L’Edito d’Aimé Pietri
Le préfet de Corse et le chef de l’Exécutif territorial sont dotés, depuis peu, et sans qu’ils en aient fait la demande, d’une garde rapprochée. Cette précaution supplémentaire, dictée par le ministère de l’Intérieur, intervient après que ces personnalités civiles ont reçu, par courrier, des menaces de mort sur fond d’affaires sordides que la presse a simplement évoquées sans toutefois aller au fond. Ces menaces, dont les tenants n’ont pas été précisés, ont provoqué une vague de réactions diverses émanant de tout bord avec ce qu’il fallait de crescendo dans l’indignation et la condamnation. Pourtant, à y regarder de près, il serait pour le moins incroyable que ces menaces soient mises à exécution. Car si tous les corbeaux allaient être efficaces la Corse se réduirait à un immense cimetière survolé par quelques volatiles de mauvais augure. Il n’empêche que ce genre d’avertissement est générateur d’appréhension et la garde rapprochée n’est pas de nature à dissiper toute inquiétude. Reste à savoir si les personnalités visées vont mettre un quelconque bémol dans le traitement des dossiers incriminés. Ce qui serait pour le moins regrettable. Mais la part de la peur ne saurait être négligée. Puisqu’elle entre dans le calcul des corbeaux et qu’elle en est souvent le moteur, allant même quelquefois jusqu’à provoquer le faux pas qui les fait tomber dans les rets de la justice. Une justice aujourd’hui plus que jamais sollicitée mais dont l’action ouvre plus souvent le champ à la critique qu’à la reconnaissance.