Le conseiller général du premier canton de la Corse-du-Sud et conseiller municipal d’Ajaccio s’engage dans la bataille des législatives. Une échéance importante, de surcroît un mois après les présidentielles. Porte-drapeau d’une droite de nouveau rassemblée autour d’un même projet, l’Ajaccien brigue un mandat de député et nous expose, dans cet entretien, ses grands axes en cas d’élection.
Un an après avoir été élu conseiller général, vous êtes présent aux élections législatives. Qu’est ce qui vous a conduit à poser votre candidature ?
Ce choix, qui est le fruit d’un cheminement de six mois s’est dessiné dès l’an dernier à la suite d’une réflexion que j’ai entamée. De nombreuses personnes, au sein de mon entourage, considéraient que je pouvais faciliter le rassemblement au sein de ma famille politique dès le premier tour des législatives. Ensemble, nous avons donc réfléchi à la manière d’aborder cette échéance, en songeant, avant tout, à retrouver l’union. On a compris qu’il ne fallait pas rééditer les erreurs du passé, notamment lors des précédentes législatives. Ce travail effectué en amont m’a, ensuite, conduit à présenter officiellement ma candidature fin 2011 puis à bénéficier de l’investiture de l’UMP courant janvier. Mais je n’ai pas voulu m’arrêter là.
C’est-à-dire ?
Dès le début, j’ai prôné l’union au sein de ma famille politique. C’était une nécessité. De ce fait, j’ai travaillé dans le sens d’un rassemblement. Par le passé, nous avions perdu trop d’échéances électorales du fait de cette désunion, notamment à Ajaccio. Or, ces désunions de premier tour impliquent toujours d’énormes difficultés de rassemblement lors du second tour. J’ai donc fait le chemin inverse en essayant de rassembler d’abord. Aujourd’hui, le soutien du CCB, de l’ensemble des membres de la majorité départementale, de mes alliés du conseil municipal et de nombreux maires du rural montre que ce challenge a été enfin relevé. C’est une « première » au sein de ma famille politique depuis dix ans. Nous allons présenter un visage uni.
Le choix de l’investiture s’est porté sur vous. Cela s’inscrit-il dans une logique ?
C’était un point, certes, très important mais ce n’est pas la seule clé de cette élection. Comme je l’ai fait lors de l’élection cantonale et comme je le ferai durant toute ma vie politique et publique, j’avance démasqué, en totale transparence. Les gens savent où je suis, d’où je viens, mais je ne pourrai pas être élu en étant seulement le candidat de l’UMP. Je n’ai, du reste, jamais cru qu’une étiquette politique soit la clé de tout. J’ai prévenu les militants et sympathisants UMP : il va falloir accepter, dans cette campagne, que j’aille vers les autres. Au delà de la simple élection législative, il y a la perspective d’une totale réinvention de la droite. Et si l’on veut rassembler la population, on ne peut pas s’enfermer derrière un appareil politique. Ce n’est pas ma manière de voir les choses. J’ai toujours été très clair sur ce point, je crois sincèrement que les partis politiques sont là pour servir et non pour être servis.
Quel est votre objectif, désormais ?
