Quelle est votre analyse du premier tour ?
Il s’est globalement déroulé de façon satisfaisante. On peut noter quelques tendances : notre résultat, tout d’abord, en nette augmentation par rapport a celui réalisé en 2007 ; Les résultats du député sortant qui, en perdant 20 points en l’espace de 5 ans, confirme ce que l’ensemble des observateurs s’attachaient à souligner durant la campagne : le rejet de son bilan et plus encore, de la perspective politique qu’il incarne. Enfin, on peut noter que plus des deux tiers des électeurs ont porté leurs suffrages sur des candidats opposés au sortant (plus de 20000). Tous ces éléments me semblent donc excessivement positifs.
Votre concurrent arrive en tête alors qu’il avait été battu aux territoriales et aux cantonales. Comment l’expliquez-vous ?
Par deux facteurs. Le premier, c’est qu’il est sortant depuis une décennie et surtout, que sa famille politique détient ce siège depuis 1952…il y a donc une vieille habitude du pouvoir, conjuguée à un système clientéliste particulièrement bien rodé. Et surtout, un contexte national. Nicolas Sarkozy est arrivé largement en tête dans la circonscription, il y a à peine un mois. Il est légitime qu’une partie de ces suffrages se reportent sur le candidat investit par l’UMP. Ceci étant dit, je n’ai aucun doute, au vu des difficultés majeures rencontrées par le sortant, concernant les résultats du second tour.
Que pensez-vous du score réalisé par Femu a Corsica, dans 4 les circonscriptions de Corse ?
De l’avis général, nos résultats marquent un tournant dans l’évolution politique, et donc électorale, de Femu A Corsica. Bien qu’opposés à une multitude de candidats bien installés, Romain Colonna et Xavier Luciani confirment la percée des territoriales et des cantonales. Ils réalisent, dans un contexte difficile, d’excellentes prestations, fruits de campagnes menées tambour battant, autour d’un projet dénué de toute ambigüité. Quand à Gilles Simeoni, et à moi-même, nous sommes pour la première fois qualifiés pour le second tour. En soi, il s’agit d’événements d’une portée politique considérable. Une victoire ce dimanche viendrait confirmer l’ensemble de ces tendances, et donneraient à notre courant politique une assise et une légitimité résolument nouvelle.
C’est votre troisième duel consécutif avec le candidat de l’UMP. Les estimations vous placeraient en ballotage favorable pour le second tour. Qu’en pensez-vous ?
Nous sommes aujourd’hui confrontés à un choix particulièrement simple : Le député sortant incarne l’immobilisme, l’inaction et plus encore, une politique gouvernementale et parlementaire assez désastreuse. Alors même que sa famille politique était majoritaire à l’Assemblée Nationale, au Sénat, au gouvernement, à l’Elysée et jusqu’ à l’Assemblée de Corse, durant près d’une décennie, aucun des dossiers structurants pour notre avenir n’a pu sérieusement avancer. Avec Femu a Corsica nous incarnons le changement, la dynamique, la volonté d’initier des stratégies nouvelles en étroite collaboration avec les élus locaux et l’ensemble de la population. Cette conception alternative du mandat parlementaire est aujourd’hui plébiscitée par des dizaines de milliers d’électeurs. En devenant majoritaire lors du second tour, elle donnera a la Corse des nouvelles raisons d’espérer, permettra l’ouverture d’un cycle plus vertueux de relations avec l’Etat et favorisera l’émergence d’une culture de projets au sein même du palais Bourbon.
Le report des voix de gauche, de Corsica Libera et les abstentionnistes seront, néanmoins, décisifs, ce dimanche. Qu’en pensez-vous ?
Incontestablement, oui. C’est pour cette raison que je veux m’adresser, non pas uniquement à ceux qui ont voté pour nous dimanche dernier, mais à tous ceux qui se sont prononcés en faveur du changement. Chacun sait que Femu a Corsica et Corsica Libera ont de très nombreuses revendications essentielles en commun. Je ne doute donc pas de la volonté des électeurs de Paul Quastana de contribuer, à nos coté, à une large victoire le 17 juin. Concernant l’ensemble des électeurs de gauche, j’ai été très clair tout au long de la campagne. Je suis résolument prêt à travailler avec l’actuel gouvernement, et la future majorité parlementaire, contrairement au député sortant qui se verrait cantonner à une opposition de principe, sans aucune perspective sérieuse. Je veux être le député du rassemblement, qui respectera la diversité des opinions manifestées tout autour de lui, mais en incarnant une ligne claire, au service des intérêts collectifs de notre circonscription.
Propos recueillis par Philippe Peraut