Nous savons depuis longtemps que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Mais à chaque fois que cette formule de référence se vérifie, nous ne pouvons nous empêcher d’être glacé par le cynisme de nos dirigeants politiques. Après l’assassinat de Maître Sollacaro, le ministre de l’intérieur et la ministre de la Justice avaient, sur ordre express du Premier ministre, fait le déplacement pour promettre la main sur le cœur que force resterait à la République. Depuis, plus rien. Ou plutôt si, les exemples se multiplient qui démontrent qu’une fois de plus encore cet homme et cette femme ne parlaient que sous la pression de l’instant se moquant totalement de l’intérêt public.
Des ministres qui passent et des citoyens qui trépassent
Ah il fallait les entendre nos deux ministres venus en toute hâte dans la nuit en Corse pour jurer les grands dieux que le crime allait être terrassé, que la République l’emporterait sur les méchants. Et puis il y a eu le livre de Jacques Follorou qui, tout à la fois, stigmatisait l’état pour son manque de lucidité quant à l’existence d’une hypothétique mafia corse tout en appelant à ce même état ultime recours du citoyen victime du grand banditisme. C’est que nous en avons vu passer des ministres qui devaient terroriser les terroristes, terrasser l’hydre du mal, vaincre les démons de la Corse. Ils ont beaucoup parlé et la plupart du temps n’ont rien fait si ce n’est dans l’ombre tenter de diviser pour mieux régner. Mais le pire était à venir. Car depuis le passage en coup de vent des deux ministres, les moyens de la justice qui, à les en croire, devaient croître et multiplier, se sont littéralement effondrés. À tel point que magistrats et avocats de la Corse-du-Sud ont tiré la sonnette d’alarme. Il n’y a plus désormais qu’un magistrat instructeur sur les quatre postes prévus. Et aucun renfort à l’horizon. C’est proprement désespérant. À croire que la place Vendôme a décidé une fois pour toutes de ravager la justice insulaire afin de donner la belle part à une JIRS qui continue à plafonner au zéro absolu. Il est vrai qu’en matière de promesses jamais tenues nous avions déjà la fameuse prison d’Ajaccio prévue et promise par cinq ministres puis sacrifiée sur l’autel de la rentabilité. Depuis, le barouf s’est installé à la prison de Borgo placé sous la férule d’un directeur dont le plus haut fait d’armes consistent à s’être mis tout le monde à dos, détenus et gardiens réunis pour une seule et même cause : son départ.
L’affaire des paillotes
Un état défaillant ? Le 15 janvier, notre préfet nous l’avait annoncé en écho au ministre Valls, on allait assister enfin au rétablissement de l’état de droit en matière de respect du littoral. Il était temps, avons-nous soupiré. On attendait donc les bulldozers pour remettre un peu d’ordre sur la rive sud d’Ajaccio. Comme la sœur Anne nous n’avons rien vu venir ni à Ajaccio ni ailleurs. L’état et le préfet se sont littéralement ridiculisés et s’ils savaient ce qui s’est dit dans une population plutôt d’accord, leurs oreilles auraient sifflé. Il était question de pitres et de bouffons. On peut toujours après se réunir au garde-à-vous pour célébrer le préfet Erignac. Ce ne sont que là singeries officielles. Le meilleur moyen de rendre hommage à ce grand commis de l’état serait encore de faire son travail, discrètement mais efficacement. Ou alors il ne faut pas faire des promesses en invoquant à tout de champ la République, cette bonne fille, servante usée de politiciens et de hauts fonctionnaires dont on peut espérer qu’un jour ils connaîtront de manière légitime le sentiment de la honte. La Corse en a assez de paroles qui restent au niveau des flatulences verbales. Il faut des actes ou alors ne pas s’étonner que les citoyens ne se pressent pas pour témoigner et ne se mobilisent pas quand il s’agit de défendre l’intérêt public. Récemment l’association U Levante portait à la connaissance du public le renoncement de la préfecture à faire exécuter une décision de justice concernant la destruction d’un bien illégalement construire en bordure de mer. C’est lamentable, pathétique et c’est un véritable encouragement lancé en direction de tous ceux qui ont fait profession de contrevenir à la loi. À un tel niveau de lâcheté et d’incompétence l’état n’est plus seulement défaillant, il est agonisant.
GXC