Accueil du site > Societe > L’émergence d’un nouveau système mondial
 

L’émergence d’un nouveau système mondial

dimanche 7 juillet 2013, par Journal de la Corse

L’émergence d’un nouveau système mondial

La liste des mouvements populaires à travers le monde ne cesse de s’allonger. Après le phénomène des Indignés, les révolutions arabes, c’est la Turquie, puis le Brésil, que l’on disait un miracle vivant, qui vivent des mouvements de révolte souvent inspirés par les classes moyennes.

Un phénomène identique mais moins voyant existe en Europe centrale, en Russie, en Israël, en Grèce, en Chine, au Chili…

Un seul ciment : les conséquences du libéralisme

Si la liste des géographies des mouvements ne cesse de s’allonger, ce sont partout des images identiques d’émeutes et de répressions policières, de grenades lacrymogènes, d’interpellations… En France, très paradoxalement, l’importance des manifestations contre le mariage pour tous est vraisemblablement de la même origine, des causes pouvant produire des effets contraires. Néanmoins, partout on assiste à l’intrusion de la société civile sur une place publique jusque-là occupée essentiellement par des corps politiques constitués et arrogants. La société civile fait aujourd’hui preuve d’activisme démentant les pronostics de dépolitisation mais la protestation devient parfois une fuite identitaire dans la nostalgie d’un passé meilleur réinventé, ou plus traditionnellement l’exigence d’une meilleure répartition des richesses. Une étude des mouvements démontre également que tous les vieux cadres idéologiques sont bousculés, que les anciennes organisations politiques ou syndicales sont dépassées par l’émergence d’une jeunesse étrangère aux structures mentales d’hier.

Une nouvelle culture de l’instant et du pragmatisme

La gauche paraît aujourd’hui incapable de capitaliser cette révolte. Le meilleur exemple en est le Brésil où la présidente est une ancienne militante de l’extrême-gauche clandestine. Or, l’immense tourbillon qui a saisi le monde a brouillé les pistes. Les classes moyennes s’appauvrissent et entrent au contact de zone d’insécurité. Le chômage angoisse ces catégories à qui le capitalisme avait promis une promotion sociale. Pire, la crise fait peser sur les générations à venir un surendettement qui les condamne à la pauvreté. Dans de telles conditions la cécité et l’arrogance des décideurs et des puissants devient insupportable. La jeunesse moderne a été modelée par le libéralisme et ne croit plus qu’à l’instantanéité, à l’impulsion, au court terme. Sa révolte est calquée sur ce cadre. Les jeunes ignorent les centres de décision et développent une culture de la complexité, une culture quantique dans laquelle rien n’est plus prédictible. Les centres de pouvoirs sont dynamités et ne possèdent plus de légitimité. Au libéralisme qui impose la flexibilité du travail, la jeunesse oppose la flexibilité d’une économie naissante basée sur le désir immédiat, la rapidité dans l’émergence mais aussi la disparition de produits, de décisions, d’envies. Les jeunes révoltés utilisent les réseaux de la toile et les nouveaux outils technologiques pour se rassembler et propager leurs idées, obligeant les autorités à se plier à leurs nouvelles règles.

L’adhocratie et l’horizontalité des réseaux

C’est ce que les chercheurs Warren G. Bennis et Philip E. Slater ont baptisé adhocratie en 1964 pour essayer de décrire un nouveau modèle d’organisation flexible, intuitive et innovante. Le concept fut mûri par Henry Mintzberg et des penseurs comme Alvin Toffler. " Dans notre millénaire, l’adhocratie est moins une organisation qu’une feuille de route, un état d’esprit ou un nouveau cadre pour penser la coexistence les antinomies contemporaines. Son paradigme se confond avec l’horizontalité des réseaux. Elle fonctionne dans une désintermédiation presque totale. Elle profite d’une décentralisation des moyens de création et d’action politique, de communication aussi. Elle cohabite avec la disparition progressive de l’influence des intermédiaires : médias verticaux, partis politiques, syndicats…" écrit Christophe Gallien, Professeur associé à l’Université de Paris 1 la Sorbonne. Il continue : " On peut qualifier d’« adhocratie », ce qui se déroule sous nos yeux et sur nos places et nos rues. La crise économique mondiale et la popularisation de l’Internet, en particulier mobile, 4,5 milliards d’êtres humains auront un smartphone en 2018, dynamitent les modèles démocratiques et a fortiori totalitaires qui semblent ignorer ou apparaissent dépassés par la complexification et l’élargissement de l’espace public digitalisé. Je le redis dans ces colonnes, le concept d’adhocratie a été créé en 1964 par les chercheurs Warren G. Bennis et Philip E. Slater pour essayer de décrire un nouveau modèle d’organisation flexible, intuitive et innovante." Ce n’est plus une mutation, c’est une vraie révolution qui naît sous nos yeux. Un vieux monde agonise et un nouveau apparaît. Pour le meilleur et pour le pire… Mais la transition risque d’être douloureuse et émaillée d’expériences tragiques comme celles promises par les mouvements ethnicistes.

GXC

Répondre à cet article