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Rétro 2012 : Entre crainte et espoir

jeudi 27 décembre 2012, par Journal de la Corse

La Corse a été souvent au centre des débats au cours de l’année 2012. Une année marquée, on le sait, par une nouvelle flambée de la grande criminalité, un fléau qui, s’il n’est pas éradiqué rapidement, ne pourra permettre aucune avancée, dans quelque domaine que ce soit, pour l’île. D’un point de vue politique, la réforme institutionnelle et la coofficialité de la langue corse revendiquées par la majorité des élus de la CTC, ont fait couler beaucoup d’encre. Une année, sans doute, de transition, avec une avancée vers un nouveau Padduc qui pourra, peut-être, régler définitivement, le problème du foncier… et faire reculer le grand banditisme. La prorogation des arrêtés Miot jusqu’en 2017, l’arrivée d’un nouveau procureur, la nomination d’un nouvel évêque, et la victoire de Laurent Marcangeli aux législatives constituent les autres faits marquants de l’année. C’est, ainsi, entre crainte et espoir, que nous basculons vers 2013.

La réforme institutionnelle

C’est le temps fort politique de l’année écoulée. Motivée par la demande d’extension des pouvoirs de l’Assemblée de Corse, elle a été évoquée à maintes reprises au cours de l’année. L’élargissement des compétences législatives, l’extension du pouvoir et surtout la coofficialité de la langue ont obtenu un consensus important au sein de l’hémicycle. Concernant le dernier point, Pierre Ghionga, conseiller exécutif en charge de la langue corse, a présenté, mi-décembre un document exposant les différents axes de cette coofficialité. Néanmoins, les élus devraient plancher dessus lors de leur session de janvier. Les grandes lignes du prochain padduc, ont été, par ailleurs, présentées, en début d’année par Maria Guidicelli, conseillère exécutives. Enfin, Pierre Chaubon, a présenté, toujours, mi-décembre, un rapport d’étape sur le projet de révision constitutionnelle et institutionnelle. Ainsi, comme le président Hollande l’avait souhaité, les propositions ne manqueront pas du côté des élus corses. Cependant, c’est l’Etat qui, en dernier ressort, tranchera.

Le statut de coofficialité

Vingt-huit propositions pour garantir l’emploi, à parité, du français et du corse, définir le corse obligatoire dans tous les domaines de la vie publique, tel est le projet présenté par Pierre Ghionga, fruit d’une année de travail. Un projet dont on parle beaucoup depuis un an, tant au niveau de la population que des médias. Mais si la défense de la langue corse fait l’unanimité au sein de l’hémicycle, il n’en est pas de même pour la coofficialité. Partisans et opposants s’affrontent toujours, les uns persuadés que la sauvegarde du corse passe par là (les élus nationalistes et une large majorité de la gauche), les autres argumentant qu’elle mettrait, au contraire, un frein à son essor et conduirait la langue dans une impasse fatale. l’Etat, de son côté, semble peu enclin à se diriger vers une telle réforme. Il ne sera guère aisé d’inverser cette tendance face à un conservatisme qui perdure depuis longtemps. On peut, néanmoins, parler d’avancée pour la Corse où la notion de langue, jadis défendue seulement par les nationalistes, sensibilise, aujourd’hui, tout le monde.

Les arrêtés Miot

La Corse, on le sait, bénéficiait, depuis 200 ans, d’une exonération des droits de succession sur les biens immobiliers. Un « privilège » corse pas toujours apprécié du côté de Paris. Suite à l’abrogation de ces arrêtés (loi du 22 janvier 2002), le cadre dérogatoire dont ils bénéficiaient prenait fin an 31 décembre 2012. Ce fut donc une période de crainte, pour la classe politique corse dans son ensemble, mais une année, également de travail pour les élus insulaires afin d’obtenir une nouvelle prorogation, le temps que le Girtec puisse procéder à une reconstitution des titres de propriétés. Lors de leur campagne législative, les futurs députés, Sauveur Gandolfi-Scheit, Laurent Marcangeli, Camille de Rocca Serra et Paul Giacobbi, s’étaient, du reste, engagés, à œuvrer dans ce sens. Une promesse tenue et un amendement déposé, dans le cadre de l’examen du budget 2003, par Paul Giacobbi, devant la commission des finances de l’Assemblée Nationale. Avec, in fine, des arrêtés prorogés jusqu’au 31 décembre 2017.

Grande criminalité : nouveau mode opératoire

Dix-neuf assassinats, trois de moins qu’en 2011, c’est le triste bilan présenté par la Corse au cours de l’année écoulée. Plus d’une centaine depuis quatre ans pour la zone la plus criminogène d’Europe. Cette année, il semblerait même, au grand dam d’un Etat plus impuissant que jamais face à cette recrudescence des meurtres, que la grande criminalité ait décidé de franchir un nouveau palier. Assassinats en plein jour, à des heures de pointe, certains face à des enfants –le dernier en date à Calvi- et un nouveau mode opératoire : choquer l’opinion publique. En outre, si, par le passé, il s’agissait de règlements de compte, on s’attaque, aujourd’hui, à des personnalités publiques. Les assassinats d’Antoine Sollacaro et Jacques Nacer en sont la triste illustration. Venus en coup de vent, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, et Christine Taubira, Garde des Sceaux, ont été jusqu’à accuser les Corses d’omerta, leur demandant « de parler », une initiative qui a provoqué la colère de la population et de la classe politique insulaire.

FLNC-UC : Le retour des nuits bleues

L’année 2012 a également été marquée par le retour en force, à compter de septembre, du FLNC Union des Combattants. Le mouvement clandestin a, notamment, revendiqué les sept attentats perpétrés contre les grandes surfaces de l’île ainsi que la nuit bleue du 8 décembre dernier au cours de laquelle 24 résidences secondaires avaient été prises pour cible.

Monseigneur Olivier de Germay, nouvel évêque de Corse

Jean-Luc Brunin, évêque de Corse depuis 2004, avait dû essuyer bien des tempêtes. Les « affaires » Elie et Polge sans oublier les scandales frauduleux au sein de l’évêché. Nommé au Havre, après huit années passées en Corse, il a été remplacé, en février dernier par Olivier de Germay, nommé le 22 février dernier et recevant la consécration épiscopale le 14 avril. Il s’agissait de la deuxième ordination en Corse, depuis 1801. Mgr De Germay a pris, rapidement, le pouls de la situation religieuse et s’est attaché à remettre de l’ordre au sein de l’Eglise de Corse.

Laurent Marcangeli élu député

On ne l’attendait sûrement pas à pareille fête. Le jeune avocat, membre de l’UMP a détrôné, en juin dernier, Simon Renucci dans son fief et remporté sur le fil (50,52% des suffrages) la bataille des législatives. Une victoire qui a provoqué des remous au sein même de la Maison Carrée. À 31 ans, Laurent Marcangeli est le plus jeune député de Corse. Une tâche qu’il accompli avec la ferveur qui le caractérise. Voilà qui nous promet une rude bataille lors des prochaines municipales.

Cantonales : Camille de Rocca Serra détrôné

C’est l’autre surprise (qui n’en est pas vraiment une). Camille de Rocca Serra, conseiller général sortant a été largement battu, lors des élections cantonales, par Jean-Christophe Angelini, sorti vainqueur dans tout le canton et notamment à Porto-Vecchio. Angelini est, après Paul-Jo Caitoculi, le deuxième conseiller général nationaliste. Camille de Rocca Serra au, néanmoins, pris sa « revanche » lors des législatives. La « belle » pour les municipales de 2014.

Xavier Bonhomme nouveau procureur

Xavier Bonhomme, nouveau patron du parquet, a été nommé en septembre dernier. Il succède à Thomas Pison et a connu, avec trois meurtres, une tentative et deux importantes séries d’attentats en septembre et décembre, une entrée en matière particulièrement délicate.

2012 c’est aussi…

Des routes corses toujours meurtrières avec 19 tués depuis le début de l’année, un chiffre, certes, de loin inférieur à 2011 (27 morts sur les routes) mais encore trop lourd pour une région comptant, dans ce domaine, parmi les plus meurtrières de France. Une précarité qui s’accroit considérablement et qui touche près de 20% de la population. Des salaires parmi les plus bas de l’Hexagone et un coût de la vie dans l’ensemble supérieur au continent augmentent le nombre de personnes en difficulté. Un taux de chômage élevé (15.500 chômeurs fin octobre, soit une hausse de 11% par rapport à 2011) et 7.400 bénéficiaires du RSA.

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