La Communauté de communes du Sartenais-Valinco (CCSV), créée en 2006, regroupe 13 communes qui s’étendent sur 41.000 hectares, compte 9.217 habitants, emploie 35 personnes et fonctionne avec un budget de 3.5 millions d’euros. La CCSV, pour la Chambre régionale des comptes, se distingue surtout par des « comptes (qui) ne sont pas sincères », une « situation financière (qui) s’aggrave d’année en année » et « l’absence manifeste d’esprit communautaire ».
« Le rapport ne me surprend pas et au risque de surprendre, je l’approuve totalement, annonce d’emblée le président de la CCSV, Paul-Marie Bartoli, interrogé sur France 3 Corse Via Stella. J’y souscris au niveau de son constat et au niveau de ses préconisations. Je ne dis pas autre chose depuis deux et demi. La Communauté de communes du Sartenais- Valinco ne pouvait pas ne pas avoir ces difficultés, mais on ne m’a pas écouté. La Chambre a totalement raison, je m’évertue à dire depuis quatre ans et avec beaucoup plus de force depuis plus de deux ans et demi qu’il faut rationnaliser les choses ».
1 million d’euros de déficit
Alors pourquoi le président de cette intercommunalité a-t-il laissé la situation financière se dégrader à ce point ? Pourquoi n’a-t-il pas impulsé une stratégie d’aménagement du territoire entre les treize communes aux disparités flagrantes ? Pourquoi n’a-t-il pas initié un projet global de gestion de l’eau pour rééquilibrer les tarifs de l’eau potable ? Les critiques formulées par la Chambre régionale sur les comptes de la structure intercommunale sont sans appel. Ayant en charge les compétences de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des déchets, l’intercommunalité a dû prévoir des investissements structurants qui ont gravé sa trésorerie. Le budget général repose sur l’addition de trois budgets qui sont le budget principal et les budgets annexes de l’eau et de l’assainissement, et propose « une situation préoccupante ». Les premières difficultés sont apparues dès 2007, soit un an après le regroupement des communes des cantons d’Olmeto et de Sartène et le déficit s’élevait à un million d’euros en 2009. Ce trou dans la trésorerie compromet les travaux de la station d’épuration prévue à Capo Laurosu qui devaient commencer en 2010 pour une mise en service en juin 2012, opération pour laquelle la part contributive de l’intercommunalité s’élève à 5.063M€. La chambre, nonobstant la nécessité des équipements prévus, considère que la communauté n’est pas en mesure, en l’état actuel de ses finances, d’assumer la charge de cet équipement dont le financement ne peut être assuré que par l’emprunt ».
Absence de stratégie
« L’absence manifeste d’esprit communautaire a, du reste, très certainement contribué à différer le redressement des finances, pourtant nécessaires », estime la Chambre régionale des comptes qui critique l’absence de stratégie à l’origine même du regroupement des treize communes du Sartenais-Valinco. « La CCSV est davantage un assemblage de communes qu’une vraie communauté, dénoncent les magistrats régionaux. La CCSV ne s’est pas donné les moyens d’apporter une cohérence à son territoire et à son action. Ainsi, le projet global de développement du territoire est inexistant. Par ailleurs, le rapport d’activité de la communauté n’est pas rédigé, alors que son établissement et sa présentation donneraient l’opportunité de dégager la cohérence d’ensemble de l’action de l’organisme ». Et de rappeler que « le respect des obligations en matière d’information est en effet l’un des gages du bon fonctionnement d’une communauté de communes ». La Chambre estime que « la survie de la CCSV passe par des mesures drastiques de redressement financier » et préconise dans un premier temps le rétablissement de la sincérité des comptes et l’évaluation du déficit récurrent de ses trois budgets. Pour redresser la barre, le président de l’intercommunalité a notamment proposé que « tout le monde fasse un effort de sincérité qui passe d’abord et avant tout, comme l’ont fait Propriano, Viggianello, Olmeto et Belvédère-Campomoro, par une revalorisation des bases d’imposition à travers les commissions communales d’impôts directs ». Puis il a démissionné.
• M.K