Ne pas s’interroger sur les effets et le bien fondé des politiques actuelles d’immigration, crée le risque de voir se développer des phénomènes de rejet et d’agressivité à l’encontre de certaines populations.
Beaucoup d’entre nous s’inquiètent de l’arrivée massive et incontrôlée de migrants. D’autres aussi ! Les ministres de l’Intérieur allemand, autrichien, néerlandais et britannique viennent de critiquer, par écrit, la libre-circulation au sein de l’Union Européenne. S’ils se disent toujours attachés à cette disposition, ils déplorent que nombre de villes soient soumises « à une pression considérable par l’arrivée de certains immigrants qui profitent des opportunités de la libre-circulation, sans remplir toutes les conditions pour exercer ces droits. » Ils ajoutent : « Cette pression pèse lourd et entraîne des coûts additionnels considérables pour l’éducation, le système de santé et le marché des habitations. » Enfin, ils font valoir leur volonté de « protéger les droits et les intérêts légitimes » de leurs concitoyens « qui portent sur leurs épaules le poids de cette immigration. » Tout cela les conduit à exiger que soient prises « toutes les mesures nécessaires, légales et financières, pour lutter contre les causes de cette immigration. » et que leur requête soit prise en compte lors d’une prochaine réunion des ministres de la Justice et de l’Intérieur de l’Union Européenne. Cette démarche ne fait certes pas l’unanimité. La France semble ne pas en être et, dans tous les pays européens, il ne manque pas de voix pour mettre en garde contre la stigmatisation de certaines populations. Pourtant, au risque de choquer certains de mes lecteurs, j’ai le sentiment que la démarche des quatre ministres est empreinte de bon sens. Ne pas s’interroger sur les effets et le bien fondé des politiques actuelles d’immigration alors que la crise fait mal et que le chômage atteint des niveaux intolérables, crée le risque de voir se développer des phénomènes de rejet et d’agressivité à l’encontre de certaines populations.
Qui accueillir ?
Il importe cependant de relever qu’à défaut d’aborder la problématique de l’immigration dans sa globalité, l’actuel gouvernement a entrepris de procéder par petites touches concrètes pour mieux canaliser les flux migratoires. Ainsi, dès son arrivée place Beauvau, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a fait savoir qu’il n’entendait pas accepter l’installation massive et anarchique de Roms. En outre, ces derniers jours, il a saisi l’occasion d’un débat parlementaire portant sur l’accueil en France des étudiants étrangers, pour lancer : « La vérité est que nous ne parlons jamais de nos flux migratoires. (...) Quels étrangers pouvons-nous ou devons-nous accueillir ? » En s’expriment ainsi, il a précisé vouloir dépasser le sempiternel débat sur les volumes des flux migratoires, et préférer s’interroger sur le profil de ceux qui constituent ces flux. Bien entendu, des critiques ont fusé. Le ministre a été accusé de rechercher une « immigration choisie ». Au fond, ses détracteurs voient juste. L’axe principal de l’accueil des étudiants étrangers qu’il a proposé avec sa collègue chargée de l’enseignement supérieur, est bien de tout faire pour attirer « les talents étrangers ». Manuel Valls a d’ailleurs précisé son objectif en affirmant : « Il s’agit, d’abord de repenser nos dispositifs de sélection, en les centrant plus sur les étudiants de niveau master et doctorat. Il s’agit, ensuite, de tenir un discours clair : venir en France pour étudier, c’est venir en France pour réussir. » Et pour qui douterait de ses intentions, il a ajouté qu’il proposerait au gouvernement, pour ces étudiants, la généralisation de titres de séjour pluriannuels. Quelque chose me dit que ce projet de portail filtrant des flux migratoires est plus que populaire.
Alexandra Sereni