Que du bonheur !
Ah ! L’escapade insulaire du Tour de France. Que du bonheur, dans ces trois étapes entièrement en liesse ! Leur parcours couvrait toute l’île. Cent dix ans à y venir.
Pendant un siècle l’obstacle de la traversée de la mer ligure, depuis les côtes de Provence, avait paru insurmontable. Puis arrivèrent les « Ferries ». Six navires jaunes de la « Corsica Ferries » transportèrent à l’aller et au retour l’armada cycliste de douze mille passagers. Plus de deux cents coureurs aux maillots bariolés, avec leur accompagnement de techniciens et de soigneurs. Et aussi les gens de l’administration du Tour, de l’organisation du « Village » en un tournemain dés l’arrivée de chaque étape. Mis en place en quelques instants avec ses stands et tous ses services, derrière les hautes barrières, sous les toitures en chapeau chinois. Et puis aussi la caravane des automobiles et des motards, des camions et camionnettes aux enseignes publicitaires carnavalesques de tous les grands sponsors économiques et financiers. N’oublions surtout pas les deux mille journalistes et commentateurs représentant 600 médias dont 100 chaînes de télévision pour livrer à la seconde nouvelles et images de la course à des millions de téléspectateurs ou d’auditeurs répartis sur la planète. Alors on put voir combien avaient pu manquer à la couronne du Tour les joyaux que lui offrait l’Île aux Trésors.
Elle déployait ses golfes et ses anses d’une turquoise limpidité, ses plages de sable blanc et ses falaises crayeuses. Cette arrivée crépusculaire aux Sanguinaires lorsque le couchant projette ses rayons dans un ciel rouge feu comme incendié par le soleil. Et puis les superbes images des ocres calanques de Piana explorées par les drones dans leurs pics jusqu’à présent inaccessibles et inconnus dans de nouvelles perspectives. Et tout cela, ces paysages fantastiques sous l’éclat de la lumière, dans un ciel de gloire où l’escadrille de France avait inauguré le Tour de ses rubans tricolores. Mais le plus beau joyau offert aux coureurs et participants fut sans doute la ferveur des foules en liesse venues encourager par leurs cris et applaudissements l’effort et l’exploit de ces jeunes sportifs sur des routes plates, montantes et descendantes, toutes raides et chauffées à blanc par un furieux soleil suspendu sur ces gorges de pierre. Magnifique exemple pour les jeunes corses dont beaucoup se dépensent dans le Tour de Corse ou les groupes de V.T.T.
Autre leçon exemplaire, celle de cette organisation impeccable en lieu et en temps dont le sommet fut atteint à Calvi. A l’arrivée de l’étape, les départs vers Nice furent réglés avec maestria dans les cinq à six minutes qui suivirent. Coureurs, organisateurs, voitures, pièces et montants du « village » furent embarqués en un moment sur les navires de Corsica Ferries et les avions d’Air Corsica.
• Marc’Aureliu Pietrasanta