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« En Erasmus, on pleure deux fois : quand on arrive et quand on repart »

dimanche 7 juillet 2013, par Journal de la Corse

« En Erasmus, on pleure deux fois : quand on arrive et quand on repart ».

Ainsi pourrait-on résumer une année d’études à l’étranger pour reprendre la fameuse citation sur le nord de la France. De retour d’une année d’études à Göteborg, en Suède dans le cadre du programme Erasmus, l’heure est venue pour moi de tirer un bilan sur dix mois de vie dans un autre pays européen, pas tout à fait chez soi mais pas tout à fait à l’étranger non plus.

On pourrait résumer une expérience Erasmus en deux parties. Dans un premier temps, j’ai ressenti assez rapidement le « mal du pays ». Même si je me plaisais beaucoup en Scandinavie, la France et la Méditerranée me manquaient, même les petits plaisirs de la vie de tous les jours que l’on ne remarque pas  : l’odeur du pain qui sort du four à la boulangerie, un bon verre de vin, la convivialité de la raclette en hiver, la tranquillité de la Méditerranée… Malgré des conditions climatiques difficiles avec -10°C au meilleur de la journée et la nuit qui tombe à 15h, j’ai beaucoup apprécié mon premier semestre, m’intégrant davantage à la vie Erasmus. Alors que je ne me suis jamais senti autant français et méditerranéen que lors de mon année en Suède, j’ai également senti à quel point on peut se sentir européen. Une fois la barrière de la langue franchie au moyen d’un anglais simplifié appelé globish, il est intéressant de voir à quel point français, allemands, polonais, suédois ou grecs pouvons fraterniser facilement, malgré nos différences culturelles et nos conflits passés. Dans un deuxième temps, à partir du mois de février, le mal du pays s’est effacé pour laisser place à une intégration à la vie locale, sans doute facilitée par la météo qui a été bien meilleure qu’en France. Peu à peu, je me suis mis à lire les journaux locaux, écouter la radio et regarder la télévision nationale. En fin d’année, je me suis même surpris à regarder avec passion l’Eurovision, extrêmement populaire en Suède ou à crier « Heja Sverige ! » pour encourager l’équipe nationale en finale du Mondial de hockey sur glace. Si une expérience Erasmus marque un choc identitaire, elle est aussi l’occasion de découvrir une autre culture. Avant de partir, je ne connaissais de la Suède qu’Ikea, Abba et son modèle économique. En passant près d’une année dans le plus grand pays Scandinave, j’ai ainsi appris à découvrir une nouvelle mentalité, très attachée à la collectivité et au bien-être d’autrui, de nouvelles traditions telles que le fika qui désigne la pause que les suédois font dans l’après-midi pour aller prendre un café et une pâtisserie , une gastronomie différente, une langue un peu spéciale, une culture politique plus modérée, un système universitaire complètement différent et bien plus agréable ou encore des nouvelles coutumes locales telles que Luciasdag où les femmes portent les habits traditionnels et des bougies dans les cheveux, Valborgmässoafton, le grand rassemblement des étudiants autour d’un feu pour fêter la fin de l’hiver ou encore Midsommar, la fête la plus importante en Suède qui célèbre la venue de l’été et le jour le plus long de l’année. Parti car mon cursus universitaire m’imposait une année à l’étranger, j’ai fini par quitter la Suède en larmes, bouleversé par les rencontres faites avec des gens venus de toute l’Europe mais aussi par la découverte d’un nouveau pays et d’une nouvelle culture. Je porte aujourd’hui en moi cette fierté d’être méditerranéen, français mais aussi européen et je sais à quel point nos peuples peuvent être proches. Même si je ne suis pas suédois, je sens toujours un lien fort qui m’unit à la culture que j’ai d’abord rejeté puis appris à découvrir et finalement à aimer. Après trois jours chez moi à Grasse et 6 heures de bateau, j’ai finalement débarqué à Ajaccio pour y effectuer un stage à l’Europe en Corse, une association qui assure la promotion de l’action de l’Union européenne auprès du grand public, notamment par des missions d’information, l’organisation d’événements ou encore en intervenant dans les écoles. Même si cette région diffère en tout point de la Suède, je prends beaucoup de plaisir à m’intégrer à la vie corse et à découvrir la plus belle région de France.

Propos recueillis par Marie-Paule Mancini-Neri +33 4 95 21 62 65

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