L’édito d’Aimé Pietri
Ajaccio, Bastia : ville sœurs ou villes rivales ? L’une affiche sa suprématie administrative, l’autre son leadership économique. Les deux possèdent des atouts pour gagner au jeu de la primauté. Ajaccio se hausse du col en matière de transports aériens puisqu’elle dispose d’un aéroport dont le trafic est le plus important. Mais Bastia règne sur les transports maritimes avec un port qui a traité, l’an dernier, un peu plus de deux millions de passagers. Bastia vient également en tête pour le trafic marchandises mais Ajaccio se rattrape sur le fret aérien. Ajaccio est également en tête pour la construction de logements, pour le trafic urbain et pour le nombre de fonctionnaires. Mais Bastia coiffe la « capitale » pour les exportations, les activités culturelles, la douceur du climat (mais oui !) et l’ouverture sur l’Europe. En fait, chacune des deux villes détient des records que l’autre ne songe même pas à lui disputer. Et elles seraient d’une complémentarité exemplaire si elles n’étaient séparées par quelque cent cinquante kilomètres d’une route qui laisse encore beaucoup à désirer. Cette route a certainement plus fait pour séparer les deux villes que le traditionnel campanilisme de leurs habitants. On continue donc à rêver d’une autoroute mais on se contenterait de moins, d’une simple quatre voies par exemple, comme celle qui depuis quelques années rend Bastia plus accessible. On applaudirait même à tout rompre cet Exécutif audacieux qui nous ferait éviter Venaco et Vivario comme il nous a fait éviter Bocognano. En attendant, on souhaite ardemment qu’il ne faille pas attendre la fin du siècle pour aller d’Ajaccio à Bastia et vice-versa sans y jouer ses nerfs. Et quelquefois sa vie.