1ère circonscription de Corse-du-Sud
Maria Guidicelli, suppléante de Paul-Antoine Luciani
Membre du conseil exécutif de Corse, Maria Guidicelli aborde, en tant que suppléante de Paul-Antoine Luciani, les élections législatives. Une échéance à travers laquelle elle nous présente la vision des idées qu’elle entend défendre.
C’est votre première campagne dont l’enjeu est national. Pourquoi avez-vous décidé d’y participer ?
Ma première campagne, tout comme mon entrée en politique, remonte à 1995 sur la commune de Peri. Si l’on prend en compte mes mandats électifs sur cette commune, j’aborde ma 6e campagne qui, pour la première fois, est d’enjeu national. Plus que de « décision », je parlerai de « parcours ». Mon action d’élue locale a toujours été au service des valeurs de la gauche, celle qui met l’homme au centre des décisions politiques, et bien que je n’ai jamais adhéré à un parti politique, je considère le Front de gauche comme le seul espace politique ouvert, résolument social et solidaire qui me permet de m’exprimer. En outre en tant que Conseillère Exécutive, j’assume des responsabilités régionales que j’entends bien relayer au niveau national.
Comme en 2004, 2008 et 2010 ; vous êtes aux côtés de Paul Antoine Luciani. Pourquoi ce choix ?
Paul-Antoine et moi-même cheminons ensemble depuis 2002 et notre proximité dans la gestion de la CAPA nous a très vite permis de nous reconnaître des valeurs communes ainsi que le même souci de servir l’intérêt collectif pour plus d’équité sociale. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles il m’avait proposé, en 2004, d’être une candidate d’ouverture sur la liste du Parti Communiste pour les élections territoriales. Par là même, il me passait le flambeau, puisque lui-même a présidé le groupe communiste et démocrate de progrès à l’Assemblée de Corse de 1992 à 2004. N’oublions pas qu’il a été l’un des principaux artisans des accords de Matignon qui ont constitué un progrès indéniable pour la Corse. Paul-Antoine est un homme résolu, pragmatique, droit et constant dans ses convictions, qui ne ménage pas sa peine au service de la collectivité. Autant de qualités qui représentent pour moi les fondements d’un engagement politique. Il est un militant du Parti Communiste, je ne le suis pas et n’envisage pas de le devenir. Notre candidature, ma présence à ses côtés, matérialise tout l’esprit du Front de Gauche : un partenariat libre, consenti dans le respect de nos différences, au service d’un programme « L’Humain d’Abord », et donc au service de la Corse.
Quels axes vous paraissent les plus importants à traiter pour défendre la Corse ?
La Corse connaît une situation intolérable tant les difficultés sociales et les inégalités y sont marquées : nos concitoyens, dans leur grande majorité, peinent à se loger, à satisfaire leurs besoins essentiels en raison de prix bien plus élevés que sur le continent. L’économie insulaire ne génère pas suffisamment d’emplois pérennes et justement rémunérés, notre capital environnemental est menacé par des appétits financiers et spéculatifs… Il est urgent que s’exerce vis-à-vis de la Corse une solidarité nationale renforcée en faveur du logement, que l’Etat accompagne de manière résolue les mécanismes de régulation publique pour lutter contre la spéculation foncière et immobilière, que l’on ouvre des perspectives économiques nouvelles en matière agricole dans un espace européen rénové. Nos jeunes doivent pouvoir travailler dans leur île : cela passera par des moyens renforcés pour notre système éducatif, mais aussi par la diversification de notre économie locale. Enfin, la Corse doit également être reconnue pour sa culture et ses spécificités insulaires, le chantier institutionnel doit donc être entrepris sous l’angle d’une décentralisation qui respecte les Régions dans l’exercice de leurs responsabilités, tout en leur garantissant une solidarité nationale au travers de mécanismes de péréquation. Nous pouvons faire différemment, c’est une question de volonté politique !
Pensez-vous que l’arrivée, au pouvoir, d’un gouvernement de Gauche puisse faciliter votre tâche ?
Elle constituera un appui indéniable pour les chantiers que nous menons au niveau régional. Pour ce qui concerne les dossiers que j’ai en charge, nul doute que nous trouverons un interlocuteur attentif sur les questions de logement, énergétiques, ou encore pour l’élaboration de notre PADDUC qui devra traduire des valeurs d’équité sociale, de solidarité et de partage de la richesse et des emplois créés. Néanmoins, il y a des différences au sein de la Gauche et c’est pour cela que le Front de Gauche doit obtenir de bons résultats aux législatives pour peser de tout son poids dans les décisions qui seront prises.
Quel est le rôle d’un suppléant dans ce type d’élection ?
Je conçois mon rôle comme celui d’un co-équipier qui affirme son engagement pour une cause commune durant la campagne et au-delà : j’accompagne certes Paul-Antoine, mais il serait plus juste de dire que nous portons ensemble les attentes populaires de la Corse dans cette élection nationale, au même titre que les autres candidats du Front de Gauche dans les circonscriptions de la Corse. Ce n’est finalement que le prolongement de la dynamique que le Front de Gauche a incarné en Corse durant la campagne des territoriales de 2010 et des élections présidentielles : relayer les légitimes aspirations du peuple corse pour construire des réponses concrètes dans un cadre de cohérence et de solidarité nationale.
Interview réalisée par Ph.P.