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Satanée pauvreté !

jeudi 14 février 2013, par Journal de la Corse

Il fut un temps où travailler signifiait gagner son autonomie. Aujourd’hui, avec le développement des contrats à durée déterminée, le recours au temps partiel ou à l’intérim, l’emploi n’est plus synonyme d’autonomie financière et l’on voit apparaître une nouvelle classe sociale. Les nouveaux pauvres, ainsi qu’on a pris coutume de les appeler, désignent les victimes de la crise, de la cherté de la vie, de la hausse brutale des loyers, des salaires insuffisants pour couvrir les dépenses courantes. La précarité est un fléau qui laisse la paupérisation gagner de plus en plus de terrain. Jamais notre société n’a été aussi riche et paradoxalement, jamais les travailleurs pauvres n’ont été aussi nombreux. L’ascenseur social est carrément en panne. Où est encore passé le réparateur ?

Population laborieuse, mais pauvre

La classe dite « moyenne » connaît une situation inédite : elle travaille mais pourtant fait aussi partie des gens qui galèrent pour boucler ses fin de mois. Pauvreté et précarité touchent cette classe qui se paupérise. La faute à une société de consommation de plus en plus agressive qui fait chuter les plus fragiles. L’existence de la pauvreté laborieuse tient à la fois aux caractéristiques du foyer et de l’individu mais également au contexte socio-économique local et national. La durée du travail sur l’année, le temps de travail hebdomadaire ou le salaire horaire perçu, les caractéristiques socioprofessionnelles de l’individu, la taille et la structure du ménage mais également la situation locale du marché du travail peuvent expliquer l’insuffisance des revenus d’activité. La Corse du fait de ses particularités socio-économiques et de la saisonnalité de son activité n’est pas épargnée. La vigilance s’impose.

Nouvelles stratégies de vente

Cela oblige aussi les enseignes et marques à imaginer de nouvelles stratégies de vente. Ainsi, le directeur Europe de Univeler (troisième plus grande entreprise de biens de consommation au monde) a-t-il révélé quelques adaptations face à ce nouveau contexte : même stratégie que pour le tiers-monde, c’est-à-dire des packs plus petits pour des emballages moins chers, des ventes sous des marques génériques. Dans la restauration aussi des offres sont apparues comme les menus à prix coûtant. La grande distribution s’adapte également aux nouveaux moyens des consommateurs, car ils ont beau s’appauvrir, ils consomment quand même.

Indicateurs caféinés

Selon plusieurs études, cela serait la vente de café qui indiquerait le niveau de vie des populations occidentales. Ainsi en Espagne, d’après les chiffres publiés par l’International Coffee Organization, les ventes de café ont chuté de plus de 7% en un an. Une inflexion qui marque la chute du niveau de vie des Espagnols. Ce que nous apprend la situation espagnole est aussi que les mesures d’austérité du gouvernement ont durablement touché la façon de consommer les foyers à faibles et moyens revenus. Les annonces de « prix bas » sont devenues très populaires. Mais cela n’empêche pas la crise de frapper durement la consommation. Le spectre de la récession est bien présent. Euromonitor prévoit une baisse de la consommation de l’ordre de 2,7% en 2012. En Grèce et en Irlande, pays particulièrement touchés, les dépenses alimentaires ont déjà baissé de respectivement 9 et 7%. En Grèce, où le chômage des jeunes est maintenant très au dessus de 50%, il pourrait bientôt ne plus y avoir aucun consommateur à cibler.

La crise gagne du terrain

En hiver, le phénomène de pauvreté est plus visible. C’est le constat que dressent chaque année les associations caritatives. L’an passé, en Corse, toutes les personnes en grande précarité qui se sont trouvées en situation de détresse durant les périodes de basses températures ont pu être assistées. Une situation privilégiée qui nécessite une très grande organisation et une coopération croisée entre tous les partenaires sociaux. Mais les rapports de la Banque de France indiquent que les indices de pauvreté sont en hausse. De plus en plus de personnes vivent avec de moins en moins de revenus, connaissant notamment de grandes difficultés à se payer un logement. La crise fragilise aussi les familles, avec pour conséquence l’apparition des retraités et des jeunes de 18 à 25 ans parmi les nouveaux pauvres. Les prix de l’eau, de l’électricité, des appartements augmentent tandis que les salaires ne suivent pas. Pourtant la seule réponse gouvernementale face à cette situation reste la rigueur. Rien d’autre ?

Maria Mariana

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