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Municipales 2014 : Paul-Antoine Luciani y croit encore

jeudi 17 janvier 2013, par Journal de la Corse

Contrairement au Saint Augustin de Jérôme Ferrari qui s’interroge sur sa propre foi au moment où il expire, le premier adjoint au maire de la Ville impériale ne se laisser pas gagner par le doute.

Généralement, rien n’est plus ennuyeux que de devoir écouter, dans un silence qu’imposent le protocole et la bienséance, les vœux d’un élu local. Le texte que, la plupart du temps, il n’a pas rédigé lui-même, est d’ordinaire convenu et lissé, afin de ne froisser personne. Après qu’il ait été prononcé, il ne laisse aucun souvenir à l’assemblée qui a du en subir la récitation. Aussi, il convient de saluer l’exercice intellectuel et rédactionnel, auquel s’est récemment livré Paul-Antoine Luciani. Présentant ses vœux au maire d’Ajaccio, aux autres élus municipaux et aux services, le premier adjoint a fait œuvre d’évaluation et de vision ; resituant son action propre et celle de la municipalité dans le passé, le présent et l’avenir, ainsi que dans une réelle force de conviction politique. On était loin des traditionnelles variations sur les souhaits de santé, de bonheur, de paix et de prospérité. On n’était pas écrasé par des évocations, dénuées de mise en perspective politique, de chiffres et de réalisations. On n’était pas confronté à des propos devenus creux et insipides, à force d’avoir été voulus neutres ou consensuels. Paul-Antoine Lucian a d’abord contredit les Cassandre qui prédisent la fin de la gestion communale de gauche en mats 2014. Citant Jérôme Ferrari : « Nous ne savons pas, en vérité, ce que sont les mondes. Mais nous pouvons guetter les signes de leur fin. », il a souligné ne pas apercevoir de signes annonciateurs similaires ou comparables à ceux qui, avant 2001, permettaient de prévoir la fin la gouvernance bonapartiste. Se référant encore au lauréat insulaire du prix Goncourt : « Pour qu’un monde nouveau surgisse, il faut d’abord que meure un monde ancien », il a soutenu que rien n’indiquait, objectivement, que le monde communal ajaccien, administré par la gauche, était en en train de mourir ou qu’un autre monde était en gestation.

Trois « réalités concrètes »

Paul-Antoine Luciani a ensuite cité trois « réalités concrètes » ne pouvant, à son sens, qu’étayer son jugement : « la comparaison avec la période précédente, la valeur du travail accompli, les perspectives ouvertes par le projet urbain que nous sommes en train de construire. » Pour illustrer la comparaison avec la « période précédente », il a mis en perspective deux discours, celui qu’il tenait en tant qu’opposant en 1993 et celui qu’il était en train de prononcer en tant que premier adjoint au maire : « C’est confronter deux contextes, deux politiques d’investissement, deux systèmes de priorité, deux approches de l’intérêt public » ; soulignant que « les raisons de fond qui poussaient alors au changement de gouvernance » étaient identiques à celles déterminant l’action actuelle de la municipalité. Ensuite, pour afficher et démontrer « la valeur du travail accompli », Paul-Antoine Luciani a rappelé le dynamisme des dépenses d’investissement : « Nos investissements de l’année écoulée confirment et dépassent la moyenne annuelle de 2006 à 2010 » et cité nombre de chantiers de construction, de rénovation ou de réhabilitation réalisés ou en cours. Considérant que ces investissements et ces chantiers permettaient de grands progrès sociaux, culturels et conviviaux, il a ainsi évalué le travail accompli : « Un monde disparaît, un autre lui succède, plus beau, plus conforme aux besoins d’aujourd’hui ». Ayant évoqué le passé et le présent, Paul-Antoine Luciani a enfin esquissé l’avenir en mentionnant la troisième « réalité concrète », à savoir « les perspectives ouvertes par le projet urbain que nous sommes en train de construire. » Là encore, il ne s’est pas borné à une énumération de projets, mais s’est employé à exposer et expliquer la vision politique et sociale portée par le Plan Local d’Urbanisme en cours de validation, et la cohérence de ce Plan avec les réalisations présentes et passées de la municipalité.

Un volontarisme aussi lucide qu’affirmé

Paul-Antoine Luciani a présenté un Plan Local d’Urbanisme et une vision marqués par un volontarisme de gauche aussi lucide qu’affirmé : « Nos projets devront avancer au milieu des mille difficultés générées par la crise financière, le gel des dotations d’Etat, la rigueur budgétaire, les prêts aux collectivités locales sévèrement contingentés, les craintes et les angoisses suscitées par l’extension de la précarité et du chômage (…) L’échelon communal, celui de la plus grande proximité, est le lieu le plus pertinent pour percevoir et appréhender les besoins sociaux, la question du logement, les problèmes d’environnement. Il n’est pas le seul échelon de l’action publique, mais c’est le niveau adéquat pour développer la solidarité, organiser le territoire et améliorer le cadre de vie. » Il a ensuite souligné une continuité entre cette vision et ce qui a déjà été fait : « Il y a un lien, une logique entre ce que nous avons réalisé (…) et la vision que nous proposons d’une ville solidaire et belle, plus dense et plus décentralisée dans des quartiers bien équipés et bien desservis ; une ville écologique et économe de son espace, protégée des risques naturels et technologiques ; une ville à la vie culturelle riche, ouverte sur le monde, et fière de son identité, bref une capitale durable pour la Corse. » Manifestement, il ne l’a pas dit mais l’a fortement suggéré dans sa conclusion, Paul-Antoine Luciani croit en son action et en l’avenir de la gauche ajaccienne, et contrairement au Saint Augustin de Jérôme Ferrari qui s’interroge sur sa propre foi au moment où il expire, ne se laisse pas gagner par le doute. Marc Marcangeli devra donc batailler ferme pour espérer conquérir la Rome insulaire.

Pierre Corsi

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