Fukushima… Une catastrophe qui a ravivé le fantôme de Tchernobyl, dont les cicatrices sont loin d’être toutes pansées. Ses répercussions s’étendent à l’international, car chaque pays a diligenté des commissions et autres groupes d’enquête pour assurer que leurs centrales étaient sécurisées. Le confort électrique ne vient pas sans inconvénient, et les énergies nouvelles n’ont pas encore la capacité de satisfaire la demande, croissante, de la population. Un casse-tête énergétique qui continue à faire débat et à remettre en cause la notion même de progrès.
Nos centrales, c’est du béton ?
Il y a sur le territoire, 58 réacteurs répartis sur 19 centrales standardisées, qui sont construites pour fonctionner au moins 40 ans. Quid des autres risques ? Malgré ce que le lobby du nucléaire tente de nous faire croire, aucune installation nucléaire n’est à l’abri, tôt ou tard, d’une erreur humaine, d’un acte de malveillance, d’un événement climatique ou d’une défaillance technique. Le risque nucléaire reste réel, ne serait-ce qu’en cas d’attentat, et aussi parce que les centrales nucléaires vieillissent et que leurs matériaux s’usent, sans oublier les cas de conditions climatiques extrêmes telle que la canicule et les risques sismiques. Si ces menaces sont prises au sérieux, elles ne peuvent pas toutes êtres prévisibles ou totalement absorbées par des plans de sécurité : le risque zéro n’existe pas. En outre, la sécurité nucléaire doit être assurée dans les réacteurs, lors du retraitement, de la fabrication du combustible et des transports de matières nucléaires.
Déchets, le cauchemar du nucléaire
La France possède une usine de « retraitement » des déchets nucléaires, à la Hague (Manche). Une autre existe à Sellafield, en Grande-Bretagne. Ces usines sont les seules en Europe et quasiment les seules au monde. Ce traitement ne concerne que 20 à 30% des déchets radioactifs. Le reste… Autre casse-tête par rapport aux déchets de cette énergie : leur transport. Celui-ci se fait sous diverses formes et sous des modes de transport variés, sur des distances pouvant être importantes. Le 28 juin 2006 a été promulguée la loi programme « Gestion des matières et des déchets radioactifs », qui prend en compte la gestion de l’ensemble des matières et des déchets radioactifs en instituant un « Plan national de gestion » ; celui-ci comprend notamment le principe d’un stockage réversible des déchets à vie longue en couche géologique profonde, à l’horizon 2025, la mise en œuvre d’un réacteur permettant la transmutation des déchets en 2020 et la création ou la modification d’installations d’entreposage en fonction des besoins, avant 2015.
Réalité et sentiment
À la suite des événements du Japon, l’IRSN a établi un rapport sur les démarches mises en œuvre par les exploitants (EDF, ILL, AREVA, CEA) pour réaliser les évaluations complémentaires de sûreté « post-Fukushima » des installations nucléaires françaises, demandée par l’ASN et cohérentes avec les « stress test » décidés au niveau européen. Ces évaluations portent sur la robustesse des installations nucléaires face à des phénomènes naturels extrêmes (séisme, inondation) et à des pertes d’une ou plusieurs fonctions de sûreté. Selon ce rapport, « les démarches présentées par les exploitants sont globalement satisfaisantes, mais doivent être complétées sur certains points, concernant par exemple la prise en compte de l’environnement des installations (digues, installations avoisinantes, voies de communication…) ». Un baromètre de l’économie BVA-BFM- Challenges-Avanquest d’avril 2011 établit que les Français ne veulent pas une sortie du nucléaire à court terme, car s’il est vrai qu’ils s’inquiètent, se sentant mal informé (à 61 %), 80% anticipent que cette sortie se traduirait par une hausse des tarifs. Lorsque l’on sait que les populations restent traumatisées par les conséquences du nuage de Tchernobyl − celles-ci étant toujours en évaluation en Corse, où le dossier est loin d’être refermé −, on peut légitiment se demander pourquoi s’obstiner dans une politique d’antan qui avait misé sur le tout nucléaire ? Il y a certes des conséquences économiques, l’exemple de l’Allemagne obligée d’acheter de l’électricité et donc de creuser son déficit, en est une preuve. Mais le combustible des centrales, l’uranium, est importé à 100 %, en particulier du Niger, région pour le moins instable, menaçant donc l’approvisionnement. L’indépendance énergétique serait donc un mythe, nucléaire ou pas.
Maria Mariana