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EURO - MEDITERRANEE

jeudi 10 février 2011, par Journal de la Corse

Quand les mafias profitent du désordre pour piller le patrimoine culturel des pays

Berlusconi tangue au bord du gouffre s’en prenant publiquement aux magistrats et aux journalistes qui ne sont pas à ses ordres. Le Mussolini d’opérette n’est pas loin du gouffre mais il tient encore malgré les scandales qui s’accumulent. Il se présente désormais comme l’ultime garant de l’unité italienne. Mais depuis plusieurs mois, il est accusé de favoriser le pillage des richesses naturelles par les mafias. Il a en effet fait voter une loi qui fragilise la conservation des biens transmis aux générations présentes par l’Italie antique et médiévale.

Une Italie livrée au désordre mafieux

Les artistes et les journalistes ont aujourd’hui le sentiment que, sous couvert de rigueur économique, le gouvernement, dirigé par le pitre tragique, en profite pour mener une croisade qui mène tout droit à la destruction de la pensée, à la mort de l’opinion publique. Le résultat évident est de livrer l’Italie aux mafias en tous genres. Ce pays qui est aussi un conservatoire historique de l’histoire occidentale, est dépecé par une sur-société constituée des couches les plus riches de l’Italie et des prédateurs mafieux. Ainsi une loi proposée par Berlusconi consisterait ni plus ni moins à amnistier les détenteurs de biens archéologiques illicitement obtenus. Les directeurs de musées et les défenseurs du patrimoine national ont aussitôt protesté. Le gouvernement a argumenté en prétendant que cela permettrait de « cataloguer les biens volés ». En fait, il s’agit de légaliser des décennies de vols de vestiges archéologiques et de permettre aux mafias spécialisées de persévérer dans leur pillage de richesses appartenant à l’histoire de l’humanité. En Italie, on désigne ces réseaux de voleurs internationaux les « archéomafia ». Leurs membres repèrent les pièces intéressantes dans les églises ou dans les fouilles, les dérobent et plus tard les revendent aux musées étrangers ou encore à de riches collectionneurs.

Les voleurs au pouvoir

Ce marché illégal de l’art se chiffre sur le marché mondial à des milliards de dollars. On pense par exemple, que profitant des émeutes égyptiennes, les archeo mafias, ont demandé à des réseaux locaux de piller les musées du Caire et que seule la mobilisation populaire qui, a formé une chaîne humaine, autour des musées, a permis d’éviter cette catastrophe. En Irak, lors de la chute de Saddam Hussein, ce sont des réseaux internationaux qui ont littéralement mis à sac les musées de Bagdad, dérobant des pièces remontant à la période babylonienne. En Italie, le gouvernement a proposé que quiconque possédait des biens archéologiques depuis une date ultérieure à fin 2009 pourrait les garder pendant 30 ans contre une petite somme reversée à l’Etat. Or, les conservateurs ont fait valoir que les archeo mafias n’ont jamais été aussi actives comme en témoigne la découverte de tunnels à Pompéi qui relient la cité du Vésuve à des maisons des membres de la Camorra au lieu archéologique. Ils ont également avancé qu’il serait impossible de dater l’achat des biens volés et qu’en conséquence cela revenait à rendre légal les méfaits futurs.

Réduire la culture italienne en cendres

L’offensive berlusconienne ne se limite pas à l’archéologie. Elle s’attaque également à l’un des fleurons historique de la culture ultralpine à savoir l’opéra. La loi Bondi prévoit en effet une réduction des subventions concernant le bel canto jugé trop cher. Les nouveaux contrats ont été bloqués pendant 3 ans, ce qui selon les directeurs artistiques revient à « tuer les corps de ballet ». La conséquence est que l’orchestre de La Scala, l’un des plus importants théâtres d’opéra du monde, a dû suspendre un certain nombre de représentations. La question qui taraude maintenant les Italiens soucieux de préserver l’image de leur pays sérieusement écornée par le pitre tragique est de déterminer la manière de le chasser. Or, la Tunisie, située de l’autre côté de la Méditerranée mais très proche de l’Italie, a montré la voie de la rue. Peut-être faudra-t-il en passer par là pour mettre hors d’état de nuire le Ben Ali péninsulaire.

GXC

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