Le leader du PNC croit en son étoile et en la constellation nationaliste. Rien ne semble pouvoir affecter sa confiance. L’offensive ne saurait tarder.
Il y a quelques jours, nous écrivions : « Beaucoup de ses partisans se demandent si ne se dessine pas une évolution conduisant le nationalisme à se diluer dans les eaux de la classe politique établie et à adopter des jeux tactiques à dominante électoraliste(…) Les semaines qui viennent devraient apporter des éléments de réponse. Il sera alors possible de savoir si, dans la perspective 2015, le nationalisme se positionnera en candidat de l’alternative ou de l’alternance. C’est-à-dire soit en acteur ayant vocation à constituer une majorité autour de ses forces et de son projet, soit en composante d’une coalition dominée par d’autres. » Jean-Christophe Angelini vient d’apporter une réponse claire. Sur le plateau de Cuntrastu, le leader du PNC a signifié que le nationalisme a en ligne de mire l’accession aux responsabilités et doit avoir pour ambition d’écrire et réaliser le scénario de la prise de pouvoir. Voilà qui, au demeurant, devrait satisfaire Pierre Poggioli. En effet, évoquant dernièrement la stratégie que devraient adopter les nationalistes lors des prochaines élections municipales, il les invitait à faire preuve d’ambition et de vision, et les mettait en garde contre les manœuvres des partis nationaux ou des élus en place cherchant à les intégrer, au niveau de comparses, dans des majorités de circonstance. A ce scénario qui le conduirait avec ses amis à n’aspirer qu’à des seconds rôles, Jean-Christophe Angelini préfère manifestement une stratégie censée propulser, dès les prochaines élections municipales et territoriales, le nationalisme et ses leaders en haut de l’affiche. Plus fort encore, il affirme vouloir au plus vite « exorciser le traumatisme de 2003 » qu’avait occasionné au nationalisme et au corsisme, la victoire du Non à la question référendaire « Approuvez-vous les orientations proposées pour modifier l’organisation institutionnelle de la Corse ? »
Oui au referendum
En réalité, Jean-Christophe Angelini croit en son étoile et en la constellation nationaliste. Rien ne semble pouvoir affecter sa confiance. L’échec récent des élus alsaciens dans leur démarche référendaire visant à doter l’Alsace d’une Collectivité unique, ne le dissuade pas de vouloir recourir à une consultation populaire pour valider les évolutions que les élus territoriaux pourraient faire leur (réforme du cadre institutionnel en particulier par la possibilité enfin reconnue d’adapter les textes législatifs aux spécificités du territoire insulaire, statut de résident, transferts de fiscalité, co-officialité langue française/langue corse). Il se fait même un tantinet provocateur en affirmant que tout comme les opposants à ces évolutions, il entend bien que le peuple soit invité à trancher. La confiance de l’intéressé n’est pas non plus ébranlée par l‘immobilisme de l’Etat. A partir de délibérations de l’Assemblée de Corse et d‘une consultation de l’électorat insulaire qui représenteraient deux feux verts, il entend dépasser le refus de François Hollande de ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, et forcer l’immobilisme de Jean-Marc Ayrault laissant supposer une hostilité ou une indifférence à toute évolution significative des grands dossiers insulaires. Enfin, Jean-Christophe Angelini n’hésite pas à envisager que le nationalisme agrège autour de lui des corsistes et des acteurs du changement venus de tous les horizons politiques. A ceux qui lui reprocheraient de vouloir ratisser large en faisant bon marché des différences droite/gauche, il répond par avance que les adversaires du nationalisme n’ont jamais hésité à constituer des « fronts républicains ».
Avec pour objectif : gagner !
C’est d’ailleurs à partir d’agrégats résultant d’une attractivité nationaliste auprès de personnalités ou partis venus de tous les horizons politiques, que Jean-Christophe Angelini projette d’emporter des bastions municipaux en 2014 et de gagner les élections territoriales en 2015. A Porto-Vecchio et Bastia, cités qu’il juge en demande et besoin de changement, il ouvre la porte à des alliances, de premier ou second tour à partir de projets respectant les valeurs du nationalisme. Avec pour objectif : gagner ! Ailleurs, il préconise un leadership ou un fort entrisme nationaliste. Il est à noter que s’il juge préférable une différenciation autonomistes/indépendantistes au premier tour, il n’exclut pas des listes unitaires si des circonstances s’y prêtent. De toute évidence, pour le leader du PNC, avec l’approche de rendez-vous électoraux cruciaux et l’absence de signaux encourageants de la part de Paris, la mobilisation et le mouvement deviennent indispensables. Lors du récent Cuntrastu, s’il n’a pas sonné la charge, il a pour le moins déployé sa carte, énoncé sa stratégie, exposé sa tactique et sonné la diane. (1)
Pierre Corsi
(1) Batterie de tambour ou sonnerie de clairon ou de trompette qui se fait à la pointe du jour, pour éveiller les soldats ou les matelots.