Fin de mission de Benoît XVI pour raisons de santé. Annonce largement répercutée et commentée par les médias du monde entier. Rien d’étonnant d’abord à cette audience lorsqu’il s’agit d’une fin de règne d’un grand de ce monde.
Bien plus, cette fois-ci il s’agissait d’une situation nouvelle. La dernière en date, semblable à la présente, remontait au XIIIe siècle, époque de la démission de Célestin V. De façon encore plus importante en Europe, tout ce qui concerne la Papauté a une importance historique certaine. Elle résulte du rôle joué par l’Eglise de Rome depuis le début de notre ère. Il y eut d’abord Constantin le Grand qui mit un terme aux persécutions des chrétiens. Plus encore, en l’an 312 il se convertit au Christianisme après avoir vaincu Maxence. Son armée s’était battue et avait triomphé en hissant le « labarum » c’est-à-dire l’étendard portant l’emblème de la Croix. Dés lors le christianisme devint la religion officielle de l’empire. Mais l’empire romain s’effondra deux siècles après sous les invasions des Barbares. Parmi ceux-ci figuraient les Francs. En 496, Clovis, leur roi, fut baptisé par Saint Rémi évêque. Ce fut un sacre. Lorsque les Carolingiens prirent le pouvoir en France, Pépin le Bref fut sacré roi lui aussi par un évêque. Enfin Charlemagne fut sacré empereur à Rome par le pape Léon. Dés lors les rois de France ont tous reçu le sacre. Le dernier en date fut Charles X. Le grand historien Gibon a pu écrire : « La nation française a été faite par les évêques comme une ruche par les abeilles. » A l’exemple de la France tous les Etats de l’Europe sont nés de l’Eglise, avant de se séparer d’elle au siècle dernier. La souveraine du Royaume Uni de Grande Bretagne est aujourd’hui encore à la tête de l’Eglise anglicane. En ce qui concerne notre île, les médias, sauf le JDC (1), sont demeurés d’une grande discrétion, guère en rapport avec le rôle important qui fut celui des Pontifes de Rome en Corse. Pendant mille ans, depuis les premières invasions de l’île qui marquèrent le début de son histoire, les Corses n’ont subi que de cruelles vicissitudes : invasions, soulèvements, trêves et répressions accompagnées des pires exactions se sont accumulées. Les martyrs chrétiens victimes des Néron et Dioclétien n’ont pas manqué. Au VIe siècle le pape Saint Grégoire le Grand s’intéressa particulièrement à la Corse et organisa l’Eglise. Il veilla aussi à la sécurité de la Corse menacée par ses ennemis. Il créa également des monastères dont celui d’Abbazìa dans le Fiumorbo. Aussi n’est-il pas étonnant que Pascal Paoli ouvre l’Université de Corse le 3 janvier 1765 sous le patronage de Saint Grégoire le Grand. Après ce dernier, le pape Etienne II reçut de Pépin le Bref, puis de Charlemagne la donation de la Corse. C’est à la demande du pape Léon III que Charlemagne envoya ses navires en Corse pour la soustraire à la tyrannie byzantine. Aujourd’hui encore les églises romanes parsemant l’île témoignent de l’influence papale. Comme pour le reste de l’Europe, l’Etat corse du roi Théodore, puis de Pascal Paoli naquit lui aussi de l’Eglise. Le roi de Corse prêta seulement serment sur les Evangiles au couvent d’Alesani et fut proclamé roi héréditaire sous l’invocation de la Trinité et de la Vierge Marie. Celle-ci figurait sur sa monnaie d’argent. Il reprenait ainsi l’emblème de la bannière corse officielle de 1735 qui portait cette image de l’Immaculée Conception. Ce rappel du passé d’un pays ayant appartenu autrefois à l’Etat papal, suzerain de la Corse pendant dix siècles, ne paraît pas inopportun.
Marc’Aureliu Pietrasanta
(1)Le JDC publia, en février 2011, un article sous le titre « Jean-Paul II, roi de Corse »