Or, la Corse avec la Normandie et la France Comté appartient au groupe de régions les plus anxieuses de France alors que le Nord Pas de Calais ou le Rhône caracolent de bonheur en tête de peloton.

Une idée subjective mais…

Pierre Côté s’est basé sur un échantillon de 21.000 personnes pour établir son palmarès. Il ne reflète certainement pas une échelle de valeurs économiques ou sociales. Le chômage est plus élevé dans le Nord qu’en Corse et plus encore qu’en Normandie. Pour ce qui concerne notre île, il y a vraisemblablement un rapport avec l’état de la puissance tutélaire, son affaissement et notre sentiment d’impuissance. C’est là le véritable échec de la Corse : après trois statuts, des milliards d’euros déversés dans les caisses de l’île, des drames incessants, nous avons l’impression de toujours en être au même point et notre regard reste irrémédiablement fixé sur Paris en espérant de manière presque religieuse que la solution viendra de là-haut alors que, par ailleurs, nous ne cessons de critiquer l’attitude des représentants de l’état. Les nationalistes comme l’extrême-gauche perpétuent l’idée qu’il suffirait de briser le barrage étatique pour les uns, capitalistes pour les autres pour que se déverse un tsunami d’énergie positive et constructive. Tout dans l’histoire de l’humanité démontre à quel point ce type de raisonnement est faux. La vérité est qu’à force de compter sur la béquille française nous avons fini par oublier qu’il fallait apprendre à marcher pour espérer un jour marcher sans aide.

Une économie d’assistés

Notre économie dépend directement à 30% du secteur public. Autant dire que notre dépendance totale vis-à-vis de l’état atteint les 90%. Le rêve indépendantiste (qui en soi n’a rien d’indécent) se heurte à ce mur réel. Sans l’aide de l’état, sans la fonction publique, nous ne saurions rien. Non que nous soyons condamnés à n’être rien mais notre comportement historique nous a menés là où nous sommes. Et si nous voulons espérer changer la donne, nous avons intérêt à être lucides sur notre propre état car c’est lui et la contradiction qu’il nous amène à assumer qui nous rend malheureux voire dépressifs. Le bonheur vient des réalisations qu’on est capable d’assumer seuls ou tout au moins en synergie avec les siens et non d’une aide alimentaire qui nous drogue aussi sûrement que de l’héroïne. La crise chypriote nous apprend que des pays peuvent se trouver en situation de faillite. C’est également vrai pour des régions. La Corse connaît actuellement une baisse importante de ses capacités immobilières. Et ça ne fait que commencer. En Espagne, le secteur immobilier a déjà chuté de 30% et les spécialistes s’attendent à un effondrement de pareille ampleur dans les mois qui viennent. Les Russes et les Scandinaves se précipitent sur l’aubaine. Autant dire que les prix pratiqués en Corse sont exorbitants par rapport aux prix de l’arc méditerranéen de l’Europe. La Grèce, l’Italie, Chypre, l’Espagne et la Portugal plongent. La Corse va suivre le mouvement. Soyons donc actifs pour ne pas déprimer plus encore. C’est une question de survie.

GXC

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