FAITS D’AUJOURD’HUI
Que nenni !
La fête nationale et ses rites annuels. La veille, expression de la liesse populaire, ses musiciens au coin des rues, ses chants et bals, puis dans la nuit le couronnement des feux d’artifices de plus en plus grandioses au fil des ans.
Longtemps, jusqu’à une époque récente, point de départ officiel des vacances scolaires, les « cahiers au feu » attendus par les galopins. Et puis le protocole fastueux du lendemain. Le recueillement du Président ranimant la flamme du soldat inconnu, l’hommage de la gerbe à la statue général de Gaulle, fondateur et premier Président de la Ve République, puis le défilé des troupes devant la tribune officielle où les hiérarques d’un pays ami côtoient les gouvernants. Le Président de la République peut, à l’occasion, s’adresser aux Français. Manifestation annuelle de puissance et commémoration. Mais commémoration de quelle République ? On ne serait pas étonné de se voir répondre : « La Première,voyons, et la prise de la Bastille. La mère des révolutions qui en avait donné l’exemple au monde. Certains même rappelleront que Louis XVI avait chassé toute la journée lorsque tomba la Bastille. Apprenant la nouvelle à son retour, il parut étonné. »
C’est une révolte » ditil. » « Non sire, c’est une révolution. » D’autres enfin se souviendront de la commémoration d’un bicentenaire de 1789 au temps de François Mitterrand. Eh bien non. Que nenni ! La première année suivante avait bien eu lieu en juillet 1790, la fête de la « Fédération » dite « Fête de l’amour et de la fraternité ». Ce n’était donc pas la commémoration d’un massacre. Tous les délégués du pays étaient venus à Paris. La Fayette, général de la garde nationale prononça au nom de tous le serment de la fidélité à la nation, à la loi et au roi, devant Louis XVI. On cria « Vive le Roi ! Vive la Nation ! » Manifestement, cette fête de la royauté rénovée ne pouvait être celle de la République. Elle n’eut d’ailleurs pas de suite. Alors ! Alors ! D’autres, voyant la statue du général de Gaulle sur les Champs Elysées, si proche de la Tribune officielle, et impressionnés par l’importance du défilé militaire et les vrombissements de l’Escadrille de France penseront à la libération de Paris en 1944 lorsque la République fut restaurée. Pourtant la date de juillet ne correspond à aucun jour de l’épopée gaullienne et pas davantage à la date de naissance de la Ve République, le 4 octobre 1958. Eh oui, que nenni encore une fois aux réponses des uns et des autres. Mais alors, qu’est ce donc qu’on commémore ? Eh bien ne cherchons plus. Voici la réponse. La fête du 14 juillet est devenue une commémoration nationale le 14 juillet 1880 sous la présidence de Jules Grevy, lorsque la République se consolida enfin après la démission du maréchal Mac Mahon. Ce jourlà, on célébra la fête dite nationale de la Troisième République. Pendant une grande revue qui eut lieu au Bois de Boulogne le Président de la République distribua aux troupes de nouveaux drapeaux. Ce fut la première fête républicaine, dont la tradition et le protocole n’ont guère varié depuis. Celle d’une République s’installant tranquillement. On n’ose pas dire sans tambours ni trompettes. Se démarquant de cette fête tricolore, c’est seulement en 1889, neuf ans après, que fut organisée l’exposition du centenaire de la Révolution avec un énorme succès.
Une reconstitution de la Bastille y figurait et aussi la Tour Eiffel. Même si on n’évoque pas son nom c’est le président Jules Grevy qui a inauguré la tradition républicaine de la fête nationale du 14 juillet.
• Marc’Aureliu Pietrasanta