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Une Corse plus violente

mercredi 26 janvier 2011, par Journal de la Corse

Bilan

Certes, le nombre d’homicides a diminué dans les deux départements par rapport à 2010, mais la délinquance en général est en hausse. Attentats, violences aux personnes, atteintes aux biens ou encore escroqueries économiques et financières observent une augmentation préoccupante.

Si le ministre de l’Intérieur a annoncé une baisse de la délinquance générale, il n’en est pas de même pour la Corse. « Malheureusement, nos chiffres sont moins bons », annonce en préambule le préfet de Corse, Stéphane Bouillon. Le bilan de la délinquance dans l’île est intervenu, hasard du calendrier, trois jours après les deux attentats qui ont secoué le quartier des Cannes, à Ajaccio, en pleine nuit, détruisant les deux établissements visés et causant d’importants dommages collatéraux. Stéphane Bouillon a fermement condamné ces attentats. « Quand des personnes viennent poser 5 et 10 kg de dynamite en bas d’un immeuble, il y a un mépris de la vie. Ces attentats auraient pu tuer, les immeubles auraient pu s’effondrer ou brûler. Je suis choqué par ces attentats qui se sont faits au mépris de la vie. Nous sommes entrés dans un cycle de violences. Il y a un tournant, nous devons tous être attentifs », a insisté le préfet. Avec 74 attentats et 9 tentatives, la Corse enregistre une hausse de plus de 50%. Et le début de l’année commence sous de mauvais auspices : une douzaine d’engins explosifs ont causé des dégâts divers contre pêle-mêle des résidences secondaires, des commerces, des engins de chantiers d’entreprises du BTP, des véhicules de particuliers,… « Le propre des terroristes est de terroriser et je constate que la peur est revenue. Les cagoulés qui justifient le bonheur des Corses par les bombes leur font peur. Les poseurs de bombes font peur et certains n’hésitent plus à prendre le risque de tuer. (…) Les poseurs de bombes ne valent pas mieux que les tueurs à gages », a dénoncé le plus haut représentant de l’Etat.

30 morts sur les routes de Haute-Corse

La Corse a connu moins de crimes de sang en 2010 (17 homicides et 15 tentatives), mais les règlements de compte commis en public ont frappé les esprits (7 assassinats et 7 tentatives liés au grand banditisme). « En 2010, 178 personnes ont été interpellées en matière de grand banditisme et 38 ont été déférées au parquet de la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille (Jirs), ce qui porte à 328 personnes interpellées dont 76 mises en examen en deux ans d’activité », a souligné le directeur régional de la police judiciaire, Eric Arella. Parallèlement, les agressions contre les personnes connaissent une progression préoccupante. Le préfet a noté que « l’agressivité est accrue dans un contexte d’alcool et de stupéfiants », sur la voie publique comme dans le cercle familial. La Haute-Corse enregistre une augmentation de 15.83%, principalement dues aux violences non crapuleuses. Dans le département du sud, un phénomène inverse se dessine : les vols à main armée sont en légère progression. « Ce sont les besoins de s’alimenter en argent pour s’offrir sa drogue qui motivent ces gestes », a analysé Stéphane Bouillon. La Haute- Corse se distingue par le nombre de personnes ayant trouvé la mort dans un accident de la route : 30. A côté de ces trop nombreux tués, on compte 530 blessés et 363 accidents. Ces chiffres ont imposé au préfet Jean-Luc Nevache de hisser la lutte contre la violence routière au rang de priorité majeure pour l’année 2011. Le sud poursuit quant à lui sa rassurante baisse. Six personnes ont perdu la vie au cours des 224 accidents recensés qui en ont blessé 290 autres. « Ces succès ne peuvent faire oublier ni les morts ni les blessés qui sont restés au bord des routes, a nuancé le préfet de Corse. Et ces succès sont réversibles si l’attention se relâche ». Autre phénomène en hausse, les escroqueries économiques et financières. La Haute-Corse, mauvaise élève, pointe à la deuxième place tandis que la Corse-du-Sud se classe 8è sur 96. En cause, le travail clandestin, l’emploi d’étrangers sans papier, les escroqueries à la carte bancaire ainsi que les infractions à l’urbanisme. Seule croissance encourageante dans les deux départements : les infractions révélées par l’activité des services (+16.37 dans le 2B, +5.80%). Cette vitalité des services se traduit notamment par des résultats obtenus en matière de lutte contre le port ou la détention d’armes (221 armes à feu saisies sur tout le territoire corse) et contre les stupéfiants. La vigilance des services de police et de gendarmerie dans ces deux domaines sera même accentuée en 2011 selon le souhait des deux procureurs.

• M.K.

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