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Interview de Pierre Cau

jeudi 24 février 2011, par Journal de la Corse

Pierre cau

Pierre Cau « Les électeurs voient le Conseiller Général comme l avocat de leurs intérêts, et non comme le représentant d’un camp ou de l autre »

Conseiller sortant, membre de la majorité départementale Pierre Cau semble le mieux placé pour briguer une deuxième mandature consécutive dans le canton où il est né. L élu revient sur sa première mandature avant d évoquer les enjeux de ce deuxième scrutin. Une élection dont on dit qu elle pourrait se jouer dès le premier tour en sa faveur.

Vous avez été élu Conseiller général en 2004. Sept ans plus tard, quel souvenir garderez-vous de cette première élection ?

J avais envie de m engager, pour me mettre au service des autres de manière concrète et sincère. En effet, je ne me reconnaissais pas dans cette façon « traditionnelle » de faire de la politique. Avec la population, je ressentais un besoin de renouveau. Je me suis donc décidé à me présenter dans le canton que je n’ai jamais quitté depuis ma naissance. Pour faire de la politique autrement. Avec la volonté de pouvoir agir et de répondre aux attentes des habitants dont je partageais les mêmes espoirs pour nos quartiers. L’annonce de ma candidature reçut de nombreux encouragements. Des gens issus de toutes sensibilités, de toutes conditions sociales, la plupart sans passé politique, m’ont apporté leur soutien. Après sept ans, mon enthousiasme et ma détermination sont intactes, peut-être encore plus forts. Ceux qui m’ont accompagné et que je retrouve pour ma campagne représentent un vrai moteur de confiance. C’est cette formidable expérience que j’entends poursuivre.

Quel bilan dressez-vous de cette période ?

Dans le cadre des prérogatives qui devenaient les miennes, je me suis efforcé d’agir efficacement. Rappelons qu’en milieu urbain, les compétences du département se limitent à l’aide aux personnes, aux associations et à la seule route d’Alata. Il intervient aussi en matière de logements. Ma feuille de route se révélait donc très claire. Recréer du lien entre les habitants d’un quartier délaissé pendant des années. En matière sociale, j’ai été à l’écoute de toutes les demandes. J’ai mis en œuvre toutes les solidarités possibles en faveur des familles, des parents isolés et des personnes âgées en difficulté. Les aides à l’insertion des adultes ont été dynamisées de façon à offrir une seconde chance aux plus démunis. Car l’emploi demeure le principal problème de mes administrés.

Quelles actions avez-vous menées en ce concerne l’habitat ?

J’ai eu à cœur d’améliorer le cadre de vie en portant une politique ambitieuse en faveur de l’habitat. Pour répondre à la demande, l’Office départemental de l’Habitat s’est lancé dans plusieurs opérations de construction à Alzo di Leva par exemple et de réhabilitation d’immeubles et de logements anciens comme ceux de Saint-Jean et des Agéco. C’était un chantier délicat qui a pu être mené à bien grâce notamment aux garanties d’emprunts du Conseil général. Mais aussi des partenaires privés que j’ai rencontrés et qui ont eu la même envie de voir aboutir des projets pour la population. L’objectif que je vise est le bien-être collectif. Comme lorsque je viens en aide aux associations dont les activités sont indispensables à la cohésion sociale. Il reste cependant d’autres domaines d’intervention qui mériteraient d’être mieux pris en compte mais qui relèvent exclusivement des compétences de la municipalité. C’est le cas de la propreté, de la circulation et du stationnement, de la réfection des trottoirs, de l’éclairage public…face auxquels j’avoue me sentir frustré de ne pas pouvoir agir. Lorsque c’était possible, j’ai néanmoins apporté l’aide du département après les inondations et plus récemment pour les attentats aux Cannes ainsi que pour des multiples aménagements de voirie.

Quel sera votre programme en cas de second mandat ?

