Stéphanie Grimaldi, conseillère territoriale, maire de La Porta.
Certains la considèrent comme la passionaria de la Droite en Haute-Corse. Elle s’en défend, ne voulant être qu’une femme simplement passionnée par la politique au seul service des citoyens et des citoyennes de la 2e circonscription de la Haute-Corse qu’elle voudrait représenter à l’Assemblée nationale. Déjà, en 2007, elle avait donné du fil à retordre à Paul Giacobbi, son principal adversaire se payant même le luxe de lui mettre quelques longueurs d’avance au premier tour. Y parviendra-t-elle aujourd’hui ? Elle veut en tout cas faire sienne la maxime de Guillaume d’Orange : « Il n’est point nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. »
Comment allez-vous aborder l’élection législative dans votre circonscription ?
Avec détermination et sérénité. J’aime aller à la rencontre des électeurs pour défendre mes convictions. Les résultats des présidentielles dans la circonscription sont encourageants et témoignent de l’ancrage à droite de ce territoire. Toutes les communes importantes ont donné une large majorité à Nicolas Sarkozy : Calvi 74,5%, Corte 51,7%, L’Ile Rousse 62,5%, Ghisonaccia 67%, Aleria 66%, Prunelli 66,1%… Je rappelle qu’il s’agit d’une élection nationale, qui débouchera sur la constitution d’une majorité parlementaire. Les Corses ont massivement rejeté le programme de la gauche, en plébiscitant le candidat libéral. La logique voudrait que dans le prolongement de leur choix, ils élisent des députés de droite.
L’action du député sortant y a-t-elle été particulièrement remarquable ?
Non, justement ! Le député sortant n’a pas mis à profit ses deux mandats de parlementaire, pour défendre les intérêts de la Corse, à l’Assemblée nationale, comme ont pu le faire les deux députés UMP de l’île. Il est regrettable qu’en dix ans, il n’ait pas jugé bon de s’investir. Par contre, il revendique ensuite, ce qui a été obtenu par les autres ; le plus bel exemple, étant la prorogation du crédit d’impôt pour les investissements en Corse, fruit d’un amendement de Camille de Rocca Serra, co-signé par Sauveur Gandolfi-Scheit. Pas de travail d’amendement, pas de proposition de loi. Quelques questions quand même, soyons honnêtes, mais sur des sujets qui ne traitaient, pas des dossiers insulaires. Il se félicite de ses 68 « Questions » à l’Assemblée nationale !! Si on regarde d’un peu plus près et qu’on enlève les 54 questions écrites, qui n’ont qu’une portée relative, il lui reste 3 questions orales sans débats, et, moyen d’intervention le plus efficace, 11 questions au Gouvernement. Parmi ces interventions à mettre à son crédit, 2 concernent la Corse et portent plus précisément sur la violence... Sinon, il s’est intéressé aux ressources maritimes de Saint-Pierre et Miquelon, à la crise sous toutes ses formes, au programme nucléaire iranien, au G20, ou encore aux inondations au Pakistan !
Que lui reprochez-vous plus particulièrement ?
Nous sommes dans une bataille électorale et nous représentons, chacun, un camp politique, lui à gauche, moi à droite. Nous sommes donc adversaires. Ce qui me gêne, c’est surtout le mélange des genres. La présidence du Conseil général de la Haute-Corse, cumulée depuis deux ans à celle du Conseil exécutif, lui ont permis de maintenir une emprise sur les élus locaux, au-delà même, de sa famille politique. C’est pour ma part, une grave entorse à la démocratie, que je n’ai cessé de relever depuis plusieurs années. En 2007, il avait remporté l’élection de cette manière. Des élus m’avaient clairement dit, que s’il ne dirigeait pas le Conseil général, il n’aurait pas été suivi. Voilà une vision dépassée, qui ne sert pas l’intérêt général. Nous n’avons pas la même conception de la chose publique et du mandat électif. Loin de considérer notre île, comme une terre d’élection, pour assurer une « carrière » politique, je veux œuvrer pour la Corse où je vis, travaille et élève mes deux enfants.
Et quelles sont les principales lignes du programme que vous allez proposer au corps électoral ?
Etant donné que nous sommes dans une élection nationale, le programme est celui de ma famille politique. Concrètement, je défends l’assainissement des finances publiques, pour permettre à notre pays de créer les conditions d’une croissance durable et partagée, en restant maître de son destin. La valorisation du travail et de la solidarité, face une politique d’assistanat, prônée par la gauche. Je dénonce aussi les risques liés au droit de vote des étrangers aux élections locales, une mesure discriminatoire et injuste, pour ceux qui ont fait le choix de l’intégration, en demandant la naturalisation...etc... Je ne vais pas vous égrainer le programme national, mais la ligne directrice de la campagne, c’est bien sûr l’avenir de notre pays et la maîtrise de notre destin, qui nécessite le désendettement de l’Etat. Après, la règle d’or imposant à l’Etat, de présenter un budget en équilibre, reste maintenant à appliquer des mesures de maîtrise des dépenses, dans les collectivités locales. Un pays endetté est un pays affaibli et en danger... Et la gauche nous conduit vers cette dérive. Seule une cohabitation, peut enrayer cette spirale, en poursuivant les efforts déployés depuis 2008 et qui nous ont permis, de résister mieux que d’autres, à la crise. Il s’agit bien là d’une élection nationale, puisque les électeurs feront par leur vote un choix politique, en faveur d’une politique ou d’une autre. Nous ne sommes pas dans une élection locale. Soit on veut une majorité de gauche, soit on veut une majorité de droite, et on vote en conséquence... Au-delà, le rôle du parlementaire, surtout dans une région insulaire à statut particulier comme la nôtre, consiste également à défendre les intérêts du territoire, qui l’a mandaté. La Corse a besoin de ce lien. Si les électeurs m’accordent leur confiance, je m’attellerai notamment à instaurer un service minimum dans les transports maritimes, pour en finir avec ces situations de blocage récurrentes. Je tâcherai d’obtenir la concrétisation du CDI saisonnier pour offrir aux jeunes corses des emplois pérennes et qualifiés. Je proposerai de proroger l’Arrêté Miot comme s’y était engagé le Président sortant. Je travaillerai enfin à doter les langues régionales d’un véritable statut.
Êtes-vous sûre d’avoir conservé les électeurs et électrices qui ont voté pour vous en 2007 ? Ou d’en avoir acquis de nouveaux ?
La seule chose dont je sois sûre, c’est que notre circonscription a besoin d’un député de proximité. Il doit défendre au mieux les intérêts de la Corse, en répondant à la fois aux attentes de ses concitoyens et en s’impliquant dans son rôle de législateur. Les électrices et les électeurs ne sont pas des actifs patrimoniaux, que l’on conserve, que l’on acquiert ou autre. Ils sont libres de choisir. Si je lis entre les lignes de votre question, je vois bien que vous faites référence au revirement de certains élus locaux. C’est leur choix, pas le mien. Pour ma part, je m’adresse aux citoyens qui votent en leur âme et conscience. D’un côté, se complaire cyniquement dans l’immobilisme et un certain mépris de la Corse. De l’autre, la voie du courage et de la justice au service de la population. Je ne doute pas de la lucidité des électeurs.
Comment allez-vous effectuer le sprint final ? Avec la rage du désespoir ? Ou la certitude de franchir victorieusement la ligne d’arrivée ?
Quand on se présente à une élection, c’est pour gagner ! En 2007, on me posait la même question. Mon adversaire devait gagner au premier tour. Au soir, de ce fameux premier tour, j’étais en tête de plus de 800 voix. Je suis donc confiante. Il ne s’agit pas de gagner pour gagner, mais bien d’œuvrer pour la Corse. Accompagner notre jeunesse est un axe fort de ma campagne. Je veux leur offrir d’autres perspectives, que de trouver une « place » au Conseil général, ou de devoir partir travailler sur le continent. Notre île regorge de forces vives et de talents qu’il faut aider à s’épanouir. L’engagement politique se construit sur le long terme, et doit pouvoir apporter des réponses aux attentes, des générations futures. Dans un monde décloisonné et instable, la Corse doit faire le pari de l’excellence et de l’avenir pour ses enfants. J’ai des propositions à faire, des démarches à accompagner, des projets à concrétiser. Si les électeurs me font l’honneur de les représenter, je me battrai pour faire gagner la Corse. Je leur demande de me faire confiance et de se faire entendre.
(Interview réalisée par Pierre Corsi)