La récente grève des matins de la SNCM pose une fois de plus le problème de cette compagnie à la dérive (sans jeu de mots) vers on ne sait quel avenir. Par contre ce qu’on sait de son capital c’est qu’il est pratiquement dans les mains de la Caisse des Dépôts et Consignations qui appartient en totalité à l’Etat et qui contrôle 33% de la compagnie ce qui, ajouté à la part directe de l’Etat, 25%, donne un contrôle public de 58%. La SNCM est aujourd’hui dirigée d’une manière totalement privée et non pas comme une société publique ou, encore moins, une administration. Là n’est pas la question. La question est que l’on se propose de rendre le contrôle de cette entreprise à un groupe privé, Véolia, qui ne cache pas ses intentions en affirmant clairement qu’il a pour vocation de se débarrasser de toutes ses activités de transports. Il serait en revanche tout à fait logique que cette société de transport maritime reste au sein de Transdev qui sera demain une filiale à plus de 60% de la Caisse des Dépôts et qui est un leader français et européen du transport. C’est dans ce cadre qu’il convient d’organiser l’avenir de cette entreprise et de son personnel. A l’inverse, vouloir sortir cette société de son cadre naturel, c’est-à-dire d’un grand groupe de transport dépendant de la Caisse des Dépôts pour la renvoyer dans un groupe de services qui précisément se retire des transports, lequel prépare déjà ce qu’il appelle pudiquement pour la SNCM « l’étude de scenarii dégradés », c’est préparer son démantèlement. Pendant ce temps-là bien sûr, on s’apprête à dire qu’il appartiendra à la Corse de payer le prix fort pour maintenir à flot l’entreprise quelles que soient ses difficultés. Mais la Corse, par la voix du président du conseil exécutif de la CTC a fait savoir qu’elle n’avait nullement l’intention de mettre la main à la poche pour sauver ce chef d’œuvre en péril.
J-N.C