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L’habit fait toujours le moine

jeudi 23 juin 2011, par Journal de la Corse

Societe

Si l’habit ne fait pas le moine, l’habit fait l’homme. Certes, l’apparence peut être trompeuse, et il ne faut pas juger les gens sur les apparences, mais le caractère de l’homme s’annonce par son extérieur. Car l’habit ne sert pas seulement à protéger le corps, c’est aussi une mise en scène de soi, qui utilise des codes vestimentaires. Cette tyrannie des apparences peut aussi conduire à des discriminations, contre lesquelles on ne peut que lutter.

La tête de l’emploi

Vistite un bastone, pare un barone… Pôle Emploi ne s’y trompe pas : les apparences sont importantes dans notre société. En effet, organiser en avril dernier une séance de relooking en partenariat avec le fonds de dotation Ereel (pour les innovations en Europe en faveur du lien social) pour les femmes bénéficiaires du RSA ou à faible revenu, c’est bien reconnaître que l’aspect physique des candidats à l’embauche a un impact sur le verdict des recruteurs. L’intention est louable, mais quid de ceux qui ne peuvent pas juste changer d’apparence ? Les gros, les très grands ou très petits, les laids… Des études récentes ont établi que pour 64% des salariés, l’apparence physique générale est facteur de réussite. Une étude de l’Observatoire des Discriminations réalisée en 2005 révèle que les candidats obèses répondant à la même offre que des candidats sans surpoids ont deux fois moins de chance de décrocher un entretien d’embauche.

Lutter contre les discriminations

Souffrir d’obésité ou d’extrême maigreur, être de trop grande ou trop petite taille, ou bien avoir un visage disgracieux sont parfois de véritables obstacles à une embauche. Ce nouveau type de discrimination touche également la tenue vestimentaire, les coupes de cheveux ou bien encore les piercings et les tatouages. Certains employeurs sont parfois récalcitrants en raison de leur éducation ou de l’image qu’ils souhaitent donner de leur entreprise. Nul ne peut nier l’impact de l’apparence sur la réussite professionnelle, que cela soit dès le recrutement ou même pour obtenir une augmentation et également sur l’épanouissement personnel, tant dans les relations sociales qu’amoureuses. Malgré la loi de lutte contre les discriminations et les instances mises en place au niveau national pour permettre à tout un chacun de faire remonter les discriminations dont il a pu être l’objet, le quotidien reste à assumer. Car il vaut mieux être beau que moche pour travailler, n’en déplaise à la Halde ! Enfin, belle, mais pas trop, pour les femmes qui visent des carrières à responsabilité : une étude réalisée en mai/juin 2010 par le Journal of Social Psychology, révèle que les femmes au physique agréable seront moins bien considérées pour des postes de type « masculin » (le management en recherche et développement, la finance ou l’ingénierie mécanique).

Diktat de l’apparence

82% des employeurs seraient sensibles au look. Une discrimination qui toucherait davantage les cadres et les femmes. Pour les hommes ce serait le look et la façon de parler qui comptent et pour les femmes plutôt le physique. Même si l’on assiste depuis quelques temps à l’apparition de nouveaux canons de beauté (par exemple, la pub Dove qui met en avant des femmes avec rondeurs et âgées), les diktats de l’apparence n’en conduisent pas moins certains à des changements radicaux (chirurgie) ou à des comportements financiers hasardeux (surendettement). La chirurgie esthétique, très en vogue en Corse-du-Sud, continue à être une réponse à cette tyrannie. En France, 350 000 interventions sont menées par an, dont 3 sur 4 sur des femmes. Les interventions les plus populaires sont la lipoaspiration, la plastie mammaire ou encore la rhinoplastie. Tout comme la chirurgie plastique, les tatouages et les piercings se sont banalisés comme signes de différenciation. Au-delà des codes vestimentaires qui ont leur propre grammaire, la tyrannie des apparences emprunte bien des chemins pour sortir du lot, ou plutôt en faire partie. Car savoir s’habiller comme il faut est nécessaire. Une règle que certaines municipalités entendent faire respecter en ces temps estivaux : la permissivité n’est ainsi plus de mise à Barcelone, où seront verbalisés tous ceux qui se promèneront en maillot de bain ou torse nu. Un rappel des règles qui se veut juste un moyen de « garantir la cohabitation et le vivre ensemble ».

Maria Mariana

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