Accueil du site > Societe > Conseil municipal d’Ajaccio
 

Conseil municipal d’Ajaccio

mercredi 9 mars 2011, par Journal de la Corse

Débat d’orientations budgétaires

Satisfaction et désapprobation

Le débat d’orientations budgétaires est un exercice annuel aussi attendu que redouté. Pour l’opposition, c’est l’occasion d’exprimer une fois encore sa désapprobation quant à la gestion de la ville par la majorité. Pour Simon Renucci, ses adjoints et ses conseillers municipaux, il s’agit de défendre son bilan et de se congratuler pour les orientations choisies, les actions privilégiées et les projets aboutis.

Avec des finances publiques dégradées, un déficit public avoisinant les 9% du PIB, et donc une dette publique dépassant les 85%, la loi de programmation des finances publiques ne pouvait que prévoir le gel des dotations de l’Etat pour trois ans aux collectivités territoriales. Une mesure « injuste », estime l’adjoint aux finances, Charles Cervetti, et « dangereuse pour l’activité économique car les collectivités représentent plus de 70% de l’investissement public ». A cette restriction financière s’ajoute la réforme des collectivités qui entérine le non-cumul des subventions. « Ainsi, dans les futurs projets d’investissement à compter de 2012, la ville devra participer au moins à hauteur de 20% du montant total mais ne pourra pas compter, à quelques exceptions près, à un financement croisé Collectivité territoriale / Département », regrette Charles Cervetti. Six axes prioritaires L’environnement financier difficile a donc influencé les orientations budgétaires. Après un exposé analytique des contextes international, national et insulaire, Charles Cervetti a présenté très doctement la situation financière de la ville. Avec, selon les éléments apportés par l’adjoint, un autofinancement en progression, une augmentation des recettes de fonctionnement, une certaine maîtrise des dépenses et donc une épargne brute maintenue, la satisfaction est de rigueur. Surtout que l’endettement est en diminution pour s’établir à 66.889.240€, soit 1015€ par habitant. Un ratio « en deçà de la moyenne nationale », tient à souligner Charles Cervetti. Quant aux dépenses d’investissements, elles enregistrent une diminution en raison notamment des retards observés dans les procédures de passation des marchés. Les orientations budgétaires pour l’année 2011 ont été élaborées selon six axes prioritaires. En premier lieu, afin de ne pas accentuer les difficultés des foyers ajacciens, le taux de la fiscalité directe locale n’augmentera pas pour la huitième année consécutive. Le recours à l’emprunt sera limité à 6M€, les versements communautaires seront poursuivis, la maîtrise des dépenses de fonctionnement sera maintenue tandis que les dépenses de fonctionnement seront optimisées. Enfin, l’effort d’investissement continuera avec l’objectif d’utiliser au mieux les subventions disponibles et accordées. « Les orientations générales qui sont proposées prônent une maîtrise responsable et humaniste dans l’intérêt de tous les Ajacciens, ce dont témoigne une gestion rigoureuse et volontariste qui a permis le désendettement progressif et d’atteindre un niveau d’équipements sans précédent au cours de la dernière décennie », conclut Charles Cervetti.

« Largesses et errements »

Sur le banc de l’opposition, les visages expriment la désapprobation. Ils sont trois : Simone Guerrini, Fabrice Laudato et Laurent Marcangeli. Pour ce dernier, la satisfaction de la majorité est inopportune. « La situation financière de notre ville est préoccupante, juge-t-il. Si certains chiffres semblent aujourd’hui avoir repris de biens pâles couleurs, vos dix années de responsabilités ont obéré durablement les finances de notre ville ». Et Laurent Marcangeli s’est plongé dans les comptes pour étayer ses critiques. « Avec 51,4M€ destinés aux frais de personnel, soit 65,19 % des dépenses réelles de fonctionnement, vous avez démontré vos largesses, dénonce-t-il. Jamais la ville n’aura autant embauché et ce malgré la naissance de la CAPA pourtant destinée à mutualiser un certain nombre de services. Il y a dix ans, vous dénonciez le clientélisme de vos prédécesseurs et les Ajacciens vous avaient emboité le pas. Ce qui est dérangeant aujourd’hui, c’est que les pratiques d’hier m’évoquent davantage le travail d’un petit artisan alors que ce que je constate aujourd’hui m’apparaît comme l’œuvre d’un capitaine d’industrie ». Dans la salle de délibération, la tension devient palpable. Le maire multiplie les dénégations de la tête mais, a-t-il prévenu, il refuse d’intervenir pour alimenter ces attaques. Tout juste se plaît-il à rappeler que les interprétations chiffrées de l’opposition sont erronées. « Ce qui est difficile quand on est dans l’opposition, c’est qu’on ne connaît pas les chiffres, précise Simon Renucci. Je me sens responsable de votre ignorance ; pourtant je vous ai à plusieurs reprises invité à venir à la Capa pour savoir de quoi vous parlez ». Les orientations budgétaires seront soumises au vote le 14 mars.

M.K

Répondre à cet article