L’égalité n’est pas qu’un épiphénomène qui ne porte que sur des revendications féministes. Elle porte aussi sur les pères qui souhaitent obtenir la garde de leur enfant, quitte à monter en haut d’une grue et à faire la grève de la faim pour se faire entendre. Il n’y a pas de hiérarchie dans le lien parentsenfant, le père est aussi important que la mère dans la construction de l’enfant. N’en déplaise aux détracteurs.
Lien brisé
Comme le dit la chanson, les histoires d’amour finissent mal en général… et ce sont les enfants qui trinquent. Le risque pour un enfant de connaître la séparation de ses parents s’est accru avec pour conséquence, en cas de séparation, un exercice de la paternité mis à l’épreuve par l’absence de vie quotidienne avec l’enfant. Le taux des divorces en Haute-Corse s’élève à 12,3 % et 12,5 % en Corse-du-Sud. Selon une étude de l’Institut national des études démographiques (Ined) lorsque ses parents sont séparés, près d’un mineur sur dix ne voit pas son père. C’est le cas de 19% des 18-21 ans et de 32% des 30-34 ans. Au total, 18% des 0-34 ans dont les parents sont séparés ne verraient jamais leur père. Un éloignement qui est la conséquence directe de la résidence de l’enfant après la séparation : « La mise en place d’une garde alternée permet aux deux parents de garder une quotidienneté avec leur fils ou fille. Mais ce système est davantage envisageable dans le cas d’une séparation consensuelle que conflictuelle », explique Arnaud Régnier-Loillier, chercheur à l’Ined. Et d’ajouter : « La résidence alternée est ainsi plus fréquente en cas de divorce par consentement mutuel (22%) qu’en cas de divorce accepté (11%) ou de divorce pour faute (4%) ».
Couple parental
D’où la préconisation de nombreux spécialistes de la famille : « le couple parental doit survivre au couple conjugal ». Pour cela, il faut également que les conditions socio-économiques puissent permettre d’entretenir le lien pèreenfant. Même si le taux de rupture père-enfant reste élevé en France, les comportements tendent à évoluer. Tandis qu’en 1994, près d’un père séparé sur quatre affirmait ne jamais voir ses enfants, ce n’était le cas que de 13% d’entre eux onze ans plus tard, en 2005. Selon des statistiques du ministère de la Justice, la garde des enfants revient à la mère dans sept divorces sur dix, la proportion de résidence alternée augmentant régulièrement ces dernières années. Ainsi, selon des chiffres du ministère de la Justice, 15% de l’ensemble des divorces prononcés en 2007 ont donné lieu à une garde alternée, et 21,5% quand le divorce se faisait par consentement mutuel. Une proportion qui reste relativement faible, surtout si l’on prend en compte les parents non-mariés qui se sont séparés. L’évolution de la loi de la famille, comme celle du 4 mars 2002 qui pose comme principe l’exercice commun de l’autorité parentale en cas de séparation, permet certaines avancées et de faire progresser les mentalités. Jusqu’à la généralisation de la garde alternée ?
Egalité parentale
La loi rendant possible la résidence alternée des enfants chez chacun de leurs deux parents a fêté ses dix ans, avec un bilan mitigé. En France, environ 20% des couples mariés qui divorcent par consentement mutuel optent pour la garde alternée. Pourtant, ce type de partage de l’autorité parentale reste minoritaire et conserve des détracteurs. D’aucuns disent qu’il est difficile pour les tout petits de vivre une semaine chez papa, une semaine chez maman, d’avoir deux chambres, deux maisons. Par la loi de 2002, en cas de séparation, le juge aux affaires familiales fixe la résidence des enfants en alternance chez leur père et chez leur mère, en déterminant également la durée passée chez chaque parent, tout cela dans l’intérêt supérieur de l’enfant, afin de permettre à l’enfant de maintenir une relation équilibrée avec ses deux parents, mais également de mieux répartir l’autorité parentale entre le père et la mère. Les spécialistes ne s’accordent pas forcément sur cette généralisation de la garde alternée, souhaitant fixer un âge minimal qui ne perturbe pas le « schéma d’attachement de l’enfant ». D’autres avancent la « sacralisation du lien mère-enfant » pour expliquer le manque de généralisation de ce mode de garde. Avec la grogne des pères qui réclament « l’égalité parentale ». De quoi relancer le grand débat sur la famille.
Maria Mariana