L’Edito d’Aimé Pietri
Il y a, comme ça, des personnes, pardon des personnalités, qui pour avoir chevauché, à n’en plus finir, des dadas symboliques se sont faits une place au soleil de la politique, de l’économie de la culture ou, mieux encore, de l’écologie. On les voit ainsi s’accrocher au fil des conjonctures et occuper les supports médiatiques mettant sous le boisseau les vrais problèmes. Ils figurent en bonne place sur les listes du protocole et ils ne sont pas les derniers, dans les cocktails, à lever leur verre à la prospérité de l’invitant. Le « fonds de commerce » qu’ils se sont constitués est difficilement transmissible et lorsqu’ils parviennent à en assurer la succession il perd évidemment toute sa valeur. De telles situations se retrouvent un peu partout à travers le monde, mais en Corse elles sont particulièrement récurrentes et semblent même faire partie intégrante du paysage depuis longtemps. On se souvient, par exemple, de ce commerçant qui agitait en permanence l’idée d’un « Bastia, ville touristique » alors que les touristes ne débarquaient que dans sa tête. On garde aussi en mémoire ce retraité de la Poste galopant sur les champs du développement économique devenu durable, bien avant l’heure, grâce à « l’autonomie de gestion » et aux « financements off shore ». Aujourd’hui, c’est sur le terreau de l’environnement que croissent et s’épanouissent les « fonds de commerce » tenus par des « attaquants de pointe » qui sans la loi littoral et sa défense intempestive, sans la lutte incessante contre la pollution envahissante (alors qu’ailleurs on admire cette île pour la pureté de ses eaux et de son couvert végétal) ne seraient tout au plus que des citoyens ordinaires. Faut-il souligner ces autres « fonds de commerce » à caractère politique dans lesquels s’investissent des républicains à toute épreuve ou des nationalistes intransigeants ? Et doit-on mettre en exergue ces « commerçants » de l’impossible qui s’acharnent à développer des concepts illusoires à seule fin de marquer leur territoire que personne, à vrai dire, ne songerait un seul instant à occuper. Ou les inviter à ne plus nous rebattre les oreilles de leurs continuelles et irritantes revendications ? Les subir reste pour l’heure la seule solution. Et espérer une alternative relève du fantasme.