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Le Cavaliere désarçonné

jeudi 23 juin 2011, par Journal de la Corse

Après avoir été battu aux municipales en mai, Silvio Berlusconi connaît un nouveau revers électoral à l’occasion d’un référendum portant sur trois questions : l’énergie nucléaire, la libéralisation de la gestion de l’eau et l’ouverture du capital social des sociétés publiques à hauteur de 40 % et l’empêchement légitime. Cette loi aurait permis à Berlusconi d’échapper aux foudres de la loi en invoquant les obligations liées à sa fonction à la façon française.

Des résultats catastrophiques pour Berlusconi

Berlusconi a été battu sur les trois questions. L’Italie, tout comme la Suisse et l’Allemagne, fait donc ses adieux au nucléaire. La France va bientôt être le seul pays à vouloir conserver ses centrales. Mais pire pour le Cavaliere : il va devoir répondre de ses frasques devant les tribunaux. Il est notamment accusé de corruption et d’incitation présumée à la prostitution de mineure. L’opposition réclame donc sa démission. Son ancien allié, le président du Parlement, Gianfranco Fini, a également abondé dans ce sens. Mais le pire est à venir pour le président du Conseil. La Ligue du Nord, son principal soutien, a déclaré par la voix de Roberto Calderoli, ministre de la Simplification des lois et numéro trois du parti raciste..« Nous sommes fatigués de prendre des gifles ! ». Cela signifie que les troupes de la Ligue du Nord veulent désormais couper avec cet homme qui accumule les défaites. Il y a moins d’un mois, le parti de Silvio Berlusconi, le Peuple de la liberté (PDL) avait notamment perdu Milan, capitale du nord italien, fief du Cavaliere, sa ville natale, où il avait fait ses études de droit, avait bâti les premiers pans de son empire et entamé dans les années 1990 sa carrière politique.

L’ultimatum de la Ligue du Nord

La Ligue du Nord a posé un ultimatum à Silvio Berlusconi. La Ligue veut notamment que l’Italie négocie avec Kadhafi et renonce à soutien aux opérations menées par l’OTAN en Libye. La Ligue exige également une réforme fiscale avec à la clef des réductions d’impôts et une baisse de la TVA pour relancer les moteurs des PME en pleine déprime, notamment dans les fiefs de la Ligue situés au nord du pays. Enfin la Ligue n’oublie pas son thème majeur : celui d’une fédéralisation de l’Italie, façon espagnole qui aboutirait à l’autonomie du nord de la péninsule. Le problème est qu’une telle opération coûterait des centaines de millions d’euros, somme que l’Italie en grande difficulté financière ne peut avancer sous peine de voir sa note économique une nouvelle fois dégradée. La Ligue a donné comme date butoir le 22 juin prochain.

Une situation économique catastrophique

Durant la décennie Berlusconi, la croissance italienne n’aura été que de 0,25% par an, c’est-à-dire rien. Avec cruauté, le grand journal britannique « The Economist » souligne que, dans le monde, seuls le Zimbabwe et Haïti font pire. Le bilan du Cavaliere est donc celui du plus grand immobilisme ce qui en économie signifie recul. Or cela fait dix-sept ans que Berlusconi dirige le pays tout en étant poursuivi pour fraude fiscale, corruption, abus de pouvoir et prostitution de mineure. L’Italie berlusconienne possède des universités vétustes, sa recherche réduite à néant. Les PMI stagnent faute de concurrence est trop faible. Le chômage est croissant. Mais surtout la dette atteint 120% du PIB, le double de la France. Le résultat est que les fleurons de l’industrie italienne se font dévorer par leurs concurrents. Et, au contraire de la France, ce sont les baronnies de l’industrie qui souffrent le plus. Cette immobilisme a tout de même un bon côté : le déficit est contenu et n’est que de 4% du PIB, contre 7% en France. Ajoutons à cela que l’Italie n’a pas créé de bulle immobilière et que son endettement privé reste supportable. Une Italie en très mauvais état Pour l’heure, les agences de notation n’ont pas accablées l’Italie et les spéculateurs l’ont plutôt ignorée. Mais pour combien de temps ? La Grèce s’oriente vers une faillite et vraisemblablement une sortie de l’euro. Les PIGS (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne) se portent de plus en plus mal et leur taux d’endettement coûtent de plus en plus cher à l’Europe mettant en danger l’euro, vraisemblablement condamné d’ici cinq ans. L’Italie va devoir bouger et pour bouger elle va sacrifier Berlusconi, un premier ministre ubuesque. En définitive, ce clown politique n’aura été que l’expression d’une Italie malade et d’une Europe incapable de se construire sur des bases sociales. On parle aujourd’hui d’un plan d’austérité de 45 milliards d’euros pour une Italie déjà à bout de souffle. C’est une annonce faite aux spéculateurs du monde entier. L’Europe se tiers-mondisme et des pays entiers sont à vendre. Hélas !

GXC

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