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L’Edito d’Aimé Pietri

jeudi 25 octobre 2012, par Journal de la Corse

UNE ÎLE MASSACRÉE

Ce n’est pas d’hier que la Corse vit dangereusement. Son histoire est pleine de sang et de douleur. Elle a vécu tant de guerres, de luttes intestines, de dissensions dramatiques et de vengeances récurrentes. Elle a été, tant de fois, traînée devant de sinistres inquisiteurs, écartelée, ravagée, détruite sans espoir de reconstruction, qu’on se demande comment elle a pu survivre, comment elle n’est pas devenue un désert, à l’image de Capraia, l’île voisine, où seul un pénitencier a pu prospérer avant de disparaitre . On pourrait, dans ce cas, croire au miracle même si une telle croyance est quelque peu exagérée. Car de multiples dangers la menacent encore et elle n’est vraiment pas – comme on dit – sortie de l’auberge. La violence persiste malgré les appels à la paix qui fusent de tous bords. Elle égrène, pour après jour, ses funestes effets et le dernier assassinat dont a été victime, l’autre jour, un avocat de renom, illustre bien cette cruelle évidence. D’autres violences la secouent également. Celle qui précède ou qui suit les vols à main armée, les hold-up en tout genre ou encore les attaques, à l’arme lourde, dirigées contre les transporteurs de fonds. Sans compter les attentats à l’explosif qui secouent davantage les esprits que les cibles visées. Doit-on mentionner les violences verbales ? Là encore la Corse monte sur la plus haute marche du podium. C’est le pays où il semble impossible de mettre un bémol à son discours ou l’interjection est la règle, où le cri écrase le murmure, où la voix est presque toujours tonitruante. Bagatelles, dira-t-on. Oui mais « Bagatelles pour un massacre », comme le titre d’un livre de Céline qui en massacres s’y connaissait. Reste maintenant à savoir quand la Corse sera totalement massacrée.

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