Avec Hyacinthe Pillotti-Forni, nous sommes déterminés à rester à l’écoute tout en continuant à réfléchir et à travailler sur de nouveaux projets. Je souhaite renforcer l’implication du Conseil général dans la vie du canton. Mon tempérament m’incite à vouloir trouver les moyens de faire travailler ensemble l’Etat, les collectivités, les acteurs institutionnels et privés dans l’intérêt général. Au nom de quelle fatalité faudrait-il se contenter de la situation ? Bien sûr, j’entends mener à son terme les opérations immobilières en cours et veiller à ce qu’elles apportent des réponses structurantes. La livraison de 200 logements environ va représenter une formidable bouffée d’oxygène pour l’offre locative. Mais c’est en faveur des enfants que je souhaite concentrer mes efforts. Les difficultés scolaires, la maltraitance, l’absence de suivi médical constituent des risques d’exclusion. Le département se doit d’aider et d’accompagner les jeunes générations souvent exposées et fragiles. Notre politique de solidarités envers les séniors doit être plus performante. La détection et le cas échéant la prise en charge des maladies est nécessaires. Mais la prévention de l’isolement et de la solitude est essentielle dans la vie sociale des personnes âgées. L’âme de nos quartiers « populaires » est bien le lien qui existe entre les habitants.

Pour cette élection, vous vous présentez affranchi de toute étiquette politique. Pourquoi ce choix ?

L’élection cantonale concerne avant tout un homme et son engagement pour un territoire qu’il doit connaître et ressentir. Certains politiciens, souvent mal intentionnés et peu sûrs d’eux, préfèrent semer la confusion dans l’esprit des électeurs, faute de pouvoir répondre à leurs attentes. En ce qui me concerne, ma candidature est placée sous le signe de la proximité et du dialogue avec les habitants. Je suis un homme de conviction et je défends certaines valeurs. Je suis fier d’appartenir à la majorité départementale et assuré du soutien de Jean-Jacques Panunzi qui a participé au lancement de ma campagne. Je défends mon bilan, les gens me connaissent et savent que j’agi pour toutes celles et ceux qui me sollicitent, sans aucune distinction. N’est-ce pas là le plus important ?

Vous êtes Président de l’Office de l’Habitat. Quelles actions, dans un secteur particulièrement en crise, envisagez-vous ?

Vous avez raison de dire que le secteur du logement est en crise. Mais nous ne restons pas les bras croisés. Face au foncier qui est rare donc cher, la première action est de procéder à des acquisitions foncières et de programmer des opérations. Avec l’aide des sociétés HLM privées et des professionnels, promoteurs et entrepreneurs, nous avons plusieurs projets et pas seulement à Ajaccio. Il manque plusieurs centaines de logements dans le département. Notre objectif est d’offrir une solution aux familles moyennes et modestes. D’autre part, le parc immobilier ajaccien est vieillissant. En cause parfois les bailleurs privés qui renoncent à mettre leurs logements sur le marché locatif et qui par conséquent ne perçoivent pas les loyers nécessaires pour les rénover. Mon souhait est de mettre au point des mesures incitatives pour les propriétaires. Trop de logements restent vacants alors que la demande est élevée. C’est une des pistes que je vais privilégier. Je tiens également à préciser les efforts qui sont fait et qui me tiennent à cœur de veiller à l’esthétique des constructions à leur intégration dans l’environnement urbain car je crois aux vertus de la mixité sociale, ce sont les mêmes ressorts que dans le domaine du sport collectif.

Quel jugement portez-vous sur la campagne dans le 5ème canton ?Et sur vos adversaires ?

Vous savez, j’ai déjà assez à faire avec ma propre campagne ! Je rencontre plusieurs dizaines de personnes par semaine et ce depuis plusieurs mois. Les enjeux sont parfaitement cernés. Les gens attendent surtout du concret. Quelques candidats politisent à outrance le scrutin mais sans grand succès. Les électeurs voient le Conseiller général comme l’avocat de leurs intérêts et non comme le représentant d’un camp ou d’un autre.

Interview réalisée par Philippe Peraut

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