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Une Italie en pleine confusion

jeudi 7 mars 2013, par Journal de la Corse

L’Italie vient de connaître un séisme avec un triple résultat électoral : un quart des électeurs ont voté pour le mouvement 5 stelle du comique Beppe Grillo, un autre quart a remis en selle l’increvable Berlusconi. Enfin le principal acteur de l’austérité, l’ancien directeur de Goldman and Sachs Mario Monti subit une défaite en rase campagne. Plus de 4,7 millions de voix ont été perdues par la gauche, et sept millions par la droite. L’Italie est aujourd’hui ingouvernable même si la coalition de gauche est arrivée en tête, en nombre de voix, au Sénat et à la Chambre des députés avec en toile de fond une immense abstention. Mais le système électoral (communément appelé « porcellum » et voulu par la droite) du Sénat assigne les sièges sur une base régionale. De ce fait, qui arrive en tête dans les régions dotées d’un grand nombre de sièges y obtient plus d’élus, même si, à l’échelle nationale, il n’a pas la majorité des votes.

Le grillisme est assurément une révolte majeure contre la politique d’austérité subie par le peuple italien mais c’est une révolte ambiguë car elle ne peut aboutir sur une solution. Et elle est, à mon avis, le signe précurseur d’une crise encore plus grande qui peut déboucher sur un régime dictatorial tel que le mussolinisme. Les peuples latins, en période de crise, se cherchent un chef et un état fort. Or Grillo a promis tout et n’importe quoi : mille euros par personne, la fin des partis et des syndicats, la sortie de l’Europe… Autant de promesses totalement irréalisables qui n’enlèvent rien à l’honnêteté des élus grillistes mais qui dessinent leurs limites. Néanmoins, le FMI et les spéculateurs vont devoir tenir compte du score grilliste tout simplement parce que l’Italie est la troisième puissance européenne et que sa faillite mettrait à mal non seulement l’Europe mais le système mondial tout entier. Pour l’heure, les grillistes refusent de s’associer à un quelconque gouvernement. Les raisons du grillisme sont nombreuses. Mais voici ce qu’explique un de ses électeurs dans un journal italien pour justifier son vote.

Déception à gauche

"… La gauche m’a beaucoup déçu ces dernières années, mais jamais autant qu’en cette période. Elle a donné carte blanche au gouvernement Monti, ex-salarié de Goldman Sachs, pour effacer les droits des travailleurs italiens sur l’article 18, pour la loi sur le licenciement, pour aligner l’âge de la retraite à 66 ans, pour augmenter les impôts – nous sommes le peuple le plus taxé d’Europe. Et avec notre argent, il a aidé les banques privées et acheté des avions de chasse F-35 inutiles. Le tout, je le répète, avec l’accord de la gauche. Entre autres, en cette période, il y a eu de nombreux scandales, de Finmeccanica au Monte dei Paschi di Siena, où il était évident que tous les partis politiques majeurs étaient impliqués.

Le mouvement de Beppe Grillo est composé d’honnêtes gens et non de politiciens

Face à une classe politique qui ne représente plus les gens, mais uniquement elle-même, le mouvement 5 Stelle initié par Beppe Grillo – constitué de personnes honnêtes, qui veulent le bien des gens – s’est présenté comme une force nouvelle et rigoureuse dans ses principes. Aucun d’entre eux n’était un politicien, ce sont toutes des personnes honnêtes. En Sicile, ceux qui ont été élus au niveau régional ont rendu chacun 9000 euros de salaire, ne gardant que 2500 euros pour vivre (cela en dit long sur les émoluments que s’octroient comme en Grèce "les élus du peuple" nda). Ce sont des personnes qui connaissent leurs sujets, avec des idées très claires et très belles.

Une austérité désastreuse

Grillo, le "leader", peut plaire ou pas. Idem pour sa façon de crier et de s’indigner. Mais les faits parlent clairement. Nous sommes tous toujours plus révoltés par une classe politique qui ne vit que pour elle-même, dont l’action se limite à augmenter de plus en plus les impôts ou à créer de nouvelles lois pour se défendre. Tandis que des pays comme la Suisse, la France, l’Allemagne essayent de créer du travail, de limiter les taxes sur les usines et essayent de favoriser le développement. Voilà. Je pense donc que les personnes honnêtes de droite devraient avoir honte d’un leader comme Berlusconi, tandis que les personnes honnêtes de gauche ne pourront jamais pardonner à leurs dirigeants d’avoir vendu les droits des travailleurs avec l’excuse du spread [nda : écart entre les taux d’intérêt payés par l’Allemagne et l’Italie pour emprunter sur les marchés]." Reste que l’indignation ne suffit pas et que les solutions de rechange n’apparaissent toujours pas dans un paysage sinistré.

GXC

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