Remporter cette élection afin d’être pleinement un parlementaire et porter la voix de la Corse. Il y a quatre axes sur lesquels je souhaite m’exprimer dans cette campagne. Le premier concerne le rôle d’un député. Il doit avoir une attitude au regard du monde dans lequel nous vivons. Un monde qui connaît des difficultés, des bouleversements géopolitiques, économiques, des crises qui forcent les gouvernants à avoir une politique responsable notamment dans la gestion des finances publiques. Un parlementaire vote, chaque année, le budget de la nation, et j’aurai, en ce qui me concerne, une attitude extrêmement prudente et rigoureuse au niveau de l’examen des comptes publics. Mon deuxième axe, c’est la précarité. La crise a créé beaucoup de difficultés à ce niveau. C’est un problème que je connais tout particulièrement en tant que conseiller général délégué à l’action sociale et à la santé. Et nous sommes justement face à cette précarité en matière de santé, logement ou d’emploi. Le troisième axe, c’est la manière, à mon sens, d’être un député. Quand on est député de la Corse, on porte une voix particulière parce que la Corse est une région particulière. Je pense que le territoire de la première circonscription de la Corse-du-Sud, et je dis cela sans susciter aucune polémique, a été complètement inaudible et muet pendant dix ans. Or, quand on est député de la Corse, on doit faire passer les intérêts de la Corse d’abord. Je n’hésiterai donc pas à participer à des travaux qui concernent la Corse si j’estime qu’ils vont dans le bon sens, même s’ils sont portés par une autre famille politique que la mienne. Comme je n’hésiterai pas, si ma famille politique est dans l’erreur, à le dire. C’est la voix de la Corse qui prime. Je serai un député libre. Quant au quatrième axe de mon programme, il concerne les propositions pour la Corse car elle est au centre du projet. Il faut, aujourd’hui, à mon sens, une véritable réflexion sur l’avenir institutionnel de l’île. Pour, justement, doter les institutions de moyens financiers correspondant à leurs compétences. La CTC a des compétences énormes mais elle n’a pas les moyens de les exercer. Et il faudra légiférer pour que cette institution soit enfin dotée des moyens nécessaires. Au-delà de cela, le débat sur l’avenir institutionnel de la Corse reviendra sur le devant de la scène. Et sur ce terrain précis il ne faudra pas rester dans une position conservatrice. C’est la raison pour laquelle il faudra un député plus remuant que le précédent qui agisse au sein du parlement et de l’assemblée nationale pour défendre la Corse et la préparer à se tourner vers l’avenir. Nous avons une identité, on doit en être fier, il faut la défendre et la porter. Il y a des dossiers tellement importants comme la langue, par exemple. J’ai souhaité la victoire de Nicolas Sarkozy lors de l’élection mais je suis favorable à la signature de la charte sur les langues minoritaires. En tant que parlementaire, je prendrai mes responsabilités à ce niveau là, c’est un enjeu important. Ensuite, il convient d’évoquer l’avenir économique. Sur ce point, Nicolas Sarkozy avait proposé, lors de sa venue, un nouveau PEI de l’ordre de 400 millions de plus dont 40 millions destinés à la formation professionnelle. Le député élu devra faire passer ce projet tout comme réfléchir aux conditions de la pérennisation des emplois saisonniers en Corse, à la nécessité de débattre sur la prorogation du crédit d’impôt, aux arrêtés Miot, à l’agriculture. Sur ce point précis, nous sommes face à une crise des vocations et s’il n’y a pas de relève, si on ne favorise pas les jeunes afin qu’ils puissent s’installer et vivre de leur production, on tue le rural, l’intérieur et notre identité.
Quel message souhaitez-vous faire passer à l’occasion de cette élection ?
Il est surtout question de l’avenir de la Corse. Le prochain député devra être en phase avec son temps et je suis convaincu que je serai le seul à porter ce message, ces valeurs d’une Corse tournée vers l’avenir tout en conservant son identité. Nous ne sommes pas une région comme les autres et il faudra pendant les cinq prochaines années que la 1ère circonscription de Corse-du-Sud soit représentée par un parlementaire qui ait un véritable projet mais surtout une autre vision. Ce n’est pas seulement une vision patrimoniale du mandat, on n’est pas propriétaire de notre mandat, quel qu’il soit. Je veux, pour ma part, insuffler une nouvelle manière de faire de la politique. Et les gens veulent un élu qui leur soit proche.
Cette élection, au sein de laquelle vous êtes face au député sortant, ne laisse t-elle pas présager les municipales de 2014 ?
Chacun aura sa lecture de l’élection. Personnellement, je reste fixé sur 2012 sans songer aux autres échéances, ni ériger de plan. Si je me suis engagé en politique, c’est pour changer le quotidien des gens. Je ne suis pas candidat à la gloire, je ne pense pas à 2014, je veux simplement être élu en tant que député afin d’agir au mieux dans le cadre de cette fonction.
Que vous inspire l’élection de François Hollande à la présidence de la République ?
Je crains fort que la France ne s’engage dans la voie du conservatisme, sur un chemin de laxisme et j’ai peur pour la Corse.
Votre suppléant ?
Son choix s’est imposé naturellement. Je souhaitais être aux côtés de quelqu’un qui partage ma vision des choses. Jean-Jacques Ferrara est un ami et une personne sur laquelle je peux compter. Passionné par la chose publique, il a pris la décision de s’engager sur ce terrain avec moi, il est volontaire et surtout neuf en politique. Ce n’est pas un choix anodin. Nous porterons, ensemble, contre le conservatisme, cette voie progressiste sur laquelle nous sommes engagés.
Interview réalisée par Philippe Peraut