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Législatives : avantage aux sortants

jeudi 14 juin 2012, par Journal de la Corse

A priori, le 17 juin au soir, la Corse entérinera l’axiome « On prend les mêmes et on recommence ».

Au nord, où les sortants sont tous deux en ballotage favorable, la bataille la plus suivie avait pour cadre la première circonscription (Bastia). Le sortant Sauveur Gandolfi-Scheit (UMP) affichait son « bilan considérable » et la certitude de l’emporter. Jean Zuccarelli (PRG), bien que la partie s’annonçât très difficile, avait bataillé ferme pour porter les couleurs des gauches radicale et socialiste. Il voulait faire taire les railleurs qui, y compris dans sa propre famille politique, le décrivaient comme un « héritier ». Gilles Simeoni (Femu a Corsica) avait abandonné la circonscription Corte/Balagne pour conforter son assise à Bastia ville. La 10 juin, Sauveur Gandolfi-Scheit est arrivé en tête (10.241 voix/31,19%) devant Gilles Simeoni (8.121 voix/24,73%) et Jean Zuccarelli (7.734 voix/23,55%). Le second tour qui donnera lieu à une triangulaire, devrait être favorable au sortant. Outre bénéficier de plus de six points d’avance sur le deuxième, Sauveur Gandolfi-Scheit peut espérer mobiliser des abstentionnistes dans le sud de la circonscription, et aussi recueillir une partie des voix du Front national (2.626 voix/8%) et de Corsica Libera (1.083 voix /3,30%). Gilles Simeoni qui a confirmé la « surprise attendue » en réunissant près du quart des voix (8.121 voix/24,73%), espère créer une autre surprise en l’emportant. Toutefois son objectif le plus raisonnable sera de conforter sa deuxième place à l’échelle de la circonscription et de combler le retard de 600 voix qui le prive d’être en tête à Bastia. Cela sera difficile car, a priori, il a déjà beaucoup mobilisé » et son réservoir de reports est le plus faible : une petite partie des voix du Front National et de Corsica Libera. A moins que la dynamique aidant… Quant à Jean Zuccarelli (7.734 voix, 23,55%), ses espoirs de succès tiennent à la possibilité de mobiliser les abstentionnistes et au report massif des voix du Front de gauche (2.346 voix/7,14%). Cependant sa priorité sera d’évidence d’assurer sa première place à Bastia où il a en partie surmonté les difficultés ayant résulté des états d’âme au sein du PRG, de l’absence d’implication du PS et d’une aspiration à « en finir avec la dynastie ». Dans la deuxième circonscription (Corte/Calvi), le sortant Paul Giacobbi (PRG) est en présence d’un ballotage dont l’issue s’annonce heureuse et même sans suspense (16.970 voix /43,60%). Stéphanie Grimaldi (UMP) n’apparaît pas en mesure de l’inquiéter (9645 voix/24,78%). Femu a Corsica (4.201 voix/10,79%), le Front national (3.250 voix/8,35%), Corsica Libera (2.408 voix/6,19%) et le Front de gauche (2.258 voix/5,80%) ont été largement distancés. Le rouleau compresseur CTC/Conseil général incarné par Paul Giacobbi et Joseph Castelli a tout écrasé sur son passage et fait oublier que Nicolas Sarkozy avait été largement majoritaire dans la circonscription. Report communiste aidant, le second tour, pour le sortant, relèvera de la promenade de santé.

Tonton et Camilou devraient s’en tirer

Au sud, les sortants sont en ballotage plutôt favorables mais devront ne rien lâcher. Le sortant et maire d’Ajaccio, Simon Renucci, est devancé dans la première circonscription par Laurent Marcangeli (UMP). Le prétendant totalise 8.282 voix (30,75%) alors que le sortant ne réunit que 7.914 voix (29,39%). En outre, Laurent Marcangeli peut se féliciter d’être arrivé en tête à Ajaccio. (4.623 voix, 34,63%) et d’y devancer de près de 800 voix le député maire (3.877 voix, 29,04%). Même s’il espère capter une partie des abstentionnistes, les suffrages du Front National (2.767 voix, 10,27%) et ceux du radical valoisien (1.301 voix, 4,83%), le candidat UMP ne semble pas en mesure de l’emporter. Simon Renucci peut lui aussi compter sur la mobilisation d’abstentionnistes, ainsi que sur les suffrages Front de gauche de Paul-Antoine Luciani (2.040 voix, 7,57%). Il devrait aussi pouvoir bénéficier du report d’une majorité de voix nationalistes, les candidats de cette mouvance n’ayant pu se maintenir et ayant respectivement obtenu 2.423 voix soit 9% (Romain Colonna, Femu a Corsica) et 1.785 voix soit 6,63% (Paul-Mathieu Leonetti, Corsica Libera). Cela étant, le député maire d’Ajaccio n’est pas totalement à l’abri d’une mauvaise surprise. Camille de Rocca Serra est un peu dans la même situation. Il devrait conserver son siège. Toutefois, rien n’est gagné car le second tour relèvera beaucoup du « stop ou encore pour Camilou ». Or le sortant est loin d’être idolâtré. Toutefois il dispose d’ores et déjà d’une confortable avance (10.662 voix, 33,00%) sur celui qui est désormais son seul rival, à savoir l’autonomiste Jean-Christophe Angelini (6.860 voix, 21,23%). Le sortant peut d’autant plus être optimiste que la plupart des suffrages Front national lui semblent promis (3.174 voix, 9,82%) et qu’il a psychologiquement marqué un point en prenant la première place à Porto-Vecchio avec 2.121 voix (40,69%) contre 1.834 voix (35,19%) à son rival. Autres avantages pour le sortant, le socle électoral des candidats de gauche éliminés, Paul-Marie Bartoli (5.431 voix, 16,81%) et Dominique Bucchini (3.509 voix, 10,86%), est loin de constituer un fan club de Jean-Cristophe Angelini. Une appréciation qui vaut aussi pour le noyau dur des électeurs de l’indépendantiste Paul Quastana (2.596 voix, 8,04%), d’autant que ce denier a clairement fait savoir qu’il n’appellerait pas au report des suffrages indépendantistes vers le candidat autonomiste. En réalité, pour l’emporter, Jean-Christophe Angelini ne peut guère compter que sur un front du refus qui affecterait le sortant et se traduirait en vague électorale. Ce qui relèverait plutôt de l’utopie.

Pierre Corsi

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