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L’Italie s’affaisse doucement mais sûrement

jeudi 21 mars 2013, par Journal de la Corse

Les manifestations contre l’austérité se multiplient en Europe méridionale ajoutant au risque économique celui d’un danger politique de plus en plus prégnant. Le principal danger vient aujourd’hui de l’Italie où le phénomène grilliste a laissé les spéculateurs dans l’expectative sans pour autant dessiner de solutions à la crise que subit la Botte.

Un pays en récession

Le produit intérieur brut (PIB) de l’Italie s’est contracté de 0,9% au quatrième trimestre 2012 par rapport au précédent. Le 11 mars dernier, l’Institut national des statistiques (Istat) a confirmé une précédente estimation qui dénote une aggravation de la récession dans la troisième économie de la zone euro. Par rapport au quatrième trimestre 2011, le PIB a reculé de 2,8% alors que la prévision était une baisse de 2,7%. Pour mémoire, le PIB italien avait déjà reculé de 0,9% au premier trimestre 2012 par rapport au précédent, de 0,7% au deuxième, de 0,2% au troisième et de 0,9% au quatrième. Il s’agit du sixième trimestre consécutif de recul du PIB pour l’économie italienne. Les optimistes tablent sur une reprise au deuxième semestre 2013, les pessimistes sur une poursuite de la chute et les réalistes disent ne rien pouvoir prévoir. Car nombre d’économistes estiment que l’évolution de la situation reste suspendue à la crise politique qui secoue le pays depuis les élections législatives de février.

Une crise en escalier ascendant

L’agence de notation Fitch vient d’abaisser d’un cran la note de l’Italie en raison de l’incertitude politique et de la profonde récession qui affecte son économie. Fitch table sur une contraction de 1,8% du PIB en 2013 qui s’ajouterait au recul de 2,4% de 2012. Mais c’est surtout la réaction des Italiens signifiée par le résultat des élections qui désorientent le monde de la Finance. Monti, le chantre de l’austérité, a été battu à plates coutures. Le berlusconisme et le grillisme, promesses à la clef, l’ont largement emporté. Or la tenue de ces promesses ne saurait être effective sans de nouveaux prêts internationaux. Dans le contexte actuel, le taux d’emprunt italien a bondi ce qui, dans le système actuel, oblige à plus d’austérité. Le serpent capitaliste se mord la queue. Les agences de notation ont prévenu que la note de l’Italie, ramenée de A – à BBB+, pourrait encore abaisser cette note si la récession devait s’aggraver. L’agence Fitch a justifié son attitude en affirmant que "Les résultats peu concluants des législatives italiennes des 24 et 25 février font qu’il est improbable qu’un nouveau gouvernement stable puisse être constitué dans les prochaines semaines. Le quatrième trimestre 2012 confirme que la récession en cours en Italie est l’une des plus profondes en Europe." L’agence de notation s’attend à ce que l’endettement italien monte jusqu’à un niveau proche de 130% du produit intérieur brut du pays.

Le Sud de l’Italie particulièrement touché

L’Italie du Sud a été particulièrement touchée par la crise. Entre 2007 et 2011, le produit intérieur brut du Mezzogiorno a chuté de 6,1% quand celui du Centre-Nord reculait de 4,1%. Près de 70% des pertes d’emplois du pays depuis 2008 se sont concentrées dans le Mezzogiorno. En Campanie, le taux de chômage des jeunes dépasse 40%, contre 36% en moyenne dans le pays provoquant un exil des plus diplômés. La crise a provoqué une extension du pouvoir des mafias entraînant une dégradation de l’image des entrepreneurs sudistes dans le pays et une chute du chiffre d’affaires. La CGIL, principal syndicat italien, souligne que le Mezzogiorno devra devenir la priorité du prochain gouvernement. Dans la région napolitaine, le revenu moyen par habitant est 40% moindre qu’au Nord !

Comme en Allemagne ?

L’avenir trace donc deux chemins possibles : soit briser la frontière économique entre le nord et le sud à la manière allemande. Mais la réunification allemande s’appuyait sur un consensus national qui a permis d’accepter les immenses sacrifices financiers nécessaires à cette opération qui n’est toujours pas achevée. Or en Italie, doté d’un tout jeune état, le nord a tendance à mépriser le sud et à l’ignorer voire à souhaiter la partition. Par ailleurs, la réunification allemande s’est faite sur un fond économique qui n’était pas celui d’un pays sinistré. Enfin, les mentalités germaniques n’ont rien à voir avec celle d’une Italie partagée entre archaïsmes, clientélisme et absence de décideurs. Il reste qu’un effondrement de l’Italie signifierait la fin de l’Europe ou un prix à payer exorbitant pour tous les partenaires européens, un prix impossible à faire accepter par des citoyens déjà en butte à une austérité ravageuse.

GXC

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