Le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe vient de publier son rapport après sa visite en Grèce en février dernier. C’est un véritable cri d’alarme que pousse ce haut fonctionnaire quant à la situation du racisme en Grèce et à la montée du néonazisme. Nous en publions quelques extraits significatifs.
I. Les crimes racistes et de haine en Grèce - la nécessité d’une action urgente
Le commissaire est gravement préoccupé par l’augmentation des crimes racistes et haineux en Grèce, qui visent principalement les migrants et constituent une grave menace pour l’État de droit et la démocratie. Un certain nombre d’attaques signalées ont été liées à des membres ou à des sympathisants, y compris des députés, du parti politique néonazi "Aube Dorée" qui a remporté des sièges au parlement en juin 2012. Tout en se félicitant du fait que les autorités grecques ont adopté de nouvelles mesures pour lutter contre la violence raciste, le commissaire déplore que le discours stigmatisant les migrants a été largement utilisé dans la politique grecque et que les mesures de contrôle de l’immigration ont conduit à une plus grande stigmatisation des migrants.
II. La lutte contre l’impunité des auteurs de crimes haineux ; l’accès des victimes à la justice et à la protection
Le droit international, notamment la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et la Convention européenne des droits de l’homme, qui sont ratifiés et ont une force supra légale en Grèce, rendent possible l’imposition de sanctions dissuasives et des restrictions, pénales et autres sur les activités des personnes qui militent et sont impliquées dans des cas de crimes haineux ou racistes. La même chose vaut pour les activités des organisations politiques, dont les partis comme le parti néonazi "Aube Dorée", sur lequel il devrait être possible d’appliquer des sanctions ou une interdiction effective si nécessaire. Le droit grec, bien qu’insuffisamment ou totalement inutilisé jusqu’à présent, a le potentiel de réduire et de prévenir les manifestations de discrimination raciale et d’autres formes de discrimination par les individus et les organisations politiques. Le Commissaire invite les autorités à accélérer la modernisation de la législation anti-racisme et à mettre en œuvre la formation continue systématique et la sensibilisation à la loi anti-discrimination à tous les policiers, garde-côtes, fonctionnaires, avocats et juges.
III. Le rôle des autorités de police dans la lutte contre le racisme et les crimes haineux
Le Commissaire est profondément préoccupé par les informations persistantes de mauvais traitements, y compris la torture, commis par des agents de la force publique, notamment contre les migrants et les Roms… Le profilage ethnique par la police grecque est aussi un grave sujet de préoccupation…
IV. Asile et droit de l’immigration et de la pratique - certains défauts majeurs qui doivent être corrigés
Le Commissaire… exhorte les autorités à mettre fin à la politique coûteuse et largement inefficace de détention des migrants et à fournir des alternatives possibles dans le droit et la pratique, en s’appuyant sur l’expérience d’autres pays européens. Dans le même temps, la nécessité est soulignée pour la Grèce de s’assurer que tous les migrants détenus ont un accès adéquat aux soins de santé. Les experts des ONG peuvent jouer un rôle important dans ce contexte. Le Commissaire appelle également les autorités à assurer une protection efficace aux migrants mineurs non accompagnés, qui sont souvent laissées sans aucune aide et qui sont extrêmement vulnérables à la violence raciste et à diverses formes d’exploitation. L’accès à un système efficace de tutelle et de mécanismes adéquats de protection de l’enfance devrait être mis à disposition en priorité. Le rapport complet est disponible en anglais sur le site du Commissaire pour les droits de l’homme du Conseil de l’Europe
GXC