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François roi de Corse

jeudi 21 mars 2013, par Journal de la Corse

L’Edito d’Aimé Pietri

Faire de cet éditorial la Une du JDC est pour le moins insolite. Le sujet l’est tout autant. Il s’agit de l’appartenance de l’île au Vatican, laquelle en droit international relève, aujourd’hui encore, de la seule juridiction pontificale. La Corse appartient au Saint Siège en vertu de la donation de Charlemagne, rendue définitive en 774 qui confirme et amplifie celle qui précédait, de Pépin le Bref, en reprenant les mêmes termes « A Lunis cum Insula Corsica » L’antique cité de Luni, presque à l’emplacement de Sarzane dans le golfe ligure de La Spezia fut, pour les romains, le port d’embarquement vers la Corse. Cela explique que Pépin et Charlemagne dans leurs donations au Saint Siège n’ont jamais séparé les deux possessions. Aussi, en tant que légitimes souverains, sûrs de leurs droits, les papes de Rome, puis d’Avignon, puis de nouveau de Rome ont fulminé, chaque Jeudi Saint, la même excommunication majeure contre tous ceux quels qu’ils soient, qui s’approprieraient indument l’Ile de Corse « leur héritage intangible », la seule terre à laquelle ils n’ont jamais renoncé tout au long des siècles. « Nous prions la France de conserver intacts les droits du Saint Siège sur la Corse – car l’alto dominio sopra quest’isola appartiene al Romano Pontefice - » s’exclama solennellement Clément XIV en 1770, alors que, plus tard, Grégoire VII s’adressant aux Corses précisait que « L’Ile que vous habitez n’appartient par droit et propriété – jure et prestate – à aucun autre mortel et aucun autre pouvoir que la Sainte Eglise Romaine. » En vertu de l’article 340 du code de droit canonique promulgué en 1917 – rappellent encore les archives – les évêques de la Corse se rendent à Rome pour la visite « ad limina » non pas avec les autres ordinaires de France mais en même temps que les évêques des anciennes possessions pontificales. Aussi pour paradoxal que cela puisse paraître il n’est pas interdit de penser que si « de facto » la Corse évolue dans les institutions françaises elle n’en constitue pas moins « de jure » avec la Colline Vaticane le dernier fleuron de l’antique patrimoine de Saint Pierre. On notera cependant qu’aucun Souverain Pontife n’a jamais mis les pieds sur son île. Mais on peut espérer que celui qui vient d’être élu ne manquera pas de la visiter. Il y sera certainement accueilli avec l’honneur et la ferveur dus à Sa Sainteté.

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