Lors de son intervention télévisée, François Hollande a révélé qu’il envisageait une nouvelle augmentation de la cotisation des retraites. En effet, les prévisions du conseil d’orientation des retraites (COR) estiment que malgré la réforme de 2010, les retraites vont rester gravement déficitaires. Pour sauver le régime de retraite les partenaires sociaux sont parvenus à un accord. La France doit trouver de l’argent.
Changement dans la continuité
Mercredi 13 mars, après sept séances de négociations, les partenaires sociaux ont conclu un accord qui prévoit de désindexer les pensions de l’inflation dans le but de sauver les régimes de retraite complémentaire (Agirc et Arrco). Pour les trois années à venir, les retraites complémentaires ne suivront plus l’augmentation du coût de la vie. Cette décision coûtera aux 11,5 millions de retraités du secteur privé. La retraite complémentaire, qui représente environ un tiers de la retraite des non-cadres et deux tiers de celle des cadres, progressera désormais et pour trois ans au mieux de 1 point de moins que l’inflation, soit quelque 1% pour commencer en 2013. Plus précisément de 0,95% en moyenne annuelle pour l’Agirc et de 1,17% pour l’Arrco. Le pouvoir d’achat des retraités devrait donc reculer de moins de 1%. En revanche les pensions ne devraient pas baisser (+1,3% prévu à partir du 1er avril). Ces nouvelles mesures ont incité les syndicats de retraités de Corse à réclamer « des mesures d’urgence en faveur des retraités », soit une allocation compensatoire d’insularité de 200€ par mois et des réductions de 50% sur les transports. Un bras de fer commence, mal vu et mal vécu dans ces temps de rigueur.
Différents régimes
Les inégalités entre régimes de retraite sont régulièrement pointées du doigt. Première inégalité, l’âge du départ à la retraite, différent selon la situation et le régime de retraite. Le COR a présenté ces différences dans un rapport. En matière d’âge de départ, par exemple entre les agents RATP et les salariés du privé, l’âge effectif de départ peut varier de près de 10 ans. Côté régime, les inégalités sont également flagrantes. Selon les pronostics du conseil, alors que la pension moyenne d’un retraité (retraites de base et complémentaires confondues) de la SNCF ou de la fonction publique d’État est actuellement de près de 23.000 euros, celle des cadres du privé est d’environ 20.000 euros et de 10.756 euros pour les non-cadres. Même s’il s’agit d’une moyenne, les estimations pour 2050 montrent que les inégalités entre le public et le privé vont s’accentuer puisque les retraites complémentaires du privé évolueront moins vite que les retraites du public. Sans compter que les pensions des fonctionnaires sont calculées sur les six derniers mois de salaire, contre les 25 meilleures années pour les salariés du privé.
Déficit programmé
Dans son rapport, la COR détaille également ses prévisions de déficit des retraites. Le déficit global des retraites devrait dépasser les 20 milliards en 2020. Le régime général des salariés du privé (Cnav et complémentaires), qui regroupe 80% des retraités, devrait à lui seul perdre 13 milliards en 2020. En deuxième position, les retraites des fonctionnaires devraient afficher un « besoin de financement » de 7 milliards à cette date. La COR a calculé les effets de la réforme de 2010 sur les déficits. Ainsi, le régime de base des salariés devrait perdre près de 17 milliards d’euros de moins que prévu en 2060, la caisse complémentaire des cadres passerait même en solde positif. Le solde du régime de retraite de la fonction publique d’État deviendrait lui aussi positif selon les calculs du COR, dès 2050. La réforme des retraites de 2010 ne permettra pas d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2018, la crise ayant diminué les recettes. Selon les derniers calculs du COR, il manquera 20,2 milliards en 2017 puis entre 19,8 et 21,9 milliards d’euros en 2020. Bref, il faut trouver de l’argent. Ultérieurement, la fin du papy-boom, pressentie à l’horizon 2030, devrait rendre les choses plus faciles. En attendant, les personnes de plus de 50 ans, issues des générations du baby-boom, sont chaque année de plus en plus nombreuses à partir à la retraite. En Corse, ce sont 32.000 actifs qui auront définitivement quitté le marché du travail d’ici 2020. Pour autant, compte tenu de la situation de l’emploi, il ne devrait pas y avoir de baisse de main-d’œuvre. Il faut bien payer les retraites…
Maria Mariana