La nouvelle Constitution hongroise rédigée par une extrême-droite populiste, s’est imposée à l’Europe sans que celle-ci ne parvienne à réagir. Elle devient donc l’oriflamme des partis tentés par le repli ethnico-religieux au détriment d’une ouverture nécessaire et d’une plus grande justice sociale.
Une constitution profondément réactionnaire
Le terme de réaction a été créé par Karl Marx qui croyait en sens fléché de de l’histoire. Il qualifiait de réaction l’attitude qui consistait à vouloir le ralentir voire l’inverser. Un an et demi après sa victoire électorale, Viktor Oban entraîne son pays sur des chemins nationalistes et autoritaires. Son parti, le Fidesz, qui contrôle 68 % des sièges au parlement, à travers la nouvelle Constitution, place la Hongrie (qui n’est plus définie comme une République) sous le signe de Dieu et de la Sainte Couronne. La « nation hongroise » devient une réalité ethnique qui réunit ensemble les citoyens de Hongrie et tous les membres des minorités hongroises de Roumanie, Slovaquie, Serbie et Ukraine, qui accèdent au droit de vote. La nouvelle Constitution fait de l’embryon un être humain dès sa conception et du mariage le lien uniquement entre un homme et une femme excluant les homosexuels. Les sans-abri peuvent être sanctionnés par des peines de prison ce qui vise outre les plus pauvres la minorité Voilà pour la partie « morale ». Viktor Orban a fait voter au passage un ensemble de 200 lois qui mettent fin à l’indépendance de la presse et des médias, de la justice et de la Banque centrale du pays. Au niveau politique, le parlement a désormais le droit de modifier l’ordre du jour et de promulguer des lois sans débat. Les titulaires de postes importants de l’appareil d’État voient leur mandat prolongé de neuf à douze ans. Un nouveau mode de scrutin favorise largement le parti qui arrive en tête. Bref la Hongrie s’éloigne de l’Europe qui ne sait que faire. Le florint devient la monnaie nationale. La réponse a été une chute libre pour une monnaie qui répond d’une économie en vrac.
Un modèle pour des sociétés en déshérence
L’aventure hongroise est dangereuse à plusieurs titres. Elle démontre d’abord qu’avec l’Europe un petit Munich (celui de 1938) est toujours possible. Au lieu de rompre les liens avec ce régime dont la Constitution bafoue plusieurs des principes fondateurs de l’Europe (ce qui avait été fait avec l’Autriche d’Haider), celle-ci va vraisemblablement verser à la Hongrie plusieurs centaines de millions d’euros prévus de longue date. Cette impuissance est un encouragement aux extrémistes de tous poils qui ont bâti une véritable stratégie de prise du pouvoir en Belgique, en Italie ou en France. Par ailleurs, l’impasse que représente aujourd’hui la crise du système capitaliste, le pillage éhonté des finances publiques par les banques. Ainsi 5.000 milliards (oui il n’y a pas d’erreurs de zéro) vont être prêtés dans les trois à venir aux pays européens et aux banques afin de les renflouer. Le besoin de financement des banques sur la seule année 2012 est évalué à plus de 800 milliards d’euros et, comme la mauvaise monnaie chasse la bonne, les prêts au taux imbattable de 1 % de la BCE risquent de se substituer aux autres formes de crédit au secteur financier. En d’autres termes, les banques vont prendre l’argent public pour le prêter aux États à un taux supérieur. Or les programmes des extrêmes finissent par se ressembler à force de prêcher le souverainisme au lieu de prôner un changement total de modèle. Les peuples se préparent à croire aux sornettes des extrêmes, aux solutions miracle. L’Europe par son impuissance face à la folie hongroise creuse, à force d’impuissance, sa propre tombe. Un tel schéma est aussi observable aux Etats-Unis notamment dans les rangs Républicains. C’est particulièrement dramatique pour l’Occident qui devrait au contraire tendre les mains aux pays émergents qui représentent l’avenir de l’humanité tant sur le plan démographique qu’économique.
GXC