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Méditerranée : Recherche pétrolière, danger !

jeudi 5 avril 2012, par Journal de la Corse

Réagissons pour éviter qu’un jour, après ceux des boues rouges, notre Ile de Beauté ait à subir les effets nuisibles des boues noires.

Etant une mer semi-fermée, la Méditerranée est un écosystème fragile. Elle est d’ailleurs déjà agressée et polluée par les nuisances résultant de la croissance démographique, de l’activité industrielle et l’agriculture intensive. En outre, le réchauffement de ses eaux provoque des modifications significatives de la biodiversité. Cette situation est d’ailleurs prise en compte par la Convention pour la protection de la mer Méditerranée contre la pollution qui a été adoptée à Barcelone en 1976 puis modifiée en 1995. En effet, les Etats riverains signataires ont pris l’engagement de tout faire pour protéger et améliorer le milieu marin méditerranéen afin de contribuer à son développement durable. Pourtant, au début des années 2000, la France a accordé un permis de recherches d’hydrocarbures portant sur une zone située au large des côtes provençales. Pire encore, après plusieurs changements de titulaires et une campagne sismique menée en 2010 et entachée d’irrégularités, un renouvellement de ce permis serait incessamment accordé. Ce qui donnerait à son titulaire le droit de réaliser une campagne sismique 3D et d’entreprendre des forages tests en offshore ultra-profond (moins 2600 m). Les scientifiques sont inquiets. Ils craignent que les ondes sonores de la campagne sismique 3D nuisent aux cétacés du tout proche sanctuaire Pelagos. Ils font observer que la zone concernée est soumise à une forte activité sismique. Ils rappellent les risques de pollutions et d’accidents inhérents que font courir les exploitations gazières ou pétrolières offshore. Ils préviennent qu’un incident constituerait une catastrophe majeure et durable pour la biodiversité, le tourisme, la pêche et l’aquaculture.

Pétition et manifestation

En cas d’incident type golfe du Mexique, la pollution pourrait commencer à atteindre nos côtes en trois jours. Il n’est que temps de réagir pour éviter qu’un jour, après ceux des boues rouges de la Montedison, notre Ile de Beauté ait à subir les effets nuisibles des boues noires des majors pétroliers. Nous pouvons d’ores et déjà le faire en signant une pétition ouverte sur le site de l’association U Levante (levante.fr). Nous pourrons également nous mobiliser le 8 avril en soutenant l’action des collectifs contre l’exploitation des gaz et huiles de schiste en Méditerranée, qui sera relayée chez nous par plusieurs associations. Côté continental, il est prévu un rassemblement national de bateaux à la Seyne sur Mer. Côté insulaire, une flottille sera constituée dans le port d’Ajaccio, et si cela est possible, dans le port de Bastia. Rendez-vous sur les quais. Certes, en ces temps de cherté et de rareté des produits pétroliers, il est tentant d’envisager la présence et l’exploitation de gisements d’hydrocarbures à proximité de nos côtes. Mais pour quel bénéfice collectif ? Outre mettre en danger l’écosystème, cela ne fait que retarder la nécessaire transition énergétique qu’imposent le réchauffement climatique et la croissance économique. Sauf si l’on considère uniquement les profits des actionnaires des compagnies pétrolières, l’avenir est aux économies des ressources fossiles et à l’utilisation optimale des énergies renouvelables, et non à l’exploitation à haut risque de gisements pétroliers ou gaziers.

Alexandra Sereni